À la défense de l’indéfendable #1 – Ubisoft, EA, Activision

« Ces jeux sont pour les pigeons », « c’est du Ubisoft, ce sera pourri », « on nous prend pour des vaches à lait » sont des phrases courantes parmi les gamers. Quand on parle d’Ubisoft, d’EA ou encore d’Activision, les critiques fusent et les joueurs sont sans pitié : aussitôt qu’un jeu d’un de ces développeurs pointe le bout de son nez, il se fait abattre de sang froid par une pluie de critiques assassines irraisonnées et, la plupart du temps, par des gens qui n’ont jamais touché au soft en question… Il est temps de jouer à l’avocat du diable et parler du comment du pourquoi EA, Ubisoft et Activision ont une telle réputation.

1.1 Retour vers le passé

Parlons d’abord du passé : nous allons voir comment nous en sommes arrivés à détester EA, Ubisoft et Activision, quelles furent leurs erreurs et surtout à quel point les déteste-t-on.

L’année sombre d’Ubisoft

Dans le cas d’Ubisoft et de ses jeux, une année en particulier permet de comprendre la haine qui leur est vouée. En effet, il y a de cela quelques temps, Ubisoft eut une année noire, enchaînant les échecs techniques et critiques qui saliront à jamais sa réputation. Remontons donc ensemble en l’an 2014 après J.C., année durant laquelle sont sortis respectivement Watch_Dogs, Assassin’s Creed Unity et The Crew.

Notre premier fautif est Watch_Dogs, série nouvelle pour Ubisoft à l’époque, qui n’avait pas manqué de se faire remarquer depuis l’E3 2012 par des trailers hallucinants et sublimes montrant un monde vivant, complexe et sombre pour un jeu profond et critique de la société hyper-connectée qu’est la nôtre. Sachant que les sites spécialisés de l’époque se sont empressés de faire des suppositions sur le jeu et son gameplay, faisant penser que la liberté du hacking serait absolue et complètement « OP » (Over Powered), le jeu ne pouvait être que décevant. Rien d’étonnant lorsque le voile fut levé et la vérité dure à avaler le 27 Mai 2014 : le jeu était bien en-dessous des attentes. Surprise, surprise : non seulement il ne parvenait pas à la cheville des vidéos de l’E3 côté graphismes, mais en plus le gameplay était extrêmement limité, la conduite exécrable et le scénario convenu au possible. Malgré une réussite commerciale, le jeu devenant l’un des plus vendus de l’histoire en Angleterre, la critique de la part des joueurs était, elle, très négative. L’effroi ne fut que renforcé par l’optimisation ratée de la version PC. Si les développeurs doivent apprendre une chose, c’est de ne pas foirer un portage sur PC, car gare à la colère de la Master Race ! En un mot, le jeu a fini par être un échec. Le pire, c’est que l’année ne faisait que commencer…

*musique épique d’un trailer de l’E3*

Nos chers bretons indépendants avaient encore un atout en poche : la sortie annuelle de leur série Assassin’s Creed. C’est le 13 Novembre 2014 que sort le tristement célèbre Assassin’s Creed Unity, qui s’est fait, pour ainsi dire, assassiné. La faute à de nombreux bugs dès la sortie du jeu, à une optimisation des plus exécrables sur PC pour un jeu aux graphismes pas si révolutionnaires que ça et à la nécessité de plusieurs patchs pour rendre le soft jouable. Autant dire que l’échec fut complet, d’autant plus que la série commençait à agacer les joueurs avec sa tradition de sorties annuelles. Une remise en question de tout le système de développement des français était donc nécessaire et, suite à l’épisode Syndicate en 2015, Ubisoft a déclaré vouloir faire une pause d’une année pour la série.

La cerise sur le gâteau, ou dans ce cas, le dernier clou dans le cercueil de l’an 2014, fut The Crew. Sans être un échec complet non plus (il est même plutôt cool, allez checker ma review du jeu #selfpromotion) il était très critiqué durant la première année de sa sortie à cause de ses serveurs hésitants, de ses bugs incessants et de ses graphismes très passables pour l’époque. Le jeu fut sauvé en Novembre 2015, une année après sa sortie, grâce à l’extension Wild Run.

