Par où commencer ? S’attaquer à la critique de Disco Elysium est un tâche pour le moins dantesque. Premier né du studio indépendant estonien ZA/UM, il s’agit d’un jeu de rôle et d’enquête dans lequel on incarne un détective se réveillant après une turbo-cuite le laissant amnésique faisant face à une enquête qui mènera aux confins de sa propre conscience…
Développeur : ZA/UM
Date de sortie : 15 octobre 2019
Plateformes : PC, Mac, Switch, PS4, Xbox One
Genres : Jeu de rôle et d’enquête
Réveil difficile
Rien ne va plus pour… pour… comment est-ce que vous vous appelez, déjà ? Et puis, où êtes-vous, d’abord ? Autour de vous, noyée dans une odeur pestilentielle d’alcool avarié, une chambre dans un état déplorable. Soudain, un froid vous parcourt l’échine, une voix vous supplie de vous réchauffer ; vous êtes nu, au milieu du silence. À peine vous relevez la tête qu’une lancée douloureuse vous broie l’arrière du crâne. C’est une migraine, un long râle malfaisant qui s’attaque à votre cervelle et vous paralyse. N’espérez pas pouvoir ouvrir les yeux, la lueur filtrée d’un jour brumeux qui traverse la fenêtre cassée en face de vous est telle une coulée de lave le long de votre cornée.
1. Je me lève malgré la douleur. Ce n’est pas ça qui aura raison de moi !
2. J’attends que tout cela me passe, j’irai mieux après… j’espère.
3. Je me rendors, tant pis pour aujourd’hui.
Je me lève malgré la douleur
C’est un effort surhumain que vous entreprenez pour décoller les épaules du canapé troué et imbibé d’alcool qui vous sert de couchette. Votre ventre semble se fendre en deux, vos muscles tressaillent. Vous retombez lourdement là où vous étiez il y a 3 secondes. Chaque instant semble une éternité. Vous prenez votre respiration et vous levez subitement, tressaillant. Étouffant un rauque murmure de douleur, vous ouvrez les yeux. La lumière vous brûle, elle vous assaillit et vous force à vous coucher à nouveau. Un nuage bleuté semble imprimé sur vos paupières. Nouvelle idée : et si vous rouliez ? C’est chose faite. Le choc du sol froid sur votre ventre vos force à vous mettre à quatre pattes. Vous êtes haletant. Après quelques instants, vous peinez à vous mettre sur vos pieds, vous aidant du canapé ranci à votre côté pour vous lever. Une poignée de minutes s’écoule et un frisson vous parcours : des vêtements, vite.
1. Je ramasse mes vêtements au plus vite.
2. J’observe la chambre autour de moi.
J’attends que la douleur passe
L’attente est longue, effroyable. Vos intestins semblent se mouvoir d’eux-même, se recroqueviller en vous, se resserrer pour se tenir chaud. Peu à peu, ce n’est plus la douleur qui vous obsède, mais un bruit régulier… un tic… puis un tac… Une horloge ? Vous vous étiez promis d’attendre que la douleur s’en aille, alors vous n’ouvrez pas les yeux. Mais ce bruit… Il vous ronge, s’infiltre dans les méandres de votre cerveau, massacre vos tympans. Il résonne. Tic-ic-ic-ic… Tac-ac-ac-ac… Devenez-vous fou ? Ou est-ce la douleur qui vous met en transe ? N’avez-vous rien de mieux à faire que d’attendre ? Non, une loque pareille ne fait certainement rien d’important de son existence. Et ce mal de crâne… De toute évidence, vous ne vous échapperez pas de ce corps. Est-ce de la musique que vous entendez ? Elle vous rappelle quelque chose. Vous avez froid. Bon Dieu ce qu’il fait froid.
