Slay the Spire

Depuis toujours, les ovnis vidéoludiques m’ont intrigué. De A Blind Legend, un soft sur mobile qui se joue sans image, à NaissanceE, qui propose de la plateforme sans narration dans un univers sombre et oppressant, en passant par Pyre, curieux mélange entre un jeu de sport et un visual novel, je n’en suis pas à mon premier concept de jeu original. Pourtant, je ne cesse d’être épaté face à l’ingéniosité de certains développeurs, dont l’équipe de MegaCrit, qui a créé mon jeu du moment, Slay the Spire. Exploration de donjons, éléments rogue-likes et deck-building se mélangent dans ce soft épatant.

Développeurs : MegaCrit
Plateformes : PC, Mac, Linux, Switch
Date de sortie : 23 janvier 2019
Genres : Rogue-like, Deck-building

In wandering mazes lost

Se réveillant dans un donjon, le personnage que l’on incarne se prépare à affronter le cœur du monde, un être corrompant l’univers, appelé The Spire. Sans trop d’indication en plus, on parcourt trois étages avant d’arriver à ce boss final et… ne pas réussir à ne serait-ce que l’esquinter. De retour à la case départ avec un second héro, rebelote, puis à nouveau avec un troisième personnage, avant d’enfin pouvoir le combattre.

Enfin ! J’ai fini ma run ! J’ai gagné, non ? Non…?

Sans scénario ni narration et évoluant dans un univers très flou et peu défini, Slay the Spire ne se concentre clairement pas sur son histoire et s’attelle plutôt à proposer un gameplay novateur.

Uplifted imminent one stroke they aim’d

Slay the Spire articule son système de jeu sur trois points principaux qui fonctionnent en symbiose : le deck-building, le dungeon-crawling et le rogue-like.

Le deck-building (« construction de deck » en français) consiste en l’accumulation de cartes à jouer et la sélection de ces dernières en vue de potentielles combinaisons des effets qu’elles proposent. La notion existe en-dehors du monde vidéoludique : pensez par exemple aux jeux de carte comme Yu-Gi-Oh!, Pokémon ou Magic: The Gathering. Dans Slay the Spire, on commence chaque partie avec une sélection fixe de cartes, qui s’adaptent selon le personnage. Celles-ci contiennent un nombre équivalent d’attaques et de défenses, ainsi qu’un à deux effets spéciaux, et comptent entre dix et douze cartes au total. Tout cela nous sert à nous battre, dans un système relativement simple de combat au tour par tour : piochant cinq cartes avant de jouer, on possède un nombre de coups limités par une jauge d’énergie et on défausse sa main à la fin du tour. Une fois que la pioche est vide, on mélange la pile de défausse et on s’en sert comme nouvelle pioche, et ainsi de suite. Ces cartes nous donnent la possibilité d’attaquer, de se défendre, d’appliquer des effets spéciaux comme un affaiblissement ou du poison, ou encore de se donner des bonus ; il s’agira simplement de les sélectionner avec soin pour qu’on soit le plus efficace possible.

Comment fournir son deck ? On peut en acheter, en trouver dans des salles spéciales, ou sinon, à la fin de chaque combat, on peut choisir parmi trois cartes présentées aléatoirement afin d’en intégrer une à notre deck. Cependant, pas toutes les cartes sont bonnes à prendre : certaines, les malédictions, auront un effet négatif dont il conviendra de se débarrasser en payant un marchand itinérant ou en profitant d’un événement aléatoire qui permet de le faire.

Les combats demandent donc beaucoup de stratégie, ce qui est accentué par une mécanique simple mais diablement efficace : on sait ce que les ennemis feront le tour suivant. En effet, au-dessus de leur tête est affichée une petite icône décrivant le type d’action qu’ils projettent de faire, et les éventuels dégâts que cela nous fera. Ainsi, notre sélection limitée de carte ne nous servira pas qu’à attaquer bêtement, mais nous permet de réagir à ce qui se passera au tour suivant. Dès lors, l’importance d’avoir un deck qui mélange  efficacement attaque et défense devient vitale. Cela donne aussi de l’intérêt aux personnages jouables aux styles de jeu différent, puisque la stratégie à adopter devra être adaptée en fonction de qui l’on joue.