Après cette année noire, Ubisoft perdit toute crédibilité auprès des joueurs. Aujourd’hui, le scepticisme règne lors des vidéos de présentation à l’E3, les gens ne veulent plus des licences phares des bretons et on commence à leur reprocher tous les maux de l’industrie du jeu vidéo, au point que certaines personnes se réjouissent du probable rachat de l’entreprise par Vivendi. Mais ça, nous en reparlerons dans un futur épisode…

Une bonne idée de cosplay pour Halloween de la part d’Ubisoft

EA, l’éternel cancre

Cela fait plusieurs années maintenant qu’EA est constamment pointé du doigt comme étant le mauvais élève de l’industrie vidéo-ludique. Rien d’étonnant quand on voit le nombre hallucinant de scandales que l’entreprise américaine a suscités avec ses licences phares ces dernières années. Avec Mass Effect 3, Battlefield 4, Battlefield Hardline, Mirror’s Edge Catalyst, Dead Space 3, tous considérés moins bons que leurs prédécesseurs, ainsi que les annuels FIFA, NHL et NBA, la qualité des jeux d’EA semble ne plus pouvoir s’arrêter de diminuer. Qu’est-ce qui déplaît ? Le fait de ne prendre que rarement des risques en se reposant sur une poignée de licences phares, et un certain abus pour ce qui est des DLCs, avec des jeux nécessitant facilement une cinquantaine de francs en contenu additionnel payant, voir bien plus dans certains cas *tousse* les Sims *tousse*.

Le premier reproche qui leur est fait, donc, c’est de ne jamais prendre de risque en proposant des jeux vus et revus avec une petite refonte graphique pour faire passer la pilule. Il n’y a qu’à regarder la série des Battlefield pour se rendre compte pourquoi le jeu Star Wars Battlefront s’est pris des mauvaises reviews : selon les joueurs, il s’agit plus d’un reskin de Battlefield Hardline que d’un jeu Star Wars. Anecdote inutile mais amusante : Battlefield 1 se voit reproché par certains le fait d’être un reskin de Battlefront, la boucle est donc bouclée. On en vient alors à qualifier les softs d’EA comme étant des reskins de reskins, ce qui en dit long sur les changements au niveau du gameplay. Cette stagnation peut se voir dans les FIFA, qui ne changent pratiquement jamais d’une année à l’autre, les Battlefield, qui gardent leur style de jeu hyper nerveux, ou encore la série Mirror’s Edge, qui n’a pas tant changé que ça en 7 ans. Dans des cas pareils, une chose est certaine, c’est que les joueurs n’apprécient guère qu’on leur resserve le même plat réchauffé chaque année… C’est du moins ce que la logique voudrait. Mais pour une raison obscure, les gens en redemandent. Malgré les reproches susmentionnés, Battlefield 1 a été acclamé comme étant une véritable prise de risque de la part de DICE (non, ce n’est pas une blague) et la série FIFA ne cesse d’écouler des millions exemplaires. Parce que ce n’est pas le fait de changer les textures d’un jeu pour le revendre l’année suivante qui fâche, le véritable ennemi numéro un de la réputation de l’entreprise sont les DLCs.

Il faut dire que la ressemblance est bien visible

« Un DLC, quèsaco ? », me demandez-vous d’un air dubitatif. Un DLC, diminutif pour Downloadable Content (en français : contenu téléchargeable), est, à l’heure d’écrire cet article, du contenu additionnel bien souvent payant ajoutant maps, armes, skins et missions supplémentaires. Dans l’idée, un DLC est supposé ajouter du contenu en plus à moindre prix, mais depuis quelques années les joueurs ont l’impression que ces packs d’extension ont changé, passant d’un moyen pour ajouter du contenu pour pas cher à un moyen de faire payer plus pour avoir l’expérience complète. Il est vrai qu’en jetant un œil à certains softs comme Asura’s Wrath dont la vraie fin est payante, on remarque que certains développeurs abusent un peu. Beaucoup même, car EA est le champion du DLC ! Ce titre (pas si honorifique que ça, avouons-le) entache l’entreprise depuis des années. En jetant un coup d’œil aux Battlefield ou encore aux Sims, on se rend compte de l’ampleur du phénomène. Entre les deux armées les plus importantes de la Première Guerre mondiale en DLC dans Battlefield 1 et une quantité hallucinante de contenu payant pour les Sims, EA a l’art de taxer les joueurs, augmentant ainsi drastiquement le prix d’un jeu pour l’avoir en version complète.

Aaaah, les Sims 3

C’est ce manque d’innovation et cette avarice qui ont poussés les joueurs à détester EA. Des jeux coûtant trop cher pour au final très peu d’innovation et des sorties annuelles poussant les gens à sortir le portemonnaie chaque année furent les nombreuses gouttes d’eau qui ont fait déborder le vase il y a de ça des années.

