Mass Effect

Si vous avez eu l’occasion, ou la malchance, de discuter avec moi de n’importe quel thème ayant de près ou de loin un rapport avec le jeu vidéo, il y a d’énormes chances que deux mots bien précis soient sortis de ma bouche : Mass Effect. Cette série a en effet laissé une marque indélébile dans ma vie de joueur, qui, enfant, rêvait d’une galaxie lointaine, très lointaine. Plongeons-nous, si vous le voulez bien, dans un des meilleurs univers de science-fiction jamais créés. 

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La menace fantôme

Tout d’abord, pour ceux ne connaissant pas l’œuvre de Bioware, petit résumé : Mass Effect est une trilogie de jeux de rôle/action dans laquelle on incarne Shepard (un homme ou une femme, c’est nous qui choisissons), remarquable soldat humain qui va devoir sauver la galaxie tout entière d’une menace sortie de nulle part : les Moissonneurs. La galaxie ! Oui car l’humanité a découvert qu’elle n’était pas seule en 2157, lors de la Guerre du Premier Contact (tout est dans le nom). Elle essayera au fil des années de se faire une place parmi les nombreuses races extraterrestres existantes, qui pour la plupart nous voient comme des êtres envahissants, impatients et un peu trop enclins à régler les problèmes par la gâchette. Vous devrez néanmoins au fil de vos aventures rassembler une équipe pour vous accompagner dans les différents systèmes de la Voie Lactée. Voilà pour la version courte, car l’univers de Mass Effect est foisonnant et très étendu.

Thanos, un des nombreux exemples de personnages qui pètent la classe
Thanos, un des nombreux exemples de personnages qui pètent la classe.

Intéressons-nous tout de même de plus près à cet univers. J’aime voir la science-fiction comme un moyen de souligner les tares de notre société en les transférant dans un monde qui n’est pas le nôtre mais qui est rongé par les mêmes fléaux. Dans mon petit résumé quelques lignes plus haut, j’ai exposé l’image que l’humain avait auprès des autres races. Vous voilà en effet victime de racisme à une échelle encore plus grande que celle de notre belle planète bleue. Ainsi, Bioware aborde un nombre incroyable de thèmes (génocide, fanatisme, esclavage, etc.) et les insert parfaitement dans son univers pour lui apporter une profondeur incroyable. J’en veux pour preuve tout le débat politique, historique, moral et idéologique autour du  »génophage » Krogan (une race  s’étant faite stérilisée par les Turiens et Galariens, car jugée trop belliqueuse, pour réduire leur expansion démographique) et ce durant les trois jeux entiers. Tous ces problèmes prennent place dans un système très intelligemment pensé. En écho à ce bon vieux Conseil de Sécurité de l’ONU, Shepard affrontera souvent le frustrante inaction politique du Conseil de la Citadelle, réunissant un représentant de chaque race dite ‘’du Conseil’’ : les Turiens, les Asaris, les Galariens, et, plus tard, les Humains. Ce sont ces derniers qui essayent de coordonner la vie entre les races peuplant la galaxie et qui ne manqueront pas de donner leur approbation ou réprobation au moindre de vos actes. Ah, et, évidemment, ils ne vont pas vous croire quand vous tenterez tant bien que mal de les avertir de la menace des Moissonneurs. Ben oui, c’est bien connu : les humains, ça raconte n’importe quoi pour se rendre intéressants. Et bon, Moissonneurs, on dirait un nom de tracteurs.

Vers l’infini et au-delà

Le spectre social de Mass Effect ne se limite cependant pas aux seules races du Conseil. Lors de vos innombrables voyages, vous visitez des planètes et autres curiosités toutes plus exotiques les unes que les autres. Avec à chaque fois des situations et enjeux différents qui se présentent à vous. Si vous connaissez un peu Bioware, vous devez d’ailleurs vous douter que votre aventure vous demandera de prendre énormément de décisions qui influeront sur le reste de l’histoire. Malheureusement, ces choix vous seront souvent présentés de manière manichéenne : le choix en bleu, c’est pour les gentils, et le rouge, c’est pour les méchants. Le grand nombre de choix cornéliens offerts permettent vraiment l’immersion et l’implication du joueur. D’autant que si certaines décisions sont ou semblent anodines, d’autres ont vraiment un impact sur toute la trilogie. En effet les choix faits dans la première itération se répercutent sur les deuxièmes et troisièmes, et ainsi de suite. Je tiens à souligner à ce propos que pour vivre l’expérience Mass Effect la plus totale et la plus épique, il est impératif de faire les trois jeux dans l’ordre. Pas comme un de mes chers amis, qui a adoré mais uniquement joué au troisième et dernier opus. C’est comme manger un Cornetto en commençant par le bas : c’est bon, mais vous en avez plein les doigts et en plus vous avez l’air parfaitement stupide !

Le premier contact avec les Moissonneurs, un grand moment
Le premier contact avec les Moissonneurs, un grand moment.

