Jeux d’antan #2 : Les années 70’

Chers amis, je me réjouis de vous retrouver aujourd’hui pour parler d’une époque qui a vu le jeu vidéo exploser ! Endossez votre vieille veste en jeans et chaussez vos Santiags, ce sont les années 1970 qui seront à l’honneur dans ce nouvel épisode. Et celui-ci sera assez dense, vous vous en doutez. Effectivement, c’est à cette époque bénie des jeux vidéo que bon nombre d’avancées technologiques ont permis son expansion ; de la fameuse borne d’arcade aux consoles de salons. C’est durant cet âge d’or que la commercialisation du jeu vidéo a également pris son essor et envahi les marchés. Mais trêve de bavardages, lançons-nous dans le vif du sujet !

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Et les pixels furent

En la magnifique année 1971 (en vrai j’en sais rien, j’y étais pas) aux États-Unis, Ted Dabney et Nolan Bushnell, pionnier en devenir, imaginent une variante de Spacewar appelée « Computer Space ». Nutting Associates, société de fabrication, décide alors de racheter ce nouveau jeu et d’engager Bushnell afin de concevoir environ 1500 machines dédiées à celui-ci ; et « insérez une onomatopée », les premières bornes d’arcade fabriquées en série naissent ! Malheureusement, l’accueil commercial et critique n’est pas au rendez-vous car la difficulté de Computer Space est, semblerait-il, trop élevée. Mais cela ne stoppera pas Nolan Bushnell, loin de là ! Effectivement, il créera l’entreprise Atari l’année suivante (rien que ça), et un jeune ingénieur nommé Allan Alcorn se joindra alors à lui et programmera sous sa supervision un fameux jeu connu de tous… « Pong » ! (La voilà votre onomatopée.)

Et c’est là que les bornes d’arcades se populariseront réellement, Pong fera vendre à lui tout seul 19’000 machines réparties dans différentes salles de jeux aux côtés des flippers ; le seul inconvénient étant qu’il est obligatoire d’être deux pour pouvoir y jouer. Lors de cette même année 1972, on verra également apparaître pour la première fois dans le commerce une véritable console de jeu : l’ « Odyssey » produite par Magnavox. Celle-ci est bien évidemment basée sur les travaux de notre bon vieux Édouard Ralph Baer dont Magnavox possède les droits. C’est sur cette base que l’entreprise menacera alors Atari de poursuites, jugeant que leurs bornes d’arcade pour pongistes sont en réalités un plagiat des travaux du créateur de la Brown Box qui avait breveté la marque d’un projet nommé Ping-Pong. (Je ne vois toujours pas comment ils ont fait le rapprochement…)

À la suite de ces menaces, Atari consent à conclure un accord avec Magnavox : Bushnell leur fera alors un paiement de 700’000 dollars afin de régulariser l’exploitation de Pong. En prenant en compte qu’Atari réalisera un chiffre d’affaire dépassant les quarante millions de dollars dans les années suivant la commercialisation de son jeu, on peut en toute sécurité en déduire qu’il s’agissait là d’une affaire en or (massif).

Avec le succès de Pong, beaucoup d’autres entreprises, notamment Midway, inondèrent le public de jeux similaires durant la première moitié des années 70’. C’est alors sans surprise qu’en 1974 le marché s’effondre dû à une offre trop importante. Beaucoup de firmes sombrèrent dans les méandres de l’oubli vidéo-ludique, mais Midway ainsi qu’Atari restèrent fructueux en proposant de nouveaux genres ; des jeux de course, de bagarre et de tir. Certains de ces jeux furent à l’origine développés par la Taito Trading Company et vendus aux États-Unis sous licence. On reparlera de cette firme japonaise plus tard, vous verrez pourquoi.

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Les années 70’ donnent aussi la possibilité aux jeux commercialisés sur ordinateurs de faire leur apparition. Or à l’époque on ne pouvait simplement acheter une édition « méga collector deluxe remastered 2.0 » et l’installer sobrement sur son PC. Effectivement, on achetait le jeu sous forme papier, puis il fallait alors recopier entièrement le code inhérent au jeu désiré sur sa machine. Je vous laisse imaginer ce que cela donnerait aujourd’hui avec un opus comme « Witcher 3 », s’il fallait en recopier chaque ligne de code (It’s over one million !). Une autre manière de se procurer le jeu consistait à acheter des disquettes avec le code pré-écrit dessus, cependant, celles-ci faisaient partie du marché noir puisque les éditeurs n’en vendaient pas. C’était alors les joueurs eux-mêmes qui les faisaient.