1. Je ramasse mes vêtements.
2. J’écoute la musique.
3. Je reste couché, et essaie d’ignorer le monde autour de moi afin de dormir.
Je m’endors
La douleur s’envole peu à peu, votre esprit s’élève. Vous êtes dans une cour. Un arbre se dresse face à vous et à ses branches… un pendu ? Vous vous approchez et constatez en effet qu’un homme mort se tient face à vous. Sa chair putride est marquée de coups, ses yeux sont enflés, immondes, et sa langue, sortie, est d’un bleu blafard qui vous rappelle… vous rappelle… Rien ne vient. Les yeux du macchabée s’animent soudain et vous fixent. D’une voix rauque effrayante, il se met à marmonner, à vous parler. « De toute façon, qui voudrait d’une loque pareille ? Tu te souviens de ton nom ? De ta famille ? De ton travail ? Non, certainement pas. Tu n’es qu’un vermisseau, une créature insignifiante qui ne parviendra à rien. » Vous vous étranglez : comment le saurait-il ? Et puis, vous le connaissez ? « Oh, mais on se connaît. Je ne suis qu’une autre voix dans ta cervelle ramollie, noyée dans l’alcool. Je te connais car je fais partie de toi. J’irai même jusqu’à dire que je suis toi. » Estomaqué, vous vous retournez et cherchez à fuir. Y a-t-il une issue, quelque part ? Si ce n’est que dans votre tête, vous pouvez toujours en sortir…
1. Me réveiller. Me réveiller. Me réveiller. Et vite.
2. Tant pis, j’accepte mon sort.
Je ramasse mes vêtements
Vous voila debout. Désorienté, mais debout. Un rapide coup d’œil au dépotoir qui vous sert de chambre vous permet de repérer où sont vous vêtements. Non sans peine, vous ramassez votre chaussette droite, qui vous servait d’oreiller ; s’ensuit votre chemise, qui traînait au milieu d’un tas de bouteilles vides ; c’est au tour de votre veste, gisant dans une flaque de… vous préférez ne pas vous poser de questions ; votre pantalon est en boule au fond de la baignoire ; enfin, votre cravate, qui… est accrochée au ventilateur au plafond, pour une raison que vous ignorez.
1. Je saute pour l’attraper.
2. J’allume le ventilateur pour la faire tomber, peut-être.
3. Je convainc le ventilateur de me la rendre.
J’observe la chambre
Autour de vous, une chambre d’hôtel délabrée. Difficile à penser que qui que ce soit paierait pour y dormir. La fenêtre est cassé, le canapé est crasseux, les murs sont indentés comme si on les avait frappé à répétition de longues heures durant. Et cette odeur d’alcool… vous parvenez à vous retenir de vomir. Cette fois. Vous ignorez si c’est votre état, mais le monde vous semble comme une peinture. Les environnements sont détaillés mais emprunts comme d’une patte d’artiste surréaliste ou fauve. Dans une multitude de couleurs blafardes ressortent des rouges, des jaunes, des verts et des bleus, saturés, tapes-à-l’œil. Et ces traits… vous pourriez jurer que le monde a été dessiné par de larges coups de pinceau. Il s’en dégage une atmosphère sombre et triste. Une sorte de dure réalité endurcie encore par un trait déprimé. Mais c’est étonnement plaisant à regarder. Vous pourriez même aller jusqu’à dire que cette chambre délabrée est de toute beauté, aussi saugrenu que ce soit. Tout semble sale, pauvre, crasseux ; tout est beau, détaillé, finement peint, posé là avec attention. En scannant l’horizon, aucun objet semble être à double – sauf à vos yeux de saoûl – tout est unique. Et ce vent que vous voyez s’animer à vos yeux est merveilleux, chaque petit mouvement, signe d’animation, est finement représenté. Ce vent est… ce vent est… froid. Glacial. Vos vêtements. Vite.
