Depuis toujours l’homme est fasciné par le zombie. Que ce soit au cinéma avec des classiques comme Dawn of the Dead (1978), à la télévision avec The Walking Dead (2010), ou encore dans le jeu vidéo, qui porte en son sein des immanquables tels que la saga Resident Evil ou encore la série House of the Dead, les morts-vivants semblent intéresser grandement le grand public. Le format vidéoludique permet une grande variété de genres, comme le survival horror, le rail shooter, l’expérience narrative épisodique ou encore le FPS. C’est ce dernier que nous propose la série Killing Floor, qui gratifie le joueur avec du sang, de la slow motion, un humour décalé et des mécaniques de shooter solides.
Pour la petite histoire…
D’abord un mod d’Unreal Tournament sorti en 2005, Killing Floor: Co-op Survival Horror est un FPS en coopération contre des mutants à l’ambiance plutôt sérieuse et sombre. On y affronte des vagues de monstres sans pitié tout en essayant de s’accrocher à la vie. En 2009, suite au succès du mod, Tripwire Interactive sort le premier opus en stand-alone et redéfinit les bases de la série : du sang, de la violence et du fun. Le jeu est un franc succès et se voit recommandé par 96% des utilisateurs sur Steam. Fort de sa réussite et les poches remplies par les 170 francs nécessaires pour avoir le jeu et tous ses DLCs, l’équipe de développement se lance dans la création d’une suite, sobrement intitulée Killing Floor 2. De meilleurs graphismes, un gameplay plus lisse et plus de modes de jeu étaient à anticiper dans ce jeu en early access, disponible depuis le 21 Avril 2015 sur Steam et sorti officiellement le 18 Novembre 2016. Malgré des efforts pour améliorer le jeu de base, cette suite se voit moins bien reçue par les joueurs, cumulant 84% de reviews positives sur Steam, la faute à un développement lent et à beaucoup de micro-transactions pour un jeu à l’époque encore en beta. Aujourd’hui, je vous propose donc un retour sur une série pleine de fun, de sang, d’insultes, d’esprit d’équipe et de zombies qu’est Killing Floor.
Apocalypse zombie à l’anglaise
Malgré le fait que le scénario que propose la saga est très vite oublié au profit de centaines d’heures de shooting jouissif, il existe bel et bien. Dans un futur proche, en Grande-Bretagne, des expériences gouvernementales sont menées en secret sur le clonage d’humains pour en faire des armes vivantes et, comme toute expérimentation scientifique dans un jeu avec un thème horrifique, des complications ont eu lieu, créant alors des créatures mutantes qui mettent le pays à feu et à sang. Toute l’Angleterre est occupée par les spécimens, mais une équipe d’irréductibles soldats résistent encore et toujours à l’envahisseur ! Pour ce faire, ils utilisent la manière forte et leur merveilleux accent « british », n’hésitant pas à risquer leur peau pour se débarrasser des mutants, appelés ici les Zeds. Cependant, même si ils combattirent avec courage, les mutants furent trop nombreux…
Killing Floor 2 est la suite directe de son prédécesseur et reprend là où il s’était terminé. Malgré des combats sanglants en Grande-Bretagne pour sauver l’espèce humaine, la situation semble sans espoir. Un mois après les évènements en Angleterre, des armadas de zombies se mirent à traverser la Manche et débarquèrent en Europe. Pire encore, la catastrophe paralysa et réduisit à néant la civilisation européenne. Plus l’invasion avançait, plus le bilan s’alourdissait. Alors que la fin de l’humanité approchait, une révolution se mit en marche. N’appréciant pas trop être dérangés par ces nuisibles, un groupe de personnes décida qu’il en avait assez et part à la chasse au Zed. La lutte va être rude, mais elle pourrait s’avérer salvatrice pour l’espèce humaine…
Une armée de mutants à exploser
Comme pour tout shooter avec des zombies, ce que le joueur veut, c’est du sang et de la violence. Et ça tombe bien, car c’est ce que proposait déjà le premier Killing Floor. En faisant exprès de tomber dans l’excès, le jeu montre au joueur du gore et rend l’action jouissive grâce à des mutants que l’on peut démembrer et dont la tête éclate en cas de headshot. La brutalité s’avère très vite très fun et est bienvenue dans un FPS pareil. De plus, le design des mutants renforce le côté très sombre et trash du jeu avec des créatures toutes plus dégoutantes les unes que les autres. En revanche ce qui pêche, c’est le reste des graphismes. Le jeu a l’air d’avoir mal vieilli et est visuellement dépassé alors qu’il est pourtant sorti en 2009. Les textures sont brouillonnes, les modèles polygonaux sur les bords et la lumière dégoulinante.