Après cette légère digression sur la « PC master race », revenons-en aux traditionnelles consoles de salon. En 1977, Atari emboîte le pas à Magnavox en sortant sa propre console au nom très original : la « Video Computer System ». Elle est aujourd’hui mieux connue sous son nom donné à postériori, l’ « Atari 2600 ». Cette console aura un succès phénoménal avec environ trente millions d’unités vendue. Cette réussite sera à l’origine de l’explosion du marché de masse pour le jeu vidéo, et de surcroît, la production du boîtier perdurera jusqu’en 1991, soit pendant quatorze ans ! Un record encore inégalé aujourd’hui. Environ 900 jeux sortiront sur Atari 2600 ; néanmoins, elle n’échappa pas à une polémique concernant les rémunérations et la reconnaissance que la firme américaine attribuait à ses programmeurs. En effet, les développeurs de l’époque gagnaient des sommes ridicules par rapport aux succès parfois engendrés par leurs créations. Par exemple Rick Mauer, adaptateur de « Space Invaders » sur console, ne reçut que 11’000$ pour l’entier de sa contribution alors que le fameux jeu avait rapporté environ dix mille fois plus à Atari. Comme quoi, l’arnaque dans cette industrie existait bien avant les agréables « Season Pass » et autres DLC. De plus, les noms des collaborateurs impliqués dans la conception des jeux n’étaient ni présents sur les boîtes, ni dans les jeux en eux-mêmes. Cela provoquera d’ailleurs l’apparition du tout premier « easter egg » vidéo-ludique dans le jeu « Adventure », créé par Warren Pomod’doush Robinett. Effectivement, celui-ci intégrera son nom dans une pièce cachée découvrable durant l’aventure.

Borne to be alive

En 1978, on entend parler pour la première fois de Nintendo en Europe et aux États-Unis grâce à « Othello », sa borne d’arcade basée sur le jeu du même nom. La firme nippone existe alors depuis cinq ans et s’exporte finalement avec ce jeu de réflexion constitué de pièces blanches ou noires. C’est également cette année-là que Taito, compagnie également japonaise, commercialise Space Invaders, le fameux « shoot them up » mettant en scène une invasion extraterrestre pixellisée. À noter que la Taito Trading Company a largement contribué à l’essor américano-européen ainsi qu’à l’exportation des jeux vidéo, puisque nombre de ses propres productions furent adaptées ou commercialisées sous licence pour le public caucasien et obtinrent un accueil plus que respectable.

C’est avec ce véritable coup d’éclat de la firme nippone que démarre une époque appelée communément l’âge d’or du jeu d’arcade. Effectivement, beaucoup de bornes sorties entre 1978 et 1983 sont rentrées de plain-pied dans la culture populaire, et il va sans dire que la simple évocation de « Pac-Man » ou « Donkey Kong » ne pourront contredire ce fait (en effet, il est probable que même votre grand-mère connaisse le boulimique jaunâtre). Vous l’imaginez, je pourrais m’étendre durant des lustres sur l’histoire de ces bornes d’arcades tellement cette époque fut dense en nouveautés et prouesses technologiques, mais il me faudrait alors restreindre cette chronique aux seules machines de salle de jeux. Cependant, je ne voudrais pas vous laisser sur votre faim (c’est mauvais pour le business, il paraît), c’est pourquoi je vous propose un rapide tour d’horizon avec cinq jeux d’arcade mythiques (les tops sont apparemment à la mode aussi…).

TwinGalaxies
Rassemblement devant la célèbre salle d’arcade Twin Galaxies (2014)

Attention : Ceci est une liste non-exhaustive, non-ordonnée et purement subjective. Pour toute remarque, plainte, remerciement ou cadeaux (onéreux de préférence), contactez le département média de Pixels.

 

Space Invaders (1978) – TaitoSI

  • Genre : Shoot Them Up
  • Gameplay : Le joueur contrôle un canon au bas de l’écran qui doit détruire le plus d’aliens possible. Ceux-ci descendent en cadence en faisant des mouvements de gauche à droite. Il n’existe pas de fin à proprement parler, mais le game over survient lorsque les aliens atteignent le bas de l’écran ou détruisent notre canon avec leurs propres tirs. Il est possible de s’en protéger grâce à des remparts présents devant nous.
  • Innovations/récompenses : « Meilleur jeu d’arcade » (Guiness World Records), « jeu le plus influent de tous les temps » (The Times), « Jeu de l’année » (1st Arcade Awards).

