Pokémon Cristal

Troisième version de la deuxième génération, Pokémon Cristal (ou Kristall pour les intimes) a apporté en 2000-1, suivant les contrées, son lot de nouveautés vis-à-vis de ses deux compères les versions Or et Argent, et a posé certaines bases de ce que seront plus tard les jeux Pokémon. Une réédition au début de cette année sur la console virtuelle de la Nintendo 3DS nous permet de re/découvrir cet opus souvent encensé par les fans, avec seulement quelques minimes mais néanmoins agréables modifications.

Développeur : Game Freak
Date de sortie : 2000-1, 26 janvier 2018 (VC)
Consoles : Game Boy Color, Nintendo 3DS (Virtual Console)
Genre : j-rpg, aventure

La deuxième génération – Pourrais-je parler à Monsieur Leblanc, juste une fois ?

Pour bien parler de Pokémon Cristal, il faut d’abord citer ses prédécesseurs, Pokémon Or et Argent, sortis plusieurs mois auparavant. Ces derniers, outre la centaine de nouveaux Pokémon qu’ils contiennent, apportent des améliorations non-négligeables qui vont perdurer tout au long de la saga : par exemple, le passage à la couleur a permis l’instauration du système de « Pokémon chromatiques », des Pokémon d’une couleur alternative, beaucoup plus rares que leur version normale. Un de ces Pokémon chromatiques a d’ailleurs été mis en scène dans la trame narrative de cette génération, et ce n’est pas un petit Magicarpe tout nul, promis !

De plus, les Pokémon (du moins certains – n’en déplaise aux études de genre) sont dorénavant dotés d’un sexe, ce qui permet, ô joie perverse, de les faire se reproduire afin d’obtenir, éventuellement, un Pokémon ayant de meilleures dispositions envers certaines statistiques. Cette nouvelle mécanique a été par la suite perfectionnée, et est à la base de l’aspect compétitif des jeux Pokémon depuis plusieurs générations. Dans la même veine, il est dorénavant possible de faire tenir un objet à chacun de ses Pokémon et de trouver des baies ayant différents effets, ce qui ajoute un intérêt à revenir sur ses pas chaque jour afin de récolter lesdites baies.

« Chaque jour », littéralement, car une autre nouveauté particulièrement importante est l’ajout d’une horloge interne : votre expérience de jeu sera influencée par l’heure à laquelle vous jouez, le jeu disposant non seulement d’un cycle jour-nuit, mais aussi d’un cycle hebdomadaire ! Malheureusement, ce système peut entraîner certaines déceptions : quelques événements n’étant disponibles qu’à une heure précise d’un jour précis, il est possible de complètement passer à côté de certains Pokémon simplement parce qu’on n’a pas le temps de jouer au bon moment.

Et puis, il y a le téléphone. Le héros ayant soudain accès à une technologie avancée, capable de détruire le monde et de transmettre ses informations sans son consentement… Et aussi capable d’interrompre sans aucun scrupule son expérience de jeu. On apprécie certes la possibilité de pouvoir rebattre certains dresseurs qui nous ont bien gentiment proposé, avec une once d’insistance, d’enregistrer leur numéro, mais du moment que votre liste est pleine (une dizaine de numéros, limite supprimée dans les remakes de 2009-10, je ne sais pas encore si c’est une bonne chose), le téléphone a une furieuse tendance à sonner toutes les deux minutes sans vous laisser la possibilité de l’ignorer… Et ce point a réussi le tour de force d’à la fois s’améliorer mais aussi empirer avec la sortie de Pokémon Cristal…

Vouloir échapper aux appels incessants en combattant quelqu’un au téléphone… Douce ironie…

Suicune, le chien-félin-fauve-bête-monstre-truc légendaire, c’est vous qui voyez.

…Car ils ont trouvé bon de proposer de la diversité au téléphone de Pokémon Cristal ! En effet, en plus des dresseurs désirant ardemment se faire humilier publiquement et racketter une nouvelle fois, certains vont dorénavant vous appeler pour vous donner des informations sur l’apparition de certains Pokémon rares sur une route particulière, des informations sur des soldes, ou pour vous donner des objets — ce qu’on apprécie grandement — tandis que d’autres vont vous appeler pour… bah pour rien, en fait. Juste pour vous dire qu’ils vont bien, qu’ils sont contents ou pas, ou que leur pauvre petit Pokémon a encore perdu un match. En bref, on est rapidement agacés par les appels incessants et on se retrouve à choisir très spécifiquement, via des listes trouvables sur les internet, quels dresseurs garder dans notre liste de contact dans l’espoir qu’ils aient, un jour peut-être, des informations utiles. Ah, et puis, ajoutons à ça que notre mère a aussi une furieuse tendance à nous appeler pour nous dire qu’elle a dépensé notre argent (Oui, notre mère fait aussi office de banque dans cette génération) pour acheter des objets pas toujours très utiles ; merci, maman…