Pour leur deuxième jeu, les équipes de Tripwire se sont données au maximum pour améliorer ces problèmes et atteindre l’objectif escompté : le jeu est beau. Les lumières sont bien mieux gérées, les animations sont plus détaillées et plus fluides, le contraste est augmenté pour permettre un meilleur jeu de clair/obscur et enfin, les zombies sont encore plus horribles à regarder qu’avant grâce à une équipe de designers qui s’est donné pour objectif de rendre chaque Zed différent des autres en les rendant de plus en plus glauques. On se retrouve donc face à des vagues de mutants au corps sanguinolent, que les résistants s’amusent à faire exploser dans la joie et la bonne humeur grâce à des destructions de corps exacerbées par les nouveaux 19 points de démembrements sur chaque spécimen, cumulant plus de 30 points détachables sur chaque modèle. Traduction : les Zeds peuvent être déchiquetés en un tas de petits morceaux. En effet, l’équipe de Tripwire a lancé sur système M.E.A.T, ou Massive Evisceration and Trauma (en français Eviscération massive et traumatisme) permettant des destructions corporelles accrues et du sang qui reste au sol tout au long de la partie. Le gore est donc au cœur de l’aspect visuel de Killing Floor 2, le rendant diablement jouissif à jouer.
Killing Floor, là où la frénésie rencontre la slow motion
Bien que les mécaniques de FPS que propose les jeux soient relativement standards, avec les inputs qu’on connaît tous (WASD, Shift, C et les deux clics de la souris), Killing Floor a quelque chose en plus qui le rend unique. En effet, le jeu a l’audace de proposer des ralentis dans un jeu multijoueur. Il faut dire qu’il fallait oser, parce que régulièrement ce genre de mécanique n’est jamais mis en place à cause des problèmes que cela peut engendrer sur la jouabilité : si un joueur a un ralenti, les autres doivent l’avoir aussi et ça risque de rendre le jeu mou. Mais n’ayez crainte, car la seule raison pour laquelle Killing Floor propose pareille folie est le fun. La slow motion est en effet utilisée en une seule occasion : récompenser le joueur lorsqu’il fait un kill avec style. Que ce soit en tuant plusieurs mutants à la fois, en exécutant un 360 ou en explosant un spécimen en plein saut, le jeu congratule les gamers par 5 secondes de ralenti qui touchent tout le monde sur le serveur. Tout les joueurs de la session subissent cette slow-motion, ce qui leur permet de s’essayer à leur tour en slow mo afin de faire un beau kill, ou simplement se sortir d’une situation catastrophe en éliminant parfaitement tous les mutants qui les assaillissent. On retrouve cette mécanique dans Killing Floor 2 aussi, ce qui ajoute un trait permettant à la série de se dégager des autres shooters avec des zombies.