 

Centipede (1980) – Atari

  • Genre : Shoot Them Up
  • Gameplay : Le joueur contrôle une sorte de « gnome » au bas Centide l’écran qui tire sur des mille pattes. Ceux-ci descendent vers nous dans un champ de champignons et sont composés de nombreuses petites parties et d’une tête. Si le joueur tire sur ladite tête, elle disparaît et le « bloc » d’après prend sa place. En revanche, s’il atteint le corps du mille pattes, celui-ci se divise en deux et il doit alors en affronter deux à la fois et ainsi de suite. D’autres ennemis représentent également une menace, comme des araignées, des scorpions ou encore des puces. Le game over survient lorsque le joueur est touché trop souvent par ces ennemis.
  • Innovations/récompenses : Un des premiers jeux à avoir été compétitivement joué. Son adaptation sur console sera nommée « Meilleur jeu d’action » (5th Arcade Awards) en 1984.

 

Pac Man (1980) – Namco

  • Genre : LabyrinthePM
  • Gameplay : Le joueur contrôle un personnage sphérique jaune qui pour compléter un tableau doit le parcourir en mangeant toutes les petites billes s’y trouvant. Il existe aussi des bonus disséminés dans celui-ci permettant de rendre les ennemis, des fantômes, vulnérables à notre personnage. Le game over survient lorsque les fantômes réussissent à nous coincer et à nous toucher trop souvent avant la complétion d’un tableau.
  • Innovations/récompenses : Premier jeu labyrinthique et inspiration pour de nombreux développeurs, le level-design de nombreux jeux ayant été imaginé à partir de Pac-Man (Doom, Wolfenstein 3D). Il serait aussi à l’origine de l’apparition de bonus dans le monde vidéo-ludique. Titre de « Meilleur jeu d’arcade commercial » (2ndArcade Awards) en 1981.

 

Donkey Kong (1981) – Nintendo

  • Genre : Plates-formesDK
  • Gameplay : Le joueur contrôle Jumpman (plus tard renommé Mario) qui doit monter des échelles et éviter des tonneaux lancés par l’antagoniste de ce jeu : Donkey Kong. Il doit également éviter des boules de feu au comportement erratique. Un tableau est terminé lorsqu’il arrive à rejoindre la princesse Pauline en haut de l’écran et un marteau est parfois à sa disposition pour exploser les tonneaux et donc passer plus facilement. Le game over survient lorsque Jumpman subit trop souvent des dommages causés par les tonneaux ou les boules de feu.
  • Innovations/récompenses : Un des premiers jeux de plates-formes, et le premier disposant de l’action « sauter ». Également précurseur des jeux avec une réelle histoire, celle-ci étant visuelle puisque l’on voit Donkey Kong enlever la princesse au début du tableau. Titre de « Meilleur jeu vidéo solitaire » (4th Arcade Awards).

 

BurgerTime (1982) – Data East

  • Genre : Plates-formesBT
  • Gameplay : Le joueur contrôle Peter Pepper, un chef de cuisine, qui doit parcourir le tableau et marcher sur différents ingrédients pour les faire tomber sur des assiettes et ainsi former un burger. Des ennemis qu’il faut éviter parcourent également le tableau et tentent de nous piéger. Le joueur a la possibilité d’étourdir les ennemis pour les rendre inoffensifs pour un court laps de temps. Le game over survient lorsque l’on est touché trop souvent par les antagonistes.
  • Innovations/récompenses : Certificat de mérite dans la catégorie « Jeu vidéo de l’année 1984 (ROM de moins de 16K) » (5th Arcade Awards).

…Et bien voilà, nous y sommes ! Je ne vous ai pas menti lorsque je vous parlais d’un épisode conséquent de cette chronique. Cette période du jeu vidéo est si dense, que je ne peux être exhaustif sans vous surcharger d’informations. Comprenez bien que je n’ai pu vous parler de tous les événements ayant façonné le monde du jeu vidéo durant les années 70’, mais que j’ai tâché de vous donner une appréciation globale de la situation de l’époque. Je me permets d’ailleurs une dernière digression qui vous permettra peut-être d’apprécier plus avant l’ambiance inhérente au monde de l’arcade en vous conseillant un excellent documentaire : « King Of Kong ». Mais en ce qui nous concerne, dans la suite de cette chronique nous aborderons les années… (Quel suspense)… 80’ ! Vous le savez probablement déjà, ces années-là comportent également de nombreux événements marquants…

InterroCube

Syskel

 

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