On retrouve également des effets, comme la force, la faiblesse, le poison, etc.

Le dungeon-crawling (littéralement « ramper dans un donjon ») demande au joueur d’explorer des donjons ou d’autres structures similaires prenant souvent la forme d’une succession de salles. Fonctionnant régulièrement avec un système d’étages gardés par des boss, que l’on escalade ou dans lesquels on s’enfonce, les dungeon-crawler proposent également des objets à collecter pour augmenter ses chances de survie. Dans Slay the Spire, on retrouve les éléments classiques du genre : avançant dans des zones labyrinthiques, on monte progressivement les étages, affrontant un boss à chaque fois qu’on s’apprête à changer de zone, récupérant des reliques afin d’obtenir des bonus, et passant dans des magasins pour se fournir en cartes, potions et matériel.

Plusieurs chemins s’offriront à nous, il faudra donc choisir avec précaution.

Le rogue-like est un style de jeu qui demande à ce que la mort permette de progresser dans le jeu, en débloquant par exemple des bonus pour les essais futurs. Les exemples de rogue-likes sont nombreux, mais les plus connus sont SpelunkyRogue Legacy ou encore Binding of Isaac. Si le sujet vous intéresse, je vous invite à lire l’article de Dr. D. sur le sujet. Ici, chaque tentative, réussie ou échouée, fait augmenter une barre d’expérience qui, arrivée à terme, débloque de nouvelles cartes et reliques qui apparaissent alors dans les parties suivantes. De même, la possibilité de jouer trois personnages différents augmente à la fois les possibilités stratégiques, puisque tous ont des styles de jeu différents, mais aussi la rejouabilité : il faut atteindre The Spire avec chaque héro avant de pouvoir le combattre.

On comprend alors comment ces différentes facettes se complémentent et fonctionnent entre elles : le dungeon-crawling donne vie au deck-building en proposant des combats, des reliques à collecter et des cartes à ajouter à son jeu, tandis que les éléments rogue-like encouragent le joueur à essayer plusieurs combinaisons, plusieurs decks, afin de profiter du soft, qui se fournit en contenu petit à petit, au fur et à mesure que l’on débloque de nouveaux items.

Beneath him with new wonder now he views

Côté graphismes, on est sur une patte graphique typée dessin à la main, avec des aspects très cartoons et simplistes, notamment en ce qui concerne les monstres et ennemis que l’on affronte. Les animations sont relativement simples, et ne se complexifient que pour rendre certains passages plus marquants, comme les combats de boss. Le jeu n’est pour autant pas exceptionnel, mais se dote tout de même de visuels qui le différencient de la concurrence.

Des environnements aux ennemis, le jeu a un rendu singulier.

Sing Heav’nly Muse

La musique est un point fort de Slay the Spire. Orchestrale et dynamique, elle sait rythmer les combats et la progression dans le monde étrange qui nous est présenté. Planante comme énergique, on se laisse emporter par les instruments variés et virtuoses.


Des morceaux épiques.

Awake, arise or be for ever fall’n

Le côté aléatoire peut être un point frustrant, vu comme la chance joue un rôle central dans les drops qu’on obtient. Malgré tout, c’est aussi ce qui fait le sel de Slay the Spire. Avancer sans savoir ce qui nous attend, tâtonner en espérant obtenir LA carte qui nous sera utile, ça fait aussi partie de l’aventure, et de l’intérêt pour le jeu. Pile ce qu’il faut entre difficulté, aléatoire et prévisible, Slay the Spire est un jeu de carte à essayer à tout prix, si le genre vous intéresse. De par sa singularité et sa rejouabilité associée au genre du rogue-like, le soft saura plaire à plus d’un.

Pour Contre
+ De jolis graphismes Le côté aléatoire peut s’avérer frustrant
+ Le gameplay riche, complexe et original
+ La rejouabilité ad infinitum
+ La bande-son dynamique et épique
+ La variété de chaque personnage

Ante

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