1. Je m’habille enfin.
2. Je préfère me rendormir plutôt que de vivre là-dedans.
J’écoute la musique
Tant pis pour le froid ; vous serrez les dents et tentez de stopper vos tremblements. C’est un étrange morceau qui vous berce. Des accents de guitares noyées dans de la réverbération, un piano mélancolique qui hésite à chaque note, accompagnés… d’une trompette ? Et une batterie, pour sûr, et… vous ne saurez dire. Des sons sortis d’une autre planète, probablement. Est-ce que seulement vous croyez aux aliens ? Non, peut-être pas, ou qui sait. Votre attention se pose à nouveau sur la musique qui vous enveloppe. Le morceau a changé, ou du moins c’est ce que vous croyez. Tout est devenu sombre, glauque, étouffant. Tout est saturé et vous ne reconnaissez aucun instrument. Si, un tambour, qui échappe au néant que vous écoutez l’espace que quelques instants, de façon régulière. La piste est telle une ombre se mouvant dans le coin de votre vision, toujours là, mais jamais visible. Une présence vous suit, la musique vous poursuit. Vous auriez voulu vous réchauffer le cœur avec cette musique, mais elle vous glace le sang. Puis quelques notes de piano, et le calme plat… Un violon ? Un instrument à cordes, pour sûr, et cette trompette qui plane dans le fond… Vous n’en revenez pas. Tout paraît si doux, si… sécurisant. Vous vous laissez bercer quelques instants puis reprenez vos esprits. Quelle versatilité. Quelle immersion. Tel un poignard dans le torse, le froid vous sort de votre écoute : vous habiller, vite ! C’est votre corps qui vous le hurle.
1. Je ramasse mes vêtements.
2. Je préfère me rendormir.
Je préfère ne pas me réveiller du tout
La voix du pendu vous obsède. Elle est horrible, elle râpe vos oreilles, démange vos tympans. Vous n’êtes qu’un imposteur ; ou plutôt, vous êtes l’ombre de quelqu’un de grand qui a échoué ; non, ce n’est pas ça, vous êtes capable de vous en sortir, vous avez simplement fait les mauvais choix ; ou est-ce que vous deviez faire quelque chose d’important ? Rien de cela n’a d’importance. Vous vous élevez, une légèreté vous envahissant. L’aventure fut courte. Vos choix auraient-ils pu y changer quoi que ce soit ? Après tout, nous ne sommes que des choix, des routes prises parmi une infinité de chemins abandonnés. Le pendu disparaît peu à peu, vous le quittez pour un néant froid mais rassurant. Ou chaud mais inquiétant. Ou un subtil mélange des deux. Peu importe. L’aventure, pour vous, s’arrête ici.
1. Comment ça ? Non, je peux faire mieux ! (Recommencer)
2. C’en est en effet fini. (Conclusion)
Je saute pour attraper ma cravate
Pliez vos genoux pour prendre de l’élan est douloureux, mais vous y parvenez malgré tout. Après tout, vous n’êtes rien sans votre cravate. En vous propulsant à pieds joints, vous sentez quelque chose craquer dans vos jambes. Votre main virevolte en espérant se saisir du vêtement abandonné. Elle vous regarde d’un air triste. Vous retombez lourdement à terre, et perdez l’équilibre. Tous ces points que vous avez en capacité physique doivent servir à quelque chose ! Vous vous relevez, déterminé, et vous élancez à nouveau. Et ça a marché, aussi incroyable que cela puisse paraître. Vos doigts grassouillets s’entremêlent au tissu taché qui constitue votre fidèle compagnon et s’en emparent vaillamment. Triomphant, vous attachez votre cravate. Vous avez oublié comment la nouer correctement, mais tant qu’elle est à votre cou, tout ira bien. Elle vous accorde un point de compétence en déduction. Joli. Vous en déduisez qu’il vous manque vos chaussures. Les attrapant dans un placards, vous remarquez qu’il vous manque toujours une chaussette, au pied gauche. Bah, tant pis. Si vous ne l’avez pas trouvée ici, elle sera dehors. Et ça tombe bien, c’est là où vous vous dirigez.
