NaissanceE

Et si je vous proposais de tester un jeu sans dialogue, sans scénario narré, sans background historique, sans lore, sans mécanique de gameplay marquante et se passant dans un univers composé uniquement de formes géométrique, sans indication d’où aller, de quoi faire, ni d’objectif clair, est-ce que cela vous tenterait ? Alors laissez-moi vous parler de NaissanceE, un voyage sensoriel, véritable ovni vidéoludique auquel j’ai eu le plaisir de jouer quatre heures durant.

Développeur : Limasse Five
Distributeur : Limasse Five
Date de sortie : 13 février 2014
Plateforme : PC
Genres : Plateforme, Réflexion

Dystopie cubique

L’univers carré et monochrome de NaissanceE peut surprendre au premier abord, mais fait, selon moi, sa force. Déjà, le soft se pare de graphismes uniques, clairement définis, et franchement plutôt originaux. On se retrouve alors directement plongé dans un monde sombre et froid, composé uniquement de nuances de gris et de lumières très légèrement teintées de bleu et d’orange. On se balade parmi les structures grandioses se noyant dans une fine brume qui composent l’espèce de gigantesque ville dans laquelle on évolue, technologique et peu praticable, voir carrément inhabitable. Tout cela est renforcé par le grain imposé à l’image, qui salit les paysages que l’on observe tout au long de notre aventure. Un monde étrange et hostile dans lequel on est plongé dès le menu du jeu.

Bienvenue dans le monde de NaissanceE…

Si visuellement le soft nous présente un monde sombre et hostile, la musique vient renforcer l’oppression ressentie quand on se déplace dans cet environnement tantôt vaste et écrasant, tantôt étriqué et claustrophobe. En effet, c’est par une bande-son ambiante et glauque que le malaise s’installe peu à peu ; à-travers des synthétiseurs planants aux mélodies discrètes, on progresse dans un monde étrange et vide de vie. Les musiques gardent cependant des airs majestueux, afin de marquer à quel point cette espèce de ville dépasse notre protagoniste.


Des morceaux énigmatiques…

Dans des phases plus stressantes, les morceaux deviennent carrément malsains avec des sons mécaniques grinçants, des samples de respiration haletante et des voix modifiées dérangeantes. Dans ces moments, le soft se permet quelques battements pour rythmer l’action, à l’aide de boîtes à rythme étouffées et métalliques. Véritable claque audiovisuelle, NaissanceE vaut la peine rien que pour l’univers qu’il dévoile peu à peu au joueur par ses graphismes et sa musique, mais il ne serait rien sans un gameplay lui aussi original et, ma foi, fort bien construit.


Glauquissimes, certaines pistes donnent la chair de poule…

Va, cours, saute et explore

NaissanceE est un jeu de plateforme à la première personne, ce qui est assez rare pour être souligné. Il propose au joueur d’avancer dans un monde vide de vie, sans clair but énoncé, mais suggéré, notamment découvrir qui nous sommes, ce que l’on fait ici et ce qui s’est passé pour en arriver là. On se déplace donc dans un environnement en trois dimension et l’on peut sauter et courir. Il est d’ailleurs intéressant de noter que, lorsque l’on court, on doit régulièrement cliquer avec notre souris pour reprendre notre souffle, sans quoi notre personnage s’essouffle et s’arrêtera de bouger quelques instants.

Quelques (rares) textes nous donneront un objectif.

À ces mécaniques de plateformes somme toute assez classiques s’ajoute un élément de puzzle, avec plusieurs phases durant lesquelles on devra résoudre des énigmes pour progresser, notamment en jouant avec la lumière et les ombres. Ces puzzles constituent une des trois phases du jeu, les deux autres étant de la plateforme nerveuse et de la plateforme contemplative. Si de la réflexion est demandée pour certaines énigmes parfois ardues, elle est surtout stimulée lorsqu’on se balade dans le monde de NaissanceE, puisque ce dernier ne donne aucune explication claire concernant là où on doit se rendre. C’est donc au level design que revient la lourde tâche de guider le joueur dans les zones ouvertes qu’il explore, et on peut dire que c’est un défi que l’équipe de Limasse Five relève haut la main.

On se rend assez vite compte d’où aller.

Bien qu’il soit parfois évident, le level design est parfois extrêmement subtil et, pourtant, il est limpide. En jouant avec la lumière pour mettre en évidence des portes et des chemins, le soft parvient à orienter le joueur sans marqueur ni traînée indiquant le parcours exact que l’on doit prendre (c’est toi que je regarde, Mirror’s Edge Catalyst). Cela demande toutefois de l’observation, notamment durant les phases plus contemplatives, mais permet de renforcer l’atmosphère du soft, puisqu’on ne sait jamais trop si le chemin que l’on prend est le bon. Le jeu alterne alors entre phases de puzzle, de plateformes tranquilles et prend tout à coup le joueur au dépourvu avec des moments où tout s’emballe et où les sauts se font au millimètre près. On n’est jamais pris par la main et NaissanceE se renouvelle constamment, que ce soit dans ses environnements, ses énigmes où ses phases d’action, et ne laisse pas au joueur le temps de s’ennuyer. Un level design incroyable, donc, qui n’a pas à rougir face aux grands noms du genre, bien au contraire.

Ici, le but se remarque assez vite. Reste à savoir comment y parvenir…

Claque vidéoludique

Si NaissanceE ne dure que quatre heures, voire moins si l’on ne s’attarde pas pour s’imprégner des paysages majestueux, ce sont quatre heures intenses et originales qui m’ont profondément marquées. Il y a une beauté presque malsaine à se balader dans ce vaste univers à la fois étrange et familier, s’imprégner de l’ambiance sombre et oppressante du soft et découvrir ce qui se cache derrière la décadence progressive du monde qui nous entoure. L’anticipation pour ce qui va arriver suffit à maintenir le joueur en haleine de bout en bout, et le jeu se finit sur un chapitre final dynamique, magistral et énigmatique qui nous laisse à jamais perplexe quant à la raison de tout ce que l’on a vécu. Véritable expérience sensorielle, NaissanceE est une fable étrange et prenante aidée par un level design d’une grande qualité sur laquelle je vous recommande de vous attarder.

Le pour et le contre

Pour Contre
+ Une patte graphique unique en son genre Les partis-pris sont assumés à fond et peuvent diviser
+ Un gameplay simple mais diablement efficace
+ Une bande-son de qualité
+ L’univers étrange et captivant
+ Un level design magistral

Ante

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