God Of War

Depuis quelques années, les relookings de jeux vidéo à succès sont légion: Tomb Raider, Wolfenstein, Doom, Hitman, tant d’exemples, parmi d’autres, qui ont su ramener à la vie des héros de notre jeunesse. Le 20 avril dernier, c’était à Kratos de faire son grand retour : nouveau look, nouvelle arme, nouvelle mythologie, un mélange explosif pour le nouveau titre de Sony Santa Monica, sobrement intitulé God Of War. Affûtez vos haches, taillez vos barbes, et plongez avec moi dans cette nouvelle saga dans la mythologie scandinave!

Développeur : Sony Santa Monica
Éditeur: Sony
Date de sortie : 20 avril 2018
Console : PS4
Genre : Aventure, Beat’em all

 

La saga de Kratos

Après avoir fait mordre la poussière au panthéon grec, Kratos (le personnage principal de la saga des God of War) n’avait plus fait parler de lui pendant des années. C’est donc avec un immense plaisir que son public a reçu l’annonce de la suite de ses aventures. Sony Santa Monica promettait, dès les premiers trailers, une saga épique digne des plus grands héros : plus brutale, plus violente mais également plus profonde grâce à la présence du fils de notre héros. Si cela avait de quoi étonner les fans, habitués à la violence décomplexée des premiers opus, force est de constater que la narration et les relations complexes sont également une corde à l’arc des développeurs. Acclamé par la critique, adoré par une nouvelle génération de joueurs, God of War s’est rapidement placé comme une référence dans le monde du jeu vidéo. Mais assez palabré : qu’est-ce que ça donne ?

D’un point de vue technique, le jeu est tout simplement magnifique : la direction artistique nous offre de superbes environnements et points de vue tout au long du jeu. Les personnages sont très réussis, autant dans l’animation de leur visage que dans le caractère qui est donné à leur expressions ; même Kratos, qui est pourtant réputé inexpressif, pourra passer de la tristesse à la colère de façon très visible. Les environnements, eux, sont très détaillés, et font l’objet d’un traitement de couleurs très poussé : lorsque vous êtes dans des milieux neigeux, des tons de blancs et de bleus donnent aux scènes des airs oniriques, allant jusqu’à dicter les couleurs de la faune pour que celle-ci s’y fonde. D’autre part, les zones plus forestières arboreront des notes plus chaudes, les intérieurs plus confortables, et ainsi de suite. Le traitement de la lumière est particulièrement réussi, surtout dans les lieux clos, où de véritables jeux de clairs-obscurs donnent tout son caractère à une simple cabane de bois rurale. Par ailleurs, le jeu étant en monde ouvert, nous pourrions craindre de nous perdre sans savoir où se rendre, mais la lumière indique le chemin à suivre en l’éclairant subtilement.

La bande-son, elle, sait se faire discrète, et si les doublages sont réussis, on peut néanmoins déplorer des musiques d’ambiances trop oubliables parfois.

Un jeu époustouflant, certes, mais qui, en plus de ça, est très fluide, que ce soit avec une PS4 classique ou une PS4 Pro (même si cette dernière a tout de même un rendu meilleur). En somme, une optimisation aux petits oignons pour un jeu très détaillé. De plus, le soft a un level design très satisfaisant: vous verrez souvent des éléments avec lesquels vous ne pourrez pas interagir tout de suite, mais, heureusement, il n’est pas nécessaire de faire des allers-retours uniquement pour vous en occuper, car le scénario du jeu vous ramènera sur vos pas, vous permettant ainsi de récupérer ce que vous ne pouviez au départ. Mais, ce scénario, du coup ? Est-il à la hauteur ?

Appréciez la lumière, les particules et surtout les traces laissées dans la neige !

 

Si vis pacem, para bellum

Nous retrouvons notre tueur de dieux favori, loin de chez lui et père du jeune Atreus, affairé à récupérer du bois dans les immenses forêts enneigées du Nord. Et pourquoi tout ce bois ? Pour le bûcher funéraire de la compagne de Kratos et mère du garçon. Ah. Bon, c’est ce qu’on appelle une entrée en matière fulgurante. Et si la tragédie investit déjà le joueur dans l’histoire, la relation entre Kratos et son fils vient parfaire l’intérêt qu’on lui porte : Atreus est perdu sans sa mère, et Kratos n’a pas ce qu’il faut pour être père. Après avoir mis le feu au bûcher et regardé le corps de sa bien-aimée se consumer (séquence émotion à la clé, ça fait bizarre de voir le tueur sans scrupule profondément triste), Kratos et Atreus s’en vont pour accomplir les derniers vœux de la défunte : répandre ses cendres depuis le plus haut sommet du monde. Le père et son fils s’embarquent donc dans une épopée digne des plus grandes sagas scandinaves qui les mènera non seulement à travers tout Midgard (le royaume des humains), mais bien plus loin encore également. Hélas, bien que cherchant à vivre en paix et dans l’anonymat, Kratos sera vite rattrapé par son passé, quand les dieux nordiques s’intéresseront un peu trop à lui… 

