Paradise Killer

Premier né de Kaizen Games WorksParadise Killer est un projet passionné et niche qui n’aurait jamais espéré avoir le succès qu’il a eu. Sorti le 4 septembre 2020, le jeu d’enquête en open-world offre une histoire drôlement bien ficelée dans un univers barré au possible, avec des personnages hauts en couleur. Je vous propose mon avis, après une petit vingtaine d’heures à découvrir les machinations qui se cachent derrière un meurtre sordide…

Développeur : Kaizen Games Works
Éditeurs : Fellow Traveller
Date de sortie : 4 septembre 2020
Consoles : PC, Switch
Genres : Enquête, aventure

Le Paradis est mort, vive la Paradis

Le Paradis, c’est le nom d’une île que s’attèle à construire le Syndicat, une entité énigmatique qui cherche à créer une lieu de vie parfait afin d’y sacrifier ses habitants pour ressusciter des dieux aliens. Leur plan a un problème : ouvrir les portes du paradis fait venir autant des divinités que des démons. Ainsi, le Syndicat et ses membres luttent constamment contre la corruption de leur île par des entités maléfiques. Lorsque le problème ne peut être contenu, une nouvelle séquence est lancée, avec une nouvelle île. Cela prend souvent plusieurs millénaires; en conséquence, les membres du Syndicat sont immortels et supervisent le projet à chaque itération.

À l’aube de la vingt-cinquième tentative, l’impensable a lieu : la majorité des têtes dirigeantes du Syndicat sont assassinées, à quelques minutes de la disparition du Paradis 24. Il devient immédiatement impossible de quitter l’île et de passer à la suivante. Parallèlement, l’investigatrice Love Dies est appelée depuis son exil afin de résoudre la situation et déterminer qui a commis le crime le plus sordide de tous les temps. Libérée de son appartement surplombant le Paradis depuis la treizième itération, elle se met en quête de découvrir la vérité.

Si cela semble quelque peu vague et difficile à suivre, c’est parce que l’univers de Paradise Killer est loufoque au possible, à fond dans son délire qu’il assume complètement. Ses personnages sont tous plus originaux les un.e.s que les autres, représentant un large éventail de personnalités autant attachantes que détestables. À nous de détecter les mensonges de chacun.e, afin de juger les coupables dans une phase finale de jugement au tribunal à couper le souffle. Loin des jeux d’enquêtes déterministes ou linéaires, il est ici nécessaire d’explorer chaque recoin de la carte afin d’amasser le plus d’indices et de témoignages que l’on peut ; cela afin d’atteindre le fin mot de l’histoire, sans quoi il est tout à fait possible d’accuser les mauvaises personnes et de terminer sa partie avec encore beaucoup à découvrir.

Les gardes, à l’entrée du bâtiment où s’est passé l’impensable. Je vous laisse imaginer la scène du crime.

Où étiez-vous le soir du meurtre ?

Paradise Killer est un jeu d’enquête et de plateforme en monde ouvert à la première personne. On se balade sur la vingt-quatrième itération du paradis, une île avec plusieurs zones résidentielles, allant de suspect en suspect, et cherchant des indices dans chaque recoins. Il y a trois phases distinctes : l’enquête et les interrogations des suspects, le hacking et l’exploration collect-a-thon.

L’enquête et les discussions avec les nombreux personnages qu’on rencontre au fur et à mesure de notre aventure prennent place sous un format classique de visual novel. On enchaîne alors dialogues sur dialogues, posant toutes les questions que le jeu nous propose et émettant des conclusions sur leur culpabilité ou innocence. Le tout est somme toute assez basique, mais fonctionne à merveille, et permet de profiter de l’excellent character design du jeu. Au point culminant du jeu, le procès, nos choix ont une grande importance, car toutes non déductions serviront à mettre en lumière la vérité sur ce qui s’est passé, et à punir les coupables.

Certains personnages sont parfaitement détestables, à tel point qu’on souhaiterait qu’ils soient coupables… à raison ou à tort.

