Critiquer ce film n’est pas une mince affaire. Quand on attend autant d’une licence comme Ratchet & Clank, il est difficile de ne pas être déçu par le résultat. Cependant, une chose est sûre : si le but de ce film n’avait pas été de vendre un jeu, il s’en serait mieux sorti.
Une histoire de héros comme toutes les histoires de héros
Ratchet est un jeune lombax mécanicien qui n’a qu’un rêve : rejoindre les rangers galactiques et se battre aux côtés de son idole, le capitaine Qwark. Après avoir passé un casting pour les rejoindre, et après avoir échoué, Ratchet se dit qu’il va abandonner son rêve. C’était sans compter sur la rencontre avec le petit robot Clank et la destruction de nombreuses planètes par le vilain président des Blargh, Drek. Ces péripéties vont lui permettre de trouver sa place au sein des Rangers Galactiques et il va ainsi pouvoir enfin prouver sa valeur. Trahison, pouvoir de l’amitié et vilains plans de méchants s’enchaînent alors sous les yeux écarquillés et perplexes des spectateurs.
Si sur le papier le scénario de ce Ratchet & Clank ne semble pas bien vilain, c’est une autre affaire à l’écran. Le film ne se gêne pas de prendre de gros raccourcis scénaristiques. Que ce soit la trahison du capitaine Qwark qui pourrait être résumée à « Ratchet est mon pote, il a du succès donc je suis jaloux, alors je le trahis » en 10 minutes montre en main, ou encore la résolution de leur conflit qui se récapitule en « Qwark, c’est pas gentil d’être méchant » et soudain Qwark se rend compte qu’être méchant c’est pas gentil. Wow.
C’est ce manque de développement qui fait défaut au film, parce qu’au final, on a l’impression de voir des personnages qui n’ont rien d’autre à apporter que leur fonction : on a le héros gentil qui veut le bien du monde, on a le sidekick du héros, le gentil torturé qui va trahir le héros avant de le rejoindre grâce au pouvoir de l’amitié, le méchant qui engage un méchant plus méchant, et le méchant plus méchant qui va trahir le méchant qui l’a engagé.
C’est quand même joli
Malgré des personnages plats au possible, les mondes sont, eux, peints avec beaucoup de fidélité par rapport à l’univers. Le film est beau, tout simplement. Que ce soit les personnages, les environnements ou les armes, tout est très lisse et vous rappellera les jeux. Les animations sont bien faites, les textures sont léchées et les divers effets de lumière rendent très bien.
Et l’humour dans tout ça ?
Même si l’aspect visuel de l’univers est respecté, même si le rendu cartoon rappelle le jeu et fait plaisir à voir, ce qui marque dans Ratchet & Clank, c’est son humour… qui n’est ici malheureusement pas au rendez-vous. On oscille entre des blagues sur Twitter et YouTube, des passages émouvants avec un personnage maladroit, la présence de Nikos Aliagas qui est là juste pour permettre l’anagramme Nikas Aliagos, et des blagues tellement mauvaises que le film en devient navrant.
Quand je serai grand, je veux être youtubeur !
Toute la publicité française autour du film s’est basée sur une seule donnée : ce sont des youtubeurs qui ont prêté leurs voix à certains des personnages. Ainsi, vous pourrez voir plein de fans de Jhon Rachid, du Rire Jaune ou encore de Squeezie dans la salle. Et même si Jhon Rachid et le Rire Jaune sont tout à fait acceptables, notamment parce que leur rôle est plutôt minime, Squeezie est un véritable scandale. Ce cher Squeezie ne sait pas doubler, ses répliques sont loin d’être convaincantes. Et le pire c’est que Ratchet est quasiment tout le temps à l’écran, ce qui vous fera à chaque instant sentir un décalage entre ce qui est dit et ce qui se passe. On en finit par pleurer de honte et non pas parce que c’est triste ou profond. Malgré tout, du côté des doublages, certains sont très réussis. Par exemple, celui du capitaine Qwark ou encore celui de Clank, qui donnent une saveur nostalgique au film, le rendant légèrement moins indigeste.
Le problème c’est que c’est ce monde culturel d’internet qui donne son identité au film. Sachez donc que si vous êtes à coté du YouTube Game vous allez pleurer. C’est tellement choquant que l’on a l’impression qu’il s’agit plus d’un très long podcast qu’on trouverait sur YouTube que d’un film de Ratchet & Clank. Le scénario décousu participe à cette comparaison : on a plus l’impression de voir un enchaînement de blagues ratées à propos du web qu’un véritable film.
Vous reprendrez un peu de pub ?
Outre la présence de youtubeurs pour faire la promo du jeu, le film transpire la publicité dans tellement d’aspects que c’en est presque insultant. L’exemple le plus probant est la présence d’environ vingt armes différentes que Ratchet teste durant son entraînement de Ranger, mais qui ne serviront jamais à rien, tout au long du film. Et le fait que l’œuvre ne privilégie pas les gunfights comme dans le jeu serait encore acceptable si on avait le droit de voir la Super Clé de Ratchet, mais non, elle n’apparaît que dans son garage, alors qu’il l’a sur l’affiche.
Plus jamais ça
N’allez pas voir ce film. Ou du moins, n’y allez pas en VF. Le doublage de Ratchet est catastrophique, le scénario se rapproche plus d’une suite de sketchs que d’une véritable histoire. Le but de cette super-production est uniquement de plaire aux principaux intéressés pour le jeu, c’est à dire les 10-12 ans, qui n’ont pas joué aux autres opus. D’où la présence de youtubeurs, qui donne de la crédibilité au film pour que les jeunes aillent le voir. Alors si vous voulez vraiment plonger dans le monde de Ratchet & Clank, allez jouer aux jeux de la licence, ceux-là ont au moins le mérite d’essayer de divertir et non de vous vendre un produit dérivé.