Détective Pikachu

The Pokémon Company est sans aucun doute la société la plus douée dans la création d’OVNIs vidéoludiques. Souvenez-vous de Pokémon Snap, Pokémon Channel, Hey You, Pikachu!, ou encore Pokémon Conquest et Pokémon Quest! Quelques années après avoir montré une démo technique d’un Pikachu bavard et particulièrement effrayant, Nintendo annonce la sortie de la première version de Détective Pikachu, un jeu épisodique exclusif au Japon. La suite du chapitre 1 ne verra jamais le jour, mais, quelques mois plus tard, une édition complète, comprenant une expérience intégrale pour tous, sort internationalement. C’est donc le 23 mars 2018 que l’Europe a le plaisir de découvrir ce titre, patchwork d’enquêtes policières mettant en scène la mascotte de l’univers des Pokémon douée de parole et amatrice de café. Que vaut ce Neitram de la 3DS? Laissez-moi éclairer votre Lanturn…

Développeur : Creatures
Date de sortie : 23 mars 2018
Console : Nintendo 3DS
Genre : enquêtes & énigmes

Découverte du corps

Procédons un peu différemment que d’ordinaire, si vous le voulez bien!? Je vais tout de suite vous révéler mon verdict: j’ai aimé découvrir Détective Pikachu, mais je n’ai pas aimé jouer à Détective Pikachu. La distinction est très importante. Et, si vous avez lu ma review de Pokémon Méga Donjon Mystère, vous constaterez que je tends à me répéter lorsqu’il s’agit de jeux de la licence des monstres de poche qui ne sont pas développés par les studios Game Freak. Cela dit, vous êtes maintenant certainement impatient de savoir le pourquoi du comment concernant ce soft qui semble vouloir emprunter les mécaniques de l’une de mes sagas préférées: Ace Attorney… Analysons les éléments de l’enquête en interrogeant les témoins de la scène (ou plutôt, le seul témoin ici: moi)!

Témoignage(sss)

Ah… les interrogatoires! Paraît-il que tout détective un minimum qualifié vous dira que c’est le Trousselin du succès! Et même si l’inspecteur Beladonis, membre des Forces de Police Internationales, est plus un homme d’action, il semblerait que notre ami au poil jaune ne jure que par ça! À tel point qu’il m’est difficile de me souvenir d’un autre élément de gameplay de Détective Pikachu… Soyons tout à fait clair: on s’ennuie rapidement dans ce soft. Parler aux gens semble effectivement un point crucial de toute investigation, mais les dialogues des divers PNJs auraient pu être plus inspirés. Contrairement à un certain avocat de la défense en tunique bleue, interagir avec des personnages dans ce titre de Pokémon est d’un ennui mortel; et je vous confirme que c’est ce que vous ferez nonante-neuf pour cent du temps!

C’est rageant, tout de même… N’est-ce pas, Pikachu ?

Cela dit, la faute vient peut-être de la traduction française… En effet, j’ai pu remarquer un laxisme particulièrement détestable dans l’écriture des conversations dans la langue de Voltaire. Grâce aux nombreuses cinématiques — éléments très appréciables, au passage — on peut rapidement constater que, pour cinq mots en anglais, on en retrouve un seul en VF. Changement qui rend le texte monotone au possible, tout en altérant parfois son sens-même. Et donc, quand les voix anglaises des protagonistes ne résonnent plus dans les oreilles, difficile de juger de la qualité du phrasé original…

Certes, vos doigts auront la possibilité de faire autre chose que marteler le bouton A dans le but de passer les messages affichés à l’écran. Comme, par exemple, réussir des QTEs (minis-cinématiques dans lesquelles il faut réussir à appuyer sur un bouton au bon moment) qui demandent de… marteler le bouton A. Bon, j’exagère, je fais un peu ma mauvaise Excellangue. Cela dit, force est de constater que le gameplay peine à se renouveler au fur et à mesure du jeu. Une fois le premier chapitre passé, on espère que l’aspect ultra-simple et simplifié du soft se voulait didactique, mais il n’en est rien. Vous devrez toujours simplement vous balader à droite et à gauche pour recueillir des éléments d’enquête que vous ne relirez jamais, car le jeu sait vous mettre presque tout de suite la réponse aux questions posées en évidence. Une fois tous les interrupteurs déclenchés, vous devrez résoudre une énigme sans jamais réellement pouvoir vous tromper, puisque le détective vous informera, au fur et à mesure, des erreurs que vous faites.

Bref, le jeu est ultra-facile et ne vous punit jamais. On pourrait alors se dire qu’il s’agit d’une expérience réservée aux enfants… sauf que — honnêtement — je ne connais aucune personne de moins de dix ans qui aurait du plaisir à se punir à lire tous les dialogues que propose Détective Pikachu.

Tim Goodman et Pikachu est un duo attachant.