Le scénario écrit par les canadiens de Bioware est d’ailleurs un des meilleurs atouts de la trilogie. Tout d’abord, les tragédies et histoires secondaires qui peuplent cet univers le rendent cohérent et passionnant. C’est d’ailleurs du côté des quêtes secondaires que l’on va trouver les thèmes les plus propices à l’interprétation et au débat. L’histoire principale est, quant à elle, extrêmement bien ficelée, mêlant une mystérieuse race extraterrestre éteinte depuis des millions d’années, la menace obscure tout autant mystérieuse des Moissonneurs ainsi qu’une réflexion sur l’asservissement des êtres organiques par les synthétiques qu’ils ont eux-mêmes créé. Toutefois, si ce scénario principal est dans l’ensemble très bon, sa segmentation est qualitativement inégalement répartie entre les trois jeux, surtout dans son rapport avec la partie jouée (quand vous n’êtes pas juste affalés sur votre canapé à regarder une cinématique). En effet, Mass Effect premier du nom se sert du scénario pour vous fixer des objectifs et vous présenter des situations diverses, tout en dévoilant petit à petit et astucieusement la véritable menace qui pèse sur la galaxie, qui ne se révèle finalement vraiment qu’à la toute fin. Les deux opus suivants reposent malheureusement sur le même schéma : aller quelque part, recruter  »quelqu’un » (un personnage pour construire votre équipe dans Mass Effect 2,  obtenir le soutien d’une race alien pour se liguer contre les Moissoneurs dans Mass Effect 3) et repartir. Ne vous inquiétez pas, si ça semble ennuyeux écrit comme ça, force est de constater que c’est très efficace la première fois que l’on parcourt l’aventure ; ce que vous avez lu n’est en effet que l’expérience d’un joueur qui a terminé trois fois la trilogie et qui trouve encore et toujours le premier scénaristiquement bien plus prenant et intelligent. Petite mention à toutes les inspirations, notamment cinématographiques, que contient le jeu : des « obvious » Alien et 2001 : L’odyssée de l’espace en passant par Apocalypse Now et Matrix. Ces clins d’oeil  témoignent de l’amour des développeurs pour l’univers qu’ils ont créé.

La faute à la manette

Du côté gameplay, ce n’est ici pas le but de détailler le fonctionnement du jeu. Il y a foison de tests sur le net pour vous et je dois me dépêcher car mes röstis à la bernoise sont bientôt prêts. Mais il n’est quand-même pas dénué de sens de vous parler des choses basiques avant de poser vos paluches sur votre clavier, ou manette, c’est selon. Nous avons donc à faire à des jeux en vue à la troisième personne. Vous choisissez pour chaque mission deux coéquipiers sur une palette d’une petite dizaine aux capacités différentes, et auxquels il vous est possible de donner des ordres une fois au cœur de l’action. La composante jeu de rôle consiste surtout à gérer vos compétences que vous débloquez et développez pour chaque personnage, ainsi que les armes et armures. Cette composante est plus présente dans le premier opus et diminuera quelque peu dans les épisodes suivants, sans que cela ne porte préjudice au fun.

masseffect-2016-04-03-20-56-58-43D’ailleurs, là ou Mass Effect premier du nom excelle dans l’écriture par rapport à ses petits frères, ceux-ci sont, logiquement, plus agréables à jouer. Shepard devient en effet de plus en plus habile et souple, et ce n’est pas pour nous déplaire. Je ne peux d’ailleurs pas m’arrêter avec cette section sans parler du fameux Mako, véhicule tout-terrain du premier opus : lorsqu’il s’agit de se poser sur une planète pour une mission secondaire, on ne vous envoie pas directement dans le complexe scientifique où vous allez dessouder du méchant. À la place on a le plaisir de crapahuter dans les environnements souvent assez riches en reliefs avec un moyen de locomotion qui n’a été dépassé dans l’incohérence physique qu’en 2011, année marquant la sortie de Skyrim et de son étonnant cheval. Ces phases en véhicule ont été retirées par la suite à ma plus grande tristesse mais pour la joie de nombre de nos confrères joueurs. Toutefois, le Mako a été annoncé de retour avec Mass Effect Andromeda et j’espère pouvoir encore apprécier de grands moments de haute voltige sur fond de Wolfgang Amadeus Mozart (effet garanti !).

What a wonderful world

Avant de finir, je souhaiterais mentionner le travail artistique qui a été réalisé par les artistes de chez Bioware. L’univers proposé est visuellement incroyable. Que ce soit la citadelle et sa première apparition magistrale qui restera gravée à jamais dans ma mémoire, le design des Moissoneurs, la flotte Quarienne et d’autres exemples encore, Mass Effect développe son univers bien à lui à travers des images fortes et démesurées qui frappent à chaque fois. Si j’ai affirmé en préambule que je le considérais comme l’un des meilleurs univers de science-fiction, il le doit beaucoup à cela.

La Flotte Nomade des Quariens
La Flotte Nomade des Quariens – (Traduction : « Après le temps de la dérive au sein des étoiles ouvertes, le long des marées de lumière et au travers des bancs de poussière, je reviendrai là où j’ai commencé »)

Conclusion

J’aurais encore énormément de choses à dire sur Mass Effect. Je ne suis même pas sûr d’avoir réussi à rendre honneur à cette excellente série qui a fait passer à une vitesse inquiétante nombre de soirées de jeu en solitaire. Je pourrais m’étendre encore et encore sur chaque petite quête secondaire, personnage ou encore lieu marquant mais ce serait peine perdue, tant les trois produits de Bioware en contiennent. Finalement, s’il y a bien un bon conseil que je puisse vous donner, ce serait de tout simplement vous procurer la trilogie et d’y jouer. Et pour ceux qui connaissent déjà par coeur l’épopée du Commandant Shepard, la seule solution est de vous morfondre dans l’attente de Mass Effect Andromeda et de vous accrocher à l’espoir que l’on y vive de grands moments avec les dignes héritiers de Garrus Vakarian  et Liara T’Soni (if you know what I mean…). Keelah Se’lai.

fcbat

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