Transistor

Le jeu vidéo a toujours essayé de se rapprocher du réel au travers des graphismes, des physiques, du gameplay, d’un rattachement à des évènements réels, des personnages et du scénario. Des jeux comme Arma III poussent le réalisme très loin pour proposer aux joueurs une atmosphère qui offre le sentiment d’être sur un champ de bataille. Et si un jeu qui a lieu dans un futur proche et possédant des graphismes simples parvenait à vous faire éprouver une sensation de réalisme grâce à ses personnages et son histoire ? Plongée dans l’univers de Transistor, un de mes coups de cœur du moment.

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Développeur: SuperGiant Games
Date de sortie: 20 Mai 2014
Consoles: PC, Mac, IOS, PS4
Genre: RPG/Hack’n’Slash

Un rendu visuel soigné

Quand on lance un jeu, la première chose qui va nous marquer est son aspect visuel. Ici, l’équipe de SuperGiant Games s’est donné un maximum pour avoir un rendu de qualité, et cela se sent. Le jeu a un style qui rappelle un dessin animé, avec des dessins très simplistes et une palette de couleurs très vive. Ce jeu des couleurs est accentué par un contraste très prononcé. Transistor joue aussi avec la lumière ; l’histoire se passant de nuit, les lampadaires, lumières au sol et autres fenêtres surgissent de l’obscurité et donnent à Transistor un rendu très vif. Les animations sont fluides et remplies de détails, insufflant de la vie dans les personnages, et offrant un rendu dynamique lors des combats. La cerise sur un gâteau déjà bien rempli est le design des ennemis, des robots blancs et rouges, qui viennent ajouter une touche de couleur froide à l’ensemble. Cela ajoute une association d’idée très bien pensée entre robot et froideur, une froideur qui les rend instinctivement ennemis.

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Les décors sont très cartoon avec des lignes de contour noires et beaucoup de couleurs.

Vengeance, amour, philosophie et combat dans une ville utopique

Sur une terrasse, une femme aux cheveux rouges se réveille, muette, en face d’un homme qui a été tué par une immense épée bleue. Cette épée se met alors à parler et lui demande de la sortir de ce cadavre. Une fois hors des entrailles du malheureux, l’épée parle à cette femme avec ce qui semble être la voix, l’esprit et les souvenirs de l’homme qui vient de se faire tuer. Ces monologues laissent à penser que les deux personnages étaient proches, et ils indiquent le nom de l’héroïne, Red. L’arme met alors Red en garde contre les Camerata, une organisation qui veut changer la ville en une cité « idéale » qui plaira uniquement aux riches. Ils sont aussi responsables de la disparition de la voix de Red, ainsi que du meurtre de cet inconnu qui parle au travers de l’épée.
L’histoire se dévoile alors peu à peu, les informations sur la ville et les personnages ainsi que les motivations des méchants sont révélées au compte-goutte au fil du jeu. Tout se passe donc dans Cloudbank, une ville futuriste colorée dans laquelle Red, l’héroïne, est une chanteuse très réputée. Pour une raison encore inconnue, les Camerata l’ont prise pour cible et l’ont privée de sa voix. Red part alors à la recherche des membres influents parmi les Camerata dans l’espoir de retrouver sa voix et de venger la mort de cet inconnu qui lui parle au travers de l’épée.
Au travers des nombreux monologues de l’épée, ainsi que des terminaux qui donnent accès aux nouvelles, Red découvre peu à peu qui sont les Camerata et ce qu’ils cherchent à obtenir : les Camerata utilisent des machines, appelées le Process, pour rendre la ville meilleure, et l’épée que Red transporte et qui lui parle se nomme le Transistor. Elle semble être un élément clé de tous les problèmes face au Process, qui s’avère être incontrôlable et qui met la ville à feu et à sang. Dévoiler plus gâcherait la découverte, mais sachez que le jeu à beaucoup à offrir, bien que la fin ait déçu nombre de joueurs.
Côté narration, la majorité de l’histoire est narrée par le Transistor, qui parle constamment à Red de tout, mais aussi de rien : il parle un temps des Camerata, puis de pizza, et enchaîne sur sa relation avec Red. Les monologues du Transistor maintiennent le joueur en haleine et, au fur et à mesure que le Transistor parle, le joueur se demande ce qu’il va découvrir, quels aspects de la ville on lui cache, pourquoi il fait ça, comment retrouver la voix de Red, et, finalement, qui parle dans cette épée. Le Transistor fait avancer l’intrigue d’une manière originale et sans jamais interrompre le gameplay avec des cutscenes, ce qui rend le jeu très immersif.

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Une des très rares cinématiques: la mort de l’inconnu.

Arrêt sur image

Le gameplay est aussi un point qui sépare Transistor de la plupart des autres jeux, car il possède 2 éléments de gameplay originaux et très bien exploités : la possibilité de personnaliser ses attaques et l’option d’arrêter le temps en plein combat pour planifier ses coups.
Ici, on se bat avec une immense épée qui possède 4 attaques différentes et personnalisables. En plus de ces 4 attaques, on récupère des upgrades que l’on peut équiper pour augmenter la puissance, la portée, et l’effet des coups. Ces upgrades, qui portent toutes un nom de fonctions en informatique, caractérisées par deux parenthèses, comme dans « get() » et « attract() », ont 4 utilisations différentes :

  • La première permet de les équiper en tant qu’effet passif.
  • La deuxième, sert à en faire une attaque.
  • La troisième possibilité est celle d’attacher jusqu’à deux fonctions sur une attaque afin de lui donner des effets supplémentaires.
  • La dernière utilité de ces fonctions, c’est de les équiper en tant que Limiters, qui vont octroyer un malus à vos actions au profit d’un level-up plus rapide.