Le hacking quant à lui est un mini-jeu de puzzle dans lequel on combine des formes selon une image modèle afin de la reproduire. Bien que sans réel défi, pirater des terminaux est utile pour débloquer moult informations, ainsi que pour gagner l’accès à certaines zones jusqu’alors hors d’atteinte.

L’exploration se fait sur l’île du Paradis 24, dans un monde ouvert où nos talents aux plateformers 3D à la première personne sont mis à l’épreuve. On débloque peut à peu de nouvelles façons de se déplacer (double saut, dash…), qui débloquent de nouveaux endroits à visiter, et nous permettent d’atteindre des objets cachés, comme de la monnaie ou des collectibles qui servent à étoffer l’univers dans lequel on progresse. On peut aussi y débloquer des musiques, qu’on peut ensuite écouter via une radio dans le jeu, ce qui est un détail très appréciable.

Des fragments d’histoire sont contenus dans chaque relique à collecter.

Coincé dans un jeu PS1

La direction artistique a pour clair but de rappeler les débuts de la 3D polygonale aux textures dégoulinantes, à un point où nos yeux finissent par piquer. Inspirés par le mouvement artistique post-ironique de la vaporwave, les décors mettent en tension des éléments ésotériques superposés à une à des pubs et des technologies futuristes, dont en résulte une moquerie efficace et claire de la (sur)consommation. Combinant des couleurs ternes pour les objets de background sur lesquelles les détails importants sont superposées par des éclats de teintes flash tape-à-l’œil, il devient vite évident que l’équipe de développement s’en est donné à cœur joie pour représenter un monde futuro-nostalgique rappelant l’époque de la PS1 et de la Dreamcast. Un rendu intéressant et engagé artistiquement, donc, mais qui ne plaira de loin pas à toutes et tous.

La zone de départ annonce la couleur.

Esthétique V A P O R W A V E

Mélange de chillwave et de vaporwave, le tout avec une bonne dose de funk, voila ce qui caractérise la bande-son dansante de Paradise Killer. Barry “Epoch” Topping, son compositeur, a su créer un ensemble à la fois nouveau et nostalgique qui ne manque pas de groove. Faisant la part belle aux synthés et au saxophone, les morceaux très colorés qui nous accompagnent tout au long de notre enquête enveniment nos oreilles et s’y gravent de manière permanente. Topping sait également garder l’attention en variant l’humeur de ses pistes, tantôt mélancoliques, elles rappelant une nuit pluvieuse; tantôt entraînantes, elles nous font voyager au bord de la mer, face au soleil couchant, au volant d’une Ferrari Testarossa; tantôt sombres, elles rappelle la triste raison pour laquelle on enquête, et nous forcent à se concentrer et chercher des réponses. Un must pour tout.e amateur.ice de musique électro aux vibes nostalgiques.


Le titre de fin, qui se joue lors du générique, est tout bonnement incroyable. Dansant, charmant, nostalgique.

See you in a perfect 25

Si l’esthétique ne fera pas l’unanimité, Paradise Killer est sans conteste un des jeux les plus barrés sortis en 2020. Assumant à fond son univers, ses personnages et ses influences, il propose une expérience riche en rebondissements et très fun à suivre jusqu’à sa résolution. Sans tomber dans le ridicule malgré des moments parfois surréalistes, il sait gérer l’humour, le drame, l’horreur, le suspense et la légèreté à merveille. Qu’on y croche ou pas, Paradise Killer est un jeu mémorable.

Pour Contre
+ Un monde ouvert riche en détails L’univers peine parfois à faire pleinement sens
+ Des graphismes barrés assumés Pas vraiment rejouable si on eu la vraie fin
+ Une bande-son fantastique et rétro Les partis-pris peuvent déplaire
+ L’histoire riche en rebondissements
+ Les choix sont réellement importants
Un gameplay simple, varié et efficace

Ante

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