Comment rendre un personnage déjà débordant de testostérone encore plus viril ? Très facile ! Donnez-lui une barbe !

Comment rendre un personnage déjà débordant de testostérone encore plus viril ? Très facile ! Donnez-lui une barbe !

Cette fois, il n’est pas question de vengeance ; l’aventure entière s’articule autour de ce voyage, qui bien entendu se veut initiatique pour le jeune Atreus. Si la relation entre père et fils est houleuse au départ, Kratos jugeant le petit «pas prêt», elle ne cessera d’évoluer au cours de l’aventure. Réprimant son fils de ses accès de colère, on découvre alors le spartiate rongé par les regrets, éduquant à sa manière l’enfant pour l’empêcher de reproduire ses erreurs. Si la narration se concentre principalement sur le lien qui unit Kratos et Atreus, oscillant entre émotion, humour et brutalité, elle n’en tombe pas moins dans la facilité des séquences émotion pré-construites, malgré quelques passages obligés mais bien amenés. Ainsi, leur relation passera par plusieurs phases que je ne décrirai pas dans le but de vous laisser la surprise, mais, si vous avez apprécié l’évolution de la relation entre Ellie et Joel dans The Last Of Us, alors vous vous délecterez desdites phases.

Mais il faut savoir également qu’Atreus apportera beaucoup à son père : il sait lire les runes futhark (l’alphabet des peuples scandinaves), et connait toutes les histoires et légendes de ces terres, puisque sa mère les lui a apprises. Comme Kratos n’y entend rien (on peut aisément supposer qu’il a assez entendu parler de dieux pour une vie), il sera du devoir de son fils de faire son éducation sur les divers mythes que l’on découvrira au cours de l’aventure. En effet, bien que la narration se concentre sur les liens familiaux, la mythologie nordique restera cependant très présente, et tous les personnages rencontrés au cours de cette épopée seront des entités des mythes. Chaque nouvelle tête sera pour Atreus une occasion d’apprendre à son père, et par extension au joueur, une partie de ses connaissances. Un voyage initiatique pour Atreus, donc, mais également pour Kratos et le joueur.

Jormungand, ami ou ennemi ?

Quoi de neuf en Midgard ?

Si le scénario est plus profond que lors des derniers opus, cette nouvelle mouture propose également de nombreuses nouveautés, et non des moindres. Premièrement, qui dit différente mythologie dit nouveau bestiaire! Vous rencontrerez alors draugr, ogres, elfes noirs, loups, trolls et j’en passe, que vous pourrez maraver gaiement au moyen de votre nouvelle arme, une hache de givre avec laquelle vous pourrez découper ceux qui se mettent en travers de votre chemin, ou que vous pourrez simplement jeter sur ceux ne méritant pas que vous vous déplaciez pour eux ; et vous la jetterez souvent, car, en dehors des combats où elle peut servir pour immobiliser un ennemi vous portant particulièrement sur les nerfs (notamment ceux qui vous attaqueront à distance), les pouvoirs givrants de la hache pourront bloquer certains mécanismes, vous permettant ainsi de résoudre les énigmes qui vous seront proposées. Mais pas d’inquiétude : nul besoin de courir après votre hache, il suffit à Kratos de tendre le bras pour que celle-ci revienne dans son poing à la façon de Mjöllnir, le marteau de Thor.

