Si je devais qualifier la campagne marketing de la suite très anticipée de The Last Of Us, j’utiliserais le mot « troublée ». En effet, après des leaks importants du jeu en mai, Sony et Naughty Dog ont tenté tant bien que mal de contrôler l’information, allant jusqu’à bloquer les vidéos parlant du jeu sur Youtube. Pourquoi ? Car les leaks mettaient en avant plusieurs informations majeures de The Last Of Us Part II avec des cinématiques et même des phases de gameplay ! Je fais partie de ceux qui les on vu avant la sortie du jeu, mais je souhaitais vraiment tenter l’expérience avant de juger le produit final. Les reviews de The Last Of Us Part II m’ont surpris puisque qu’elles étaient presques toutes unanimes : le jeu est un chef d’oeuvre absolu, ce qui m’a poussé à avoir un regard d’autant plus sceptique au moment d’y jouer. C’est pourquoi j’ai décidé de rejouer à The Last Of Us avant de me lancer dans The Last Of Us Part II pour être parfaitement dans le bain. Retour sur mon expérience et mon avis… Attention, contient des spoilers !
Développeur : Naughty Dog
Distributeur : Sony Interactive Entertainment
Date de sortie : 19 Juin 2020
Plateformes : Playstation 4
Genre : Action-Aventure, survival horror
Bienvenue à Jackson
Le jeu nous plonge directement après les événements de The Last Of Us : Joel explique à son frère, Tommy, qu’il a éliminé les Lucioles pour sauver Ellie. Tommy promet de garder ce secret jusque dans la tombe avant de retourner à Jackson à cheval. Ce soir là, Joel passe chez Ellie et lui propose d’apprendre à jouer de la guitare, comme il le lui avait promis dans le premier opus. Coupure au noir et ellipse de quatre an. Ellie est envoyée en patrouille avec son amie/petite amie, Dina, dans les alentours de la ville. On passe ensuite vers Abby, le nouveau personnage jouable, qui réside avec son groupe dans un chalet à quelques miles de Jackson. Owen, l’ancien intérêt amoureux de Abby, lui montre la ville, dans laquelle ils cherchent apparemment quelqu’un, ainsi qu’un point de contrôle pour les patrouilles non loin de leur position. Abby décide de s’y rendre seule. Puisqu’on est en hiver, nos deux personnages jouables manquent de chance et se retrouvent coincés par une tempête de neige qui se lève soudainement. Ellie et Dina trouvent refuge dans le sous-sol d’une bibliothèque où elles trouvent de la weed et ont un moment assez intime, là où Abby se retrouve non seulement dehors dans le blizzard, mais est aussi poursuivie par une horde d’infectés.
Alors que la situation semble désespérée, Abby est sauvée par Joel et Tommy, alors en patrouille, et arrive à s’échapper avec eux. Elle leur propose d’aller dans son refuge, là où son groupe pourra s’occuper de la horde, ce qu’il acceptent sans hésiter. Une fois à l’abri, Joel et Tommy se mettent au chaud et se présentent au nouveau groupe. À peine leur identité révélée, la tension monte ; Joel comprend qu’ils sont en territoire hostile, mais avant qu’il ait le temps de faire quoique ce soit, Abby sort un fusil à pompe et lui tire dans le genou. Retour vers Ellie et Dina, elles sont surprises par Jesse, l’ex de Dina, qui était leur chef de patrouille. Il leur explique qu’il n’a pas pu relayer Joel et Tommy car ils ne sont pas retournés au poste de contrôle. Comprenant que quelque chose n’allait pas, Ellie, Dina et Jesse se séparent. Par pure chance, Ellie se dirige vers le repère d’Abby et de son groupe. Après s’être infiltrée dans la maison, elle entre dans le sous-sol pour trouver Joel à terre, meurtri, et Tommy retenu par deux individus. Malgré sa tentative d’intervention, elle est rapidement maîtrisée et mise à terre. Autant enragée que désespérée, elle supplie Abby d’arrêter et de laisse Joel partir. Mais Owen demande à Abby d’abréger la torture ; un grand coup de club de golf et c’en est fini de Joel.
Les deux premières heures de jeu ont le mérite d’être intenses. La narration est honnêtement au top : on alterne entre les points de vue d’Ellie et d’Abby, ce qui crée une forte anticipation pour les événements à venir. La phase où on amène Ellie vers le chalet où Joel est torturé est angoissante, et le fait qu’Ellie ne sache pas ce qui se passe la rend encore plus inquiétante : être conscient des dangers à venir renforce nos sens et nous donne envie de crier : « non Ellie, n’y va pas ! ». Cependant, cette séquence marquante est quelque peu gâchée par un petit détail : Abby sort littéralement de nulle part. Je ne vais pas prétendre que rencontrer un personnage qui en veuille à Joel soit impossible, bien au contraire, il y a probablement plein d’ennemis qui veulent l’éliminer vu les événements du premier jeu et des actions qu’il a dû entreprendre pour survivre. Cela dit, Abby n’explique pas ses motivations. Elle cherche quelqu’un, le trouve et le tue, un point c’est tout. Et le jeu passe rapidement à la suite sans s’attarder : Tommy veut se venger et part pour Seattle, là où le groupe d’Abby a son QG. De même, Ellie part, accompagnée de Dina. Il devient rapidement clair que The Last Of Us Part II sera une quête de vengeance.
