Phoenix Wright: Ace Attorney — Spirit of Justice

Dixième volet d’une série de jeux vidéo de plus en plus célèbre, Phoenix Wright: Ace Attorney — Spirit of Justice s’est exporté du Japon très discrètement durant le mois de septembre 2016 sur l’eShop de notre très chère Nintendo 3DS. Souhaitant faire souffler un vent de fraîcheur sur la licence de Capcom, le titre se veut à la fois novateur, dépaysant et nostalgique. L’accusation crie au recyclage, alors que la défense croit en la superbe de cette nouvelle mouture ! Mais qui remportera ce procès ? On passe au jugement immédiatement…

Développeur : Capcom
Date de sortie : 8 septembre 2016
Console : Nintendo 3DS
Genres : Aventure/Énigmes/Roman-interractif

Déclaration d’ouverture

Enfin, pas si « immédiatement » que cela, puisqu’avant de commencer, j’invite toutes les personnes étrangères à la saga à lire l’un de mes précédents articles concernant — justement — l’univers des Ace Attorney. Si vous n’avez jamais entendu parler de Phoenix Wright, avocat de la défense à la coupe de cheveux discutable, ce lien pourrait vous familiariser un peu plus avec le genre de jeu que je vais bientôt installer sur le banc des accusés. On peut y aller, maintenant ? Bien !

L’art de porter le bleu

Dans l’hypothèse où vous feriez partie des gens que j’ai cités plus haut (avocats néophytes), j’ai malheureusement une assez mauvaise nouvelle pour vous: commencer par Spirit of Justice pour apprendre à connaître les personnages loufoques de Capcom ne serait pas forcément adapté. En effet, malgré les efforts visibles des développeurs pour tenter d’accueillir les joueurs débutants, on ne peut que constater que le scénario du soft fait constamment appel à plusieurs anciens épisodes-clé. Alors que Dual Destinies (le précédent volet) tenait presque du « stand-alone », Spirit of Justice demande une bonne connaissance de la série ; il est donc — à mon sens — un très mauvais point de départ.

En contradiction totale avec ce dernier témoignage, sachez que le jeu est sans doute l’un des plus simples de la saga ; les énigmes sont aussi faciles à résoudre que les déclarations à contrer, et le gameplay est à peine plus poussé que celui de Dual Destinies qui était déjà basique de chez « basique ». La plupart des mini-jeux présentés dans les précédents volets reviennent dans cet opus, mais de manière anecdotique ; certains n’apparaissent d’ailleurs qu’une seule fois, et c’est bien dommage.

OBJECTION ! Heureusement, Spirit of Justice introduit une nouvelle mécanique, lors des phases de procès, appelée « Divination Séance ». Cette dernière permet à Phoenix de découvrir les quelques secondes qui ont précédé la mort de la victime, directement à travers ses anciens yeux (et ses quatre autres sens également). Si, en terme de gameplay, cet ajout est plutôt anecdotique car très proche d’un simple contre-interrogatoire, il est par contre lié à la plus grande brise de fraîcheur de ce jeu vidéo.

Khura’in, je t’aime

Maya Fey est de retour !

Alors qu’environ la moitié de l’histoire se déroule — comme d’habitude — aux États-Unis avec Apollo Justice et Athena Cykes comme héros, le second morceau prend place à Khura’in, pays fictif fortement imprégné d’une religion non moins fictive. Le scénario s’introduit d’ailleurs avec un Phoenix Wright voyageant en avion en direction de ces contrées dans lesquelles il va retrouver l’un des personnages emblématiques de la série, oublié depuis quelques épisodes: Maya Fey. Vous n’aurez que peu d’occasions d’interagir avec cette dernière, mais ces retrouvailles sont extrêmement bienvenues.

Ce qui est moins bienvenu, par contre, est l’arrivée d’un avocat de la défense dans un système judiciaire qui les condamne… En effet, le Ministère de la Justice de Khura’in s’est acquitté de ce côté de la balance, suite à divers événements tragiques et la mise en place des « Divination Séances », plusieurs années auparavant. Dans les tribunaux locaux, seuls président le juge, le procureur et la Grande Prêtresse. Et si, par malheur, un avocat venait à pointer le bout de son index — chose que notre héros en costume bleu va bien évidemment faire — il serait sous la menace du « Defense Culpability Act » qui implique que toute sentence rendue à l’accusé soit reproduite à la défense. Et, devinez quoi ? La peine de mort est monnaie courante à Khura’in…

Le jeu met constamment vos nerfs à rude épreuve durant toute la partie narrative. Le dépaysement et le sentiment d’insécurité qui planent sur les personnages de Capcom donnent une véritable âme à Spirit of Justice, et découvrir ce nouveau continent avec ses us et coutumes est une expérience à part entière. Khura’in et ses habitants vous procureront la même sensation d’émerveillement et d’incertitude qu’il est possible de ressentir lorsque l’on voyage.