La plus grosse différence au niveau du gameplay entre le premier et le deuxième opus est l’augmentation de la mobilité des survivants. Dans Killing Floor premier du nom, on se déplaçait normalement et on marchait plus vite avec son couteau sorti, donc sprinter n’était pas une option. Pour ce qui était de sauter, on pouvait le faire en avançant, mais pas en « straffant » (en se déplaçant de côté). Pour remédier à cela, l’équipe de chez Tripwire a travaillé sur la possibilité de courir et de sauter dans toutes les directions, permettant une mobilité accrue et un jeu bien plus frénétique. Cette rapidité est accentuée par de meilleures animations, donnant vraiment une sensation de vitesse et de mouvement fluide.
La dernière particularité de la saga est son fonctionnement et les objectifs qu’elle donne au joueur. Contrairement à un Left4Dead ou un Resident Evil, dans lesquels il y a des objectifs autres que flinguer du zombie, ici on enchaine 10 manches durant lesquelles des vagues d’ennemis attaquent. Puis, le soft propose un onzième round durant lequel il faudra combattre un boss, le Patriarche. Entre chaque assaut des spécimens, les soldats pourront se ravitailler en armes et munitions chez une vendeuse qui déménage aux quatre coins de la map, avec de l’argent que les spécimens laissent aux joueurs en mourant. A noter aussi que dans le deuxième opus, un boss supplémentaire a été ajouté : le Dr Hanz Volter. Si le jeu vous semble trop facile au bout d’un moment, optez pour le mode Suicidal (trad : Suicidaire), voir Hell on Earth (trad : Enfer sur Terre). Là où des jeux ne feraient que booster affreusement les dégâts et la vie des ennemis, Tripwire propose des comportements différents et des nouvelles formes de chaque Zed. Dans de pareilles difficultés, le jeu devient stratégique et un fort esprit d’équipe est requis si l’on veut survivre ne serait-ce que la première vague. Si le mode survie vous ennuie tant que ça, Killing Floor 2 vous propose également un mode dans lequel vous pouvez jouer les Zeds contre d’autres joueurs qui eux sont de simples survivants.
Métal et humour anglais
Ce qui fait la force de Killing Floor en plus de son côté gore à souhait, c’est sa bande-son entièrement composée de morceaux métal, offrant une brutalité d’abord visuelle, puis auditive avec des musiques énergiques. Riffs cinglants de guitare, batterie endiablée et « growling » sont donc au rendez-vous pour donner du rythme à l’action.
Côté doublages, la particularité du jeu est son humour très noir qui parvient à faire mouche. La raison à cela sont les doublages, en anglais uniquement. Dans le premier opus, ils sont réalisés par une seule et même personne pour tous les soldats : un doubleur à l’accent british marqué et à l’humour noir très prononcé. De plus, les soldats ont un comportement de gamins qui s’insultent et qui veulent juste s’amuser à dézinguer du zombie. Ce côté enfantin est renforcé par la vendeuse d’arme que l’on rencontre à la fin de chaque manche, qui vante les flingues qu’elle vend et encourage le joueur à dépenser son argent. La grande nouveauté que va offrir le second opus est un plus grand casting de doubleurs toujours autant railleurs, ce qui ajoute une touche de diversité au jeu.
Nerveuse, la musique ? Je vois pas ce que vous voulez dire…
« Je suis une Légende », se vante Tripwire
Et il y a une part de vérité. En deux jeux seulement, Killing Floor a su se placer dans le palmarès des jeux vidéo de zombies, mais aussi dans celui des FPS. En mélangeant le fun d’un FPS arcade à une patte graphique trash et sombre, la saga est parvenue à créer des softs jouissifs et nerveux adulés par les joueurs. Malgré des polémiques comme des DLCs offrant des cosmétiques créés par la communauté ou des micro-transactions pour un jeu en early access, Tripwire a réussi à maintenir une communauté soudée et fidèle. Depuis la création du stand-alone il y a 7 ans, Killing Floor est devenu une icône vidéoludique en cumulant plus de 3 millions de ventes pour le premier opus. Si les FPS dynamiques fun à jouer et gore à souhait dans lesquels vous dézinguez du zombie vous intéressent, prenez le temps de vous pencher sur la saga Killing Floor.