Bienvenue à Seattle
The Last Of Us Part II devient rapidement moins intéressant d’un point de vue scénaristique à partir de ce moment là. Ce n’est pas forcément que l’histoire n’a pas de sens ou que la ville de Seattle n’est pas intéressante, mais c’est plutôt la narration qui tourne au vinaigre. En fait, le jeu change complètement de structure narrative : là où les deux premières heures alternaient entre les points de vue, les vingts heures qui suivent sont découpées en deux parties distinctes, soit environ dix heures où on vit trois jours à Seattle avec Ellie, puis de nouveau dix heures où on revit ces trois jours avec Abby. Je tiens à dire que ce n’est pas que le gameplay devient faible, où que l’histoire devient mauvaise, bien au contraire. C’est bien la narration, la façon de raconter l’histoire, qui me déplaît. Chaque événement marquant passe trop vite et chaque mort est oubliée rapidement puisqu’on ne voit (et ne vit) leur impact que dix heures plus tard. La mort de Mel et Owen en est un parfait exemple : Ellie les élimine car ils ne coopèrent pas et s’en va. C’est seulement dix ou onze heures plus tard que l’on voit Abby réagir à la nouvelle, ce qui est problématique car, très honnêtement, on a déjà eu le temps de passer à autre chose. Je suis obligé de parler du jeu comme d’un film pour ce point , mais je pense que The Last Of Us Part II aurait pu être absolument sublime s’il avait été monté différemment, si les séquences s’enchaînaient dans un autre ordre, si on alternait plus souvent entre les points de vue, comme dans l’introduction.
Derniers survivants dans un monde sublime
Ce que le jeu fait très bien c’est le gameplay. The Last Of Us Part II reprend toutes les mécaniques du premier opus sans trop les changer, et ajoute un ou deux nouveaux éléments, comme le fait de pouvoir se camoufler dans l’herbe en s’y couchant ou de nouveaux types d’infectés qui nécessitent une nouvelle approche. Les innovations sont peu nombreuses, mais le jeu n’a clairement pas besoin de plus. Les phases de gameplay sont tout simplement géniales : le combat est fluide, le maniement des armes (et spécifiquement l’arc) est solide, l’infiltration est au poil, l’IA est très (peut-être parfois trop) compétente, et la difficulté est parfaitement ajustable pour tous les niveaux. En plus, le jeu est absolument sublime. Il suffit de voir un peu de gameplay pour s’en rendre compte : les horizons paraissent lointains – donnant un sentiment d’espace à couper le souffle – les intérieurs sont détaillés, la lumière est tantôt accueillante, tantôt oppressante, et les personnages sont animés avec grand soin. Le sound design est aussi un point fort du jeu. Les séquences de gameplay avec les rôdeur – un type d’infecté qui chasse activement en se cachant et en nous sautant dessus quand on ne s’y attend pas – sont absolument glaçantes grâce aux sons que l’on peut entendre : chaque craquement, chaque bruit de pas et chaque respiration rauque joue avec notre attention pour nous enfermer dans un sentiment d’oppression vraiment saisissant. Il n’y a rien à redire, d’un point de vue technique, The Last Of Us Part II frôle la perfection.
Solo de guitare
Parler de The Last Of Us sans parler de guitare serait un affront. La bande originale, toujours composée par Gustavo Santaolalla, est absolument sublime. De plus, le jeu propose de jouer de la guitare ! Le pad de la manette PS4 devient les cordes à gratter : il faut passer le doigt au travers pour jouer les accords. Ces sections révèlent la précision du pad, puisqu’avec un peu d’entraînement, on arrive à jouer seulement certaines cordes en fonction de la position de notre doigt. On change d’accord en utilisant le joystick gauche et les touches R1 et L1 pour passer d’une liste d’accords à une autre. Ces séquences sont absolument géniales et on a envie de s’essayer à jouer les accords de nos chansons favorites tout en chantonnant. Tout cela pour dire que la BO, officielle ou créée par le joueur pendant ces phases de jeu, est poignante, engageante, et tout simplement magnifique.
The Last Of Us
Il est difficile pour moi d’être convaincu que le jeu est une réussite complète. Malgré un gameplay sans bavure, des graphismes époustouflants, un sound design très travaillé, une bande originale marquante, et une histoire qui, au fond, marche assez bien, le jeu est, pour moi en tout cas, handicapé par la narration. Je suis conscient que pour beaucoup, la narration n’est pas du tout un élément central du jeu, mais pour The Last Of Us Part II qui mise quand même beaucoup sur l’histoire je trouve qu’une bonne histoire mal racontée gâche l’expérience. J’ai été frustré par les décisions des personnages qui ont parfois peu de sens, par les événements dont l’impact a été amputé par dix heures de jeu et par certains personnages qui sont clairement plus fonctionnels qu’autres choses – je pense notamment à Jesse. Pour beaucoup je suis certain que ce ne sera pas un problème, mais pour moi ça l’a été. Je garderai tout de même de bons souvenirs du jeu, mais je n’approuve pas les notes parfaites qu’il a reçues.
Pours et contres
Pour | Contre |
---|---|
+ Une histoire intéressante | – Une narration parfois convenue, mais surtout qui réduit l’impact de certaines séquences |
+ Un gameplay excellent | – Certains personnages un peu plats |
+ Des graphismes impressionants | |
+ Une bande-son superbe et marquante | |
+ Un sound design très réussi | |
+ Des options d’accessibilité très variées qui permettent à n’importe qui de profiter du jeu |
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