Spirit of JUSTICE

Les deux héros de Spirit of Justice: Pheonix Wright et Apollo Justice, surplombés par la Grande Prêtresse.

En parlant de voyage, reprenons l’avion et voyons ce qu’il se passe du côté des deux rookies. Le retour en Amérique n’offre aucune nouveauté, si ce n’est, comme à l’accoutumée, son lot de personnalités attachantes, drôles, loufoques et/ou complètement absurdes. Le procureur-vedette de cet épisode est, par contre, moins marquant que les précédents, mais apporte tout de même des moments de (sou)rire et d’agacement. On regrettera sans doute également la sous-exploitation d’Athena Cykes, bien mise en avant dans Dual Destinies, qui n’a ici qu’un très court rôle à jouer, et — surtout — qui est complètement déconnectée de la trame principale. Bien qu’éphémère, son épisode est malgré tout très original. Heureusement, le second héros de la série des Ace Attorney va faire particulièrement briller son badge d’avocat.

UN INSTANT ! Ce jeu n’aurait-il d’ailleurs pas dû se nommer « Apollo Justice: Ace Attorney — Spirit of Justice » ? Car il devient assez rapidement évident que l’avocat aux mèches rebelles prend beaucoup d’importance dans le scénario du soft, et ce jusqu’au final aussi surprenant qu’intriguant. Il ne s’agit pas ici de la meilleure narration de toute la saga, mais elle sait toucher juste et captiver suffisamment longtemps pour vous tenir en haleine durant de nombreuses heures.

Analyse scientifique

Maya n’est pas le seul personnage à faire son grand retour…

Le temps passé dans le jeu, vous le dépenserez aussi sans aucun doute à admirer les décors et personnages merveilleusement modélisés. Pour faire court: Spirit of Justice présente les meilleurs graphismes de tous les Ace Attorney. Les animations sont plus fluides que d’ordinaire, et on a même parfois droit à des cinématiques durant les phases de procès ; ce qui rend l’univers plus organique que jamais.

Du côté de la bande-son, tout va bien également. Les nombreux thèmes musicaux sont bien composés et vous feront peut-être même mettre le jeu en pause de temps à autres pour en profiter au maximum.

Il est important de rappeler que ces deux éléments: l’image et le son, sont primordiaux dans un soft au gameplay aussi minimaliste. Et on peut sans peine dire que chacun d’eux est un succès dans Spirit of Justice.

Verdict du juge

La couverture du jeu que vous ne trouverez pas en Europe, car le jeu est uniquement téléchargeable sur l’eShop de la Nintendo 3DS.

Vous l’aurez sans doute compris, je me suis extrêmement attaché à l’histoire de Spirit of Justice: en particulier la nostalgie et le dépaysement qui en découlent. Le tout est incrusté dans un très joli écrin qui fait plaisir aux différents sens. Certes, le gameplay est — encore une fois — minimaliste et peu novateur, mais cela n’a jamais été la volonté des développeurs de se concentrer sur ce côté de la balance. Le jeu m’a captivé pendant plus de soixante heures (DLC compris), sans jamais avoir envie de lâcher ma console. J’ai tellement apprécié l’univers de cet opus que je l’ai élu « meilleur jeu de 2016 ». Mon jugement est donc clair: Phoenix Wright: Ace Attorney — Spirit of Justice est une réussite générale ! [applaudissements et chute de confettis]

Les pours et les contres

De la nostalgie pour les habitués De la nostalgie qui tombe à plat pour les nouveaux joueurs
+ Les meilleurs graphismes de la série Très mauvais point de départ pour découvrir la série des Ace Attorney
+ La bande-son excellente Des mini-jeux anecdotiques
+ Le scénario captivant et intriguant Athena Cykes sous-exploitée
+ La découverte de Khura-in Manque de nouveautés du côté des procès américains
+ De nombreuses heures de jeu (avec un scénario supplémentaire en DLC de qualité) Les courtes histoires supplémentaires payantes (hors scénario) sont largement dispensables

Thomario

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