Pour en venir à l’histoire même, à la surprise générale, on débute l’histoire avec un Professeur (Orme, cette fois) qui nous explique ce que sont les Pokémon, dialogue classique pour introduire les bases du jeu mais avec cette fois un twist. Et pas des moindres, puisque la possibilité nous est donnée de choisir notre sexe (notons d’ailleurs que le personnage féminin a une apparence dans les teintes bleues tandis que le masculin est dans les teintes rouges. Je dis ça comme ça, vous en faites ce que vous voulez) ! C’est donc avec des impressionnantes couettes bleues (le personnage féminin, comme d’habitude, est carrément plus classe, il faut le dire) que nous partons à l’aventure dans la région de Johto, après que notre chère mère nous ait donné cet inestimable téléphone (merci, maman…). La région offre des paysages variés, allant de la simple prairie aux paysages montagneux ou lacustres, en passant par un archipel. Certaines zones ont d’ailleurs subi quelques modifications depuis Or et Argent, et il en va de même pour les musiques (qui sont dans la bonne lignée de celles de la première génération), certains Pokémon (le trio légendaire notamment) ayant dorénavant droit à leur propre thème. L’histoire, quant à elle, reprend les fils rouges de la série : à savoir les badges à récupérer afin d’accéder à la Ligue, devenir le meilleur dresseur et les vaincre tous, tout en empêchant un regroupement de méchantes personnes de faire des méchantes choses de méchants. Mais cette histoire diffère cependant des autres versions de la génération au niveau des Pokémon légendaires : l’accent est mis sur un des Pokémon du trio-dont-on-ne-doit-pas-essayer-de-définir-la-nature, Suicune, présent sur la boîte et l’écran titre. Cette petite histoire autour d’un Pokémon que l’on rencontre à plusieurs reprises et avec lequel le combat final se fait à un endroit spécifique (contrairement aux opus précédents, dans lesquels la rencontre était aléatoire), est tout à fait bienvenue et agréable, ajoutant une certaine profondeur et permettant de repenser momentanément la relation entre Pokémon et humains.

Imaginez si vous devez vous lever à une heure différente chaque jour… L’esclavagisme 101.

Ta ! Ta-tala ta-tala ta-tata (C’est la musique des combats)

Evidemment, comment ne pas parler des combats, l’élément de gameplay principal de la série : les combats dans Pokémon Cristal sont fondamentalement similaires à ceux des précédents opus mais semblent pourtant plus vivants, ce qui est en partie dû au fait que les Pokémon ont dorénavant une animation au début du combat. De plus, ces derniers sont dans l’ensemble moins simples que ceux de la première génération : Les dresseurs rencontrés sur les routes posent rarement problème, mais pour ce qui est des badges, dont la collecte est le principal objectif de notre aventure, les premières arènes auxquelles le joueur fait face présentent des types moins « classiques » que celles de la première génération, ce qui en augmente légèrement la difficulté. Il est peu probable par exemple qu’un joueur arrivant à la première arène ait un Pokémon qui soit super efficace contre le type Vol qu’utilise le champion, Albert (qui, d’ailleurs, est un tricheur, vu qu’il possède un Roucoups niveau 9, mais passons). De la même manière, le troisième champion, une jeune fille pas toujours très agréable prénommée Blanche, possède un Écrémeuh particulièrement redoutable, un mur à faire pâlir de jalousie certains hommes politiques passés ou présents et contre lequel beaucoup de dresseurs se sont vus obligés d’abandonner momentanément afin de retourner s’entraîner. Il faudra donc de la persévérance, voire un peu de chance, afin d’arriver à gravir les échelons menant au rang si convoité de Maître de la Ligue.

Et pourtant, l’aventure ne s’arrête pas là ! Cette génération nous offre effectivement du contenu après la « fin du jeu » : une fois le Maître détrôné, le joueur est invité à retourner dans la région de Kanto, région de la première génération, pour y combattre les 8 champions et leurs nouvelles équipes ; les événements de la deuxième génération étant chronologiquement situés plusieurs années après ceux de la première. Une fois le total de 16 badges acquis, le joueur se voit permettre l’accès au mystérieux Mont Argenté, au sommet duquel un dresseur des plus coriaces attend patiemment un nouveau challenger.

Omae Wa Mou Shindeiru!

Nostalgiiiiie

Pour terminer, on mentionnera tout de même les ajouts faits à la version disponible sur console virtuelle : le fait de pouvoir obtenir Célébi après avoir battu la Ligue, via un événement autrefois réservé aux joueurs Japonais, ainsi que la possibilité de faire des échanges et combats via la communication sans fil (mais pas via WiFi, malheureusement). Par contre, contrairement à d’autres rééditions sur la console virtuelle de la Nintendo 3DS, il est impossible de faire des savestates et c’est probablement pour le mieux, bien que certains déplorent la conservation de l’emplacement de sauvegarde unique,

En bref, un très bon opus qui, en plus d’ajouter une trame narrative bienvenue, apporte aussi diverses modifications appréciables qui perdureront pour une majeure partie de la série. La difficulté est agréable pour les joueurs habitués à la série, sans être insurmontable pour ceux qui commenceraient avec cet opus. Cette réédition sur console virtuelle est donc une excellente occasion de se plonger ou replonger dans ce grand classique des premières consoles portables.

yxcyxc
Il semblerait que Chétiflor ait été une source d’inspiration pour la Team Skull.
Pour Contre
+ La possibilité de jouer un personnage féminin (qui a la classe, en plus)  Comme toujours dans la série, on déplore l’unique emplacement de sauvegarde
+ L’ajout du cycle jour/nuit bien utilisé…  …voire un peu trop (matin, soir,…) pour ceux qui n’ont pas l’occasion de jouer à certains moments de la journée ou de la semaine
+ Ajout d’un end-game après la ligue  La sur-utilisation du téléphone
+ Une difficulté globalement plus élevée

ratdo

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