Raconte-moi une histoire

La trame principale n’est même pas spécialement intéressante tant elle est peu mise en avant. Tim Goodman, adolescent au grand cœur, se rend à Ryme City, la ville qui a été témoin de la disparition de son père (enfin un enfant de l’univers de Pokémon qui cherche à se rapprocher de sa famille). Il va tomber — totalement par hasard — sur le partenaire de son paternel: un Pikachu qui parle, mais qu’aucun humain ne comprend… à part le jeune protagoniste. Ensemble, ils vont tenter d’élucider le mystère de l’accident qui a causé l’absence de Harry Goodman. Leurs aventures vont les amener à découvrir l’existence d’une substance capable de rendre fou un Pokémon. En parallèle, on découvre que notre souris détective a radicalement changé de comportement depuis l’incident mentionné plus haut: il est maintenant bourru, ne peut plus utiliser d’attaque Pokémon, mais est aussi amateur de café et de belles femmes. Bizarre…

Sans vous spoiler quoi que ce soit, sachez toutefois que le jeu ne tentera à aucun moment de répondre réellement aux questions que vous vous posez: pourquoi Pikachu est-il devenu ainsi? Qu’est-il arrivé au père de Tim? (Pourquoi les PNJs de cette ville ressemblent tous à des personnages de Cartoon Network?) Les missions s’enchaînent en tissant très artificiellement un lien qui s’effrite rapidement quand on découvre le mystère d’un chapitre. Le fil rouge du jeu mène à un final particulièrement décevant, puisqu’il ne résout absolument rien, nous laissant sur notre faim, dans l’attente d’une suite. (Encore faut-il vraiment vouloir une suite.)

Ne me dites pas que je suis le seul à y voir des ressemblances…

Tout est bien qui finit bien?

Et le positif dans tout ça? Je vous ai pourtant bien dit que j’avais apprécié découvrir le jeu, non? Le positif s’extirpe difficilement des décombres du gameplay et modèle l’univers de The Pokémon Company. Jamais un titre mettant en scène les monstres de poche de Nintendo n’aura été aussi authentique, vivant et organique. On découvre enfin l’harmonie entre les humains et les animaux que les précédents opus de la saga ont mis en valeur. Observer les Pokémon dans leur habitat naturel ou en compagnie d’hommes et de femmes est tout bonnement un délice: le Tarinor qui remplace la boussole du capitaine d’un bateau, les Escroco accompagnant le videur d’une boîte, des Yanma caméramans, des Nucléos sujets à des expériences scientifiques, et j’en passe! Chaque nouvelle rencontre avec une créature — introduite par une mini-cinématique — procure un plaisir non-dissimulé. D’autant plus que les développeurs ont bien mis en avant les sept générations de monstres qui existent à ce jour. Chacun joue les Otarlette, et on apprécie beaucoup!

Même la toute dernière génération de Pokémon est intégrée dans ce jeu. Bravo !

J’ajoute à tout cela le character-design général qui m’a personnellement beaucoup plu, même s’il ne fera probablement pas l’unanimité. En tout cas, une chose est sûre, la mise en scène a été bien réfléchie; les nombreuses cutscenes valorisent énormément les personnages et les Pokémon. Tim et Pikachu sont finalement très attachants (et c’est d’autant plus frustrant de ne pas avoir un dénouement à la hauteur).

Eurêpika

Tous mes points négatifs se concentrent donc sur le gameplay et le manque de variété. Détective Pikachu propose une histoire et un univers général tout à fait agréables et intrigants. Ils servent à mieux comprendre comment humains et Pokémon cohabitent. Ce monde de Nintendo est suffisamment original pour qu’on apprécie s’y mouvoir et interagir avec les autres. Malheureusement, ça ne va pas plus loin. Je ne veux pas être trop méchant envers ce soft, car j’ai eu du plaisir à le parcourir, mais je ne comprends pas exactement à qui s’adresse cette expérience: trop facile pour un bon joueur, trop textuelle pour un enfant, et trop minimaliste pour un fan de Pokémon. L’histoire racontée ici aurait plutôt mérité d’être sous une forme plus passive, comme celle d’un film… ahem… comment ça, c’est déjà prévu? Alors peut-être qu’on se retrouvera en 2019 pour ma review de la version du septième art de Détective Pikachu!

PS: L’amiibo du détective Pikachu est (un peu) inutile, mais franchement classe! Fallait le dire.

Pour Contre
+ Le character-design Trop de texte
+ Le côté loufoque de Pikachu  Encore du texte
+ Tim, ce personnage attachant  Toujours du texte
+ L’univers de Pokémon particulièrement organique  Gameplay quasi-inexistant
+ La variété des Pokémon rencontrés  Histoire et dénouement décevants
+ Les doublages anglais  La traduction française aux Fraive

Thomario

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