Il est donc intéressant de combiner toutes ces fonctions et de voir le résultat, de jouer le savant fou afin de créer des combos originaux et propres à son style de jeu.
La deuxième particularité de ce jeu est le fait d’avoir le choix de son style de combat. Soit on se bat normalement, en temps réel, d’une façon similaire à Diablo, soit on arrête le temps. La possibilité d’arrêter le temps, appelée ici Turn(), permet de planifier des attaques et les exécuter à la suite. L’arrêt du temps est une mécanique fortement utile pour s’en sortir face à beaucoup d’ennemis, mais un problème s’impose alors : une fois qu’on a lancé un enchainement, on ne peut plus attaquer pendant plusieurs secondes. Quelques secondes peuvent paraitre comme étant un court laps de temps, mais dans un jeu de combat, 5 secondes semblent être une éternité durant laquelle on se retrouve à la merci des ennemis. Il faut donc gérer ce pouvoir, sous peine de se faire massacrer après son utilisation.

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Des combats dynamiques et faisant ressentir la puissance des coups.

Une voix féérique

Sachant que l’héroïne est une chanteuse de renom dans son univers, on peut s’attendre à une bande-son de qualité. Et Transistor ne faillit pas à Red. L’OST, mélangeant sons acoustiques et électroniques, parvient à donner de l’ampleur aux différents évènements qui viennent marquer le joueur. De plus, Darren Korb, le compositeur pour tout le jeu, a eu l’audace d’y ajouter – pour certains morceaux – des paroles chantées par l’actrice qui donne sa voix à Red. Tout cela nous offre bande-son d’excellente facture de la première à la dernière seconde de jeu.
Une chose à noter également est la qualité des doubleurs, notamment celui qui double le Transistor. Il parvient à envouter le joueur de sa voix suave, et joue très bien la désorientation ou encore l’hésitation, ce qui a pour effet donner vie à l’épée, une prouesse qui mérite d’être saluée.

Quelques défauts à prendre en compte

Le défaut principal du jeu est sans équivoque sa durée de vie par rapport à son prix. Transistor coûte en effet 20 francs et offre une expérience de jeu d’une dizaine d’heures, même en finissant tous les défis et quêtes annexes. De plus, le jeu n’offre pas une rejouabilité digne de ce nom, car c’est la narration qui donne sa saveur à l’expérience, et par conséquent rejouer enlève ce plaisir de la découverte. Le jeu devient alors fade et inintéressant.
Un autre souci est la courbe de difficulté. Loin d’être régulière et parallèle avec la progression du joueur, elle est exponentielle. Elle a pour effet de rendre le jeu trop dur sur la fin, et la rejouabilité d’autant plus indigeste, parce que lors du deuxième playthrough la difficulté n’est pas remise à zéro. Certes le joueur a toujours ses upgrades lorsqu’il recommence, mais la difficulté est la même qu’en fin de jeu, et continue de croitre démesurément.
Enfin, un problème se pose au sujet de l’OST, car la musique de combat n’est pas la même en temps réel que durant l’utilisation du Turn(). En fait, la musique des combats est fredonnée pendant que le temps est figé, au lieu de rester comme elle est en temps réel. En arrêtant le temps, le joueur manque du coup une grande partie de la bande originale, ce qui est considéré comme du gâchis par une grande partie de la communauté.

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Parfois il y a trop d’ennemis pour s’en sortir sans tracas.

Un jeu au service d’une narration réaliste et émouvante

Musique, graphismes et histoire sont au service des sentiments dans Transistor. Entre des combats aux musiques épiques, des scènes de repos où Red mange une pizza pendant que son épée fait ressurgir des souvenirs de leur vie commune, en passant par des méchants ambigus, victimes de leur propre idée, le jeu sait soulever des questions et faire ressentir au joueur toutes les émotions des divers personnages, et chaque personne que le joueur est amené à rencontrer apporte son lot de surprise et son bagage de sentiments. Amitiés déchirées, amour, rivalité technologique et scénario catastrophe tourbillonnent ensemble et son intimement liés, créant un jeu profond et complexe. Si vous êtes donc à la recherche d’un RPG indé innovant, soigné, intelligent, touchant et poétique, avec des personnages attachants d’une grande profondeur de caractère, Transistor est fait pour vous.

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Red et le Process incontrôlable, wallpaper fourni par SuperGiant Games aux joueurs.

Pours et contres

+ Des graphismes soignés  Une durée de vie minime par rapport au prix
+ Des animations de qualité rendant le jeu détaillé et dynamique  Peu de rejouabilité
+ Une bande-son de qualité qui sait donner de l’ampleur aux évènements du jeu  L’OST est cachée quand le Turn() est utilisé
+ Un gameplay original qui permet d’arrêter le temps pour planifier ses actions   Les combats en temps réel n’ont pratiquement jamais lieu à cause de la difficulté du jeu
+ Des éléments RPG et une personnalisation très poussée   Une difficulté mal dosée et exponentielle
+ Une histoire et des personnages qui savent émouvoir

Ante

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