Activision, Actipognon

Dernier fautif mais non des moindres, Activision a sa place au palmarès de l’échec, la faute à sa série phare, Call of Duty. La saga d’Activision, porte en son nom tous les maux du monde (si si !), dont le reproche de rendre les gens violents, de rendre les gens idiots et de corrompre la jeunesse, la saga étant populaire chez les jeunes et les enfants. Chez les gamers, c’est cette démographie plutôt jeune qui dégoûte. Tous ces sales gamins qui hurlent dans leurs micros, quelle horreur ! Du jamais vu dans un jeu multijoueur avec la possibilité d’utiliser un micro… La saga est aussi détestée à cause de sa répétitivité, car chaque nouvel épisode ressemble à ses prédécesseurs. Pour essayer de déterrer sa série, l’éditeur américain fit passer les derniers épisodes à un style futuriste, ce qui eut pour effet de faire bouillir le sang des joueurs, car l’époque est considérée comme hors-sujet par beaucoup de monde. Mais avaient-ils vraiment le choix ? Vu que l’autre gros reproche fait à la série était sa répétitivité côté gameplayTreyarch et Infinity Wards se retrouvent coincés entre une nécessité de proposer quelque chose de neuf, ce qui n’est vraiment pas facile en restant dans la même époque, et la nécessité de garder un gameplay suffisamment proche pour ne pas perdre les fans. La solution qu’ils ont trouvée est donc de faire évoluer la saga dans le temps, le futur permettant des libertés immenses car on peut créer ce que l’on veut. De plus, les mondes futuristes permettent une critique de la société actuelle en accentuant un trait de celle-ci. Ici, les armées privées et la guerre technologique. Par contre n’allez pas croire que « Kalof » s’est transformé en une saga critique profonde remettant en question la société actuelle et son fonctionnement, hein, ça reste du Call of Duty dans lequel le but premier et de dézinguer des soldats jusqu’à plus soif. Mais il y a une autre saga scandaleuse qui entache Activision… les Skylanders.

Quand les sorties annuelles tournent mal

Ancêtre des Amiibo, cette série est la pionnière dans le domaine des jouets-jeux vidéo. Comment dire non à un moyen d’enfler le client le prix d’un jeu d’une manière encore plus spectaculaire que les Sims ? Parce qu’à 20 balles la figurine, on se rend vite compte qu’il y a de l’argent à se faire. Et vu que le flouze c’est tout ce qui compte, nos chers américains n’ont pas hésité à se lancer. Évidemment, les joueurs les ont vu venir et la saga se fait démonter par à peu près tout le monde; si ce n’est les parents, leurs enfants et les joueurs occasionnels qui y voient un moyen de fusionner une passion de la collection avec un jeu vidéo pas trop dur ni trop long à terminer. Il est vrai que même si on peut trouver le design des héros assez laid, on ne peut qu’admettre que de pouvoir jouer en invoquant une figurine dans un jeu est une idée qui ne manque pas de charme. Et au moins, contrairement à certains *tousse* les Amiibo *tousse* les figurines servent à quelque chose en plus de la simple collection. Mais le revers de la médaille, c’est un prix pour le jeu complet qui peut monter bien au-delà des 150 francs et, quand l’argent est en jeu, on a vite fait d’avoir les yeux plus gros que le portefeuille des joueurs, ce qui ne manquera pas de les faire grincer des dents. Tant qu’on parle de pourquoi les Skylanders c’est le mal, sachez qu’ils ont réussi à ruiner Spyro le dragon en foirant non seulement son design et sa personnalité, mais aussi en le rendant un simple Skylander alors qu’il était un héros à part entière. En un mot, les Skylanders sont un fail. D’ailleurs, la saga n’est qu’un des symptômes d’une manie qu’a Activision : pourrir des séries classiques. Toutes sortes de licences semblent passer à l’abattoir Activision©, notamment Spyro, Crash Bandicoot, Guitar Hero et même plus généralement certains opus de Blizzard. Et ce n’est pas ça qui va aider la réputation d’Activision…

Beurk…

Passé recomposé

Comme nous avons pu le voir, la haine envers Ubisoft, EA et Activision n’est pas sans fondement. Mensonges, mauvais jeux, pratiques parfois douteuses et DLCs sont donc à la clé d’un énervement passionné des gamers envers ces entreprises. On ne peut donc qu’imaginer l’incrédulité du public face à un trailer poli en CGI à l’E3, et en un sens ils l’ont bien mérité. Cependant, il ne faut pas oublier que les gens peuvent changer… Dans le prochain épisode, nous jetterons un œil aux agissements de ces trois gaillards à l’heure actuelle : s’ils se sont améliorés, si leurs comptes en banque sont vides, si on les déteste encore plus qu’avant et comment cette haine transparaît.

Ante

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