Qu’en est-il des combats ? tout d’abord, la caméra ne recherchera plus les grands angles comme dans les premiers opus, préférant au contraire rester dans le dos de Kratos, vous privant ainsi d’une partie de votre vision. Mais si la lisibilité des combats en pâtit, cela permet de les rendre bien plus dynamiques, car les attaques dans le dos seront fréquentes. Pour pallier à ça, God of War reprend une mécanique qui avait été vue dans Hellblade : Senua’s sacrifice : lorsqu’un ennemi vous attaque d’un angle que vous ne pouvez pas voir, Atreus (et plus tard un autre personnage que vous rencontrerez au fil de vos aventures) vous préviendra ; à vous ensuite de réagir à cette menace. Nous pouvons également relever que les indications d’attaque apparaissant sur votre ATH réponde à un code de couleurs : jaune pour une menace, rouge pour une attaque au corps-à-corps et violet pour une attaque à distance. Cette tension de ne pas savoir ce qui se passe derrière vous — et vous verrez que les ennemis ont tendance à vous encercler — vous oblige à être extrêmement mobile ; et vous aurez souvent besoin de bloquer un ennemi en lui lançant votre hache dessus pour continuer de massacrer vos adversaires à mains nues. À ce propos, vous remarquerez que vos adversaires possèdent une barre de vie et une barre d’étourdissement : lorsque la seconde barre est remplie, vous pourrez alors leur infliger de très lourds dégâts, voire les achever immédiatement pour les plus faibles. C’est alors le moment de brutalité à laquelle Kratos nous avait habitué. Il y a plusieurs moyens pour faire grimper cette barre chez les ennemis, notamment certains coups spéciaux, très nombreux dans le jeu, mais aussi en utilisant vos poings ou en les projetant contre des murs. C’est un moyen efficace pour vous débarrasser des adversaires les plus faibles et faire grimper votre rage, utilisée comme un état ultime où vous pouvez facilement vous débarrasser de tout ce qu’il y a devant vous. On peut néanmoins déplorer l’absence de plusieurs mouvements d’achèvement : en effet, il n’y en a qu’un seul par type d’ennemis, ce qui a tendance à devenir répétitif à force, mais toujours aussi brutal.

Les trolls fleurent bon la subtilité

Et Atreus dans tout ça ? Rassurez-vous, il ne sera pas dans vos jambes et il n’aura pas une barre de vie qu’il vous faudra gérer en plus de la vôtre : le garçon se porte très bien tout seul, sauf lorsqu’il se fait agripper par un adversaire (l’occasion pour vous d’exercer votre lancé de hache), et il peut même, lorsque vous augmenterez ses compétences, immobiliser un ennemi durant un court moment, vous permettant de le brutaliser sans qu’il ne puisse faire mine de se défendre. Mais sa véritable utilité vient de sa capacité à utiliser son arc : d’une simple pression sur une touche, vous pourrez lui faire décocher une flèche, infligeant de faibles dégâts mais pouvant interrompre les attaques des ennemis, en les étourdissant un instant. Cette manœuvre, très pratique en combat, peut même devenir nécessaire contre certains ennemis trop rapides pour Kratos.

En dehors du combat, cette nouvelle mythologie apporte son lot de nouveaux dieux, dont certains s’allieront à vous, tandis que d’autres vous affronteront. En plus des dieux, vous rencontrerez des nains, des dragons, mais aussi des géants, tous issus des légendes nordiques.

Et impossible de ne pas parler d’une nouveauté apportée par la dernière mise à jour, tant elle a pu me faire rire : God Of War s’est doté d’un mode photo ! En plus des fonctionnalités classiques (orientation de la caméra, filtres, cadres, logos…), ce qui vous fera passer le plus de temps sur ce mode est la possibilité de changer les expressions faciale de Kratos et d’Atreus, à raison d’une quinzaine pour chacun, allant du sourire à la colère, en passant par la grimace. L’essayer, c’est l’adopter ! Des heures de fous-rires en perspective.

Ce n’est pas parce qu’on s’appelle Kratos qu’on ne peut pas prendre de selfie!

En conclusion, ce God Of War apporte un souffle nouveau sur la série, sans pour autant balayer ce qui était ; au contraire, la narration tire de nombreux parallèles dont les fans de longues dates se délecteront. Mais que les néophytes se rassurent, il n’est pas nécessaire de connaître par cœur la première quadrilogie, car chaque élément dont vous pourriez manquer afin de bien comprendre l’intrigue est présenté. Quoi qu’il en soit, une aventure homérique pleine de rebondissements vous attend, alors plongez, et n’hésitez plus, vous y trouverez votre bonheur !

Pour Contre
+ La narration entraînante Le manque de mouvements d’achèvements
+ Le dynamisme des combats  Musiques d’ambiance assez oubliables
+ Très fidèle à la mythologie scandinave
+ La personnalisation via l’équipement
+ Les superbes cinématiques
+ Le mode photo

 Zbradaradjean

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