1. Je sors de ma chambre, il a l’air de faire jour.
2. Je remercie ma cravate de m’accompagner.
J’allume le ventilateur pour faire tomber ma cravate
En scrutant avec attention, vous remarquez un fil interrupteur pour le ventilateur qui gît au-dessus de vous. Lever votre bras donne l’impression d’essayer de soulever une voiture, mais en persistant vous parvenez à vous en saisir. Tirant, ou plutôt, vous laissant tomber l’interrupteur en main, le ventilateur s’allume ! Mais la cravate reste nouée et plane au rythme des hélices. Cela n’a pas marché, comment faire… réfléchissez, réfléchissez. Et si vous sautiez pour l’attraper ? Avec cette vitesse ce sera trop compliqué. En plus, vous remarquez dans votre main boursouflée la corde du ventilateur que vous avez arrachée. Réfléchissez… vous n’avez pas mis des points en intelligence pour rien ! Vous voyez devant vous un placard – ou plutôt ce qu’il en reste, la porte est brisée en deux – et un balai. Vous vous relevez, vous saisissez du manche dur et sec, puis tentez de bloquer les pales. Au lieu de cela, le balai se brise. Mais plus dramatique encore, votre cravate s’enchevêtre dans le moteur du ventilateur et se déchire, avec vos espoirs. Vous voila habillé. Vous enfilez vos chaussures sans prendre en compte votre chaussette gauche manquante. De toute façon, vous n’avez plus de raison de vous en faire, votre cravate n’est plus.
1. Je sors de là, tant qu’à faire. Je suis découragé.
2. Je maudis cet hôtel.
Je convainc le ventilateur de me rendre ma cravate
Cela fait maintenant une dizaine de minutes que vous contemplez le ventilateur. Votre nuque semble bloquée dans cette position. Un torticolis, ou peut-être une vertèbre déplacée. À force de le fixer, votre vision se trouble. Agacé, vous ouvrez votre bouche pâteuse et demandez à votre… interlocuteur… de vous restituer ce qui vous revient de droit. Le ventilateur se meut alors, et vous rétorque, grondant : « Vous me dérangez depuis trois jours avec vos pleurs et votre alcool qui empeste. Pourquoi vous aiderais-je ? Vous avez voulu vous en débarrasser, pourquoi ne pourrais-je pas la garder ? » Vous grognez. Vous n’êtes pas d’humeur, et franchement, vous pourriez aisément casser ses pales pour récupérer votre cravate. Alors soit il coopère, soit vous employez la manière forte. Interloqué, le ventilateur vous observe, de manière défiante. Après un long silence, il accepte de vous la rendre, à condition que vous l’activiez. Ce faisant, votre cravate glisse de ses hélices et atterrit sur votre nez bouffi et rougeoyant. Vous enfilez enfin votre cravate. Vous saviez que votre spécialisation dans les compétences psy vous serait utile un jour ! Pour vous remercier, elle vous fait un clin d’œil et vous offre un bonus de déduction. Sympa ! Vous enfilez vos chaussure en ignorant votre chaussette manquante et vous dirigez vers la porte de la chambre. Elle est en bois massif, mais la serrure semble cassée.
1. Je sors de ma chambre en remerciant la porte.
2. Je remercie le ventilateur.
Je remercie ma cravate
Votre cravate ne vous répond pas. Elle reste là, inerte, sur votre torse. Quelle drôle d’idée que de vouloir parler à des objets. Vous décidez de sortir, votre intuition vous dit que quelque chose d’important vous attend.
1. Je sors de la chambre. Après tout, il fait jour.
Je maudis l’hôtel
Vous pestez. Tapez du pied. Crachez votre haine à cet établissement miteux qui vous fait tant souffrir. Honte à lui ! Vous prenez un moment pour vous remettre de vos émotions. Vous vous souvenez ne pas avoir investi vos points de compétence dans de l’éloquence, vous ne serez donc peut-être de toute façon pas compris. Tant pis. Vous êtes toujours triste, mais décidez de sortir.
Je remercie le ventilateur
Ce dernier vous fait un signe pour vous signifier son plaisir de vous avoir aidé. Poliment, mais tout de même avec des réserves. Bah, vous pouvez le comprendre. Il est temps de partir.
1. Je sors en remerciant la porte au passage.
Je sors de ma chambre, puisqu’il fait jour
L’air à l’extérieur de votre chambre réchauffe votre visage bouffi. Pendant quelques secondes vous fermez les yeux. En les rouvrant, vous voyez une femme écraser sa cigarette, vous jeter un regard doux-amer avant de s’enfermer à clé dans la chambre voisine à la vôtre. Une musique vous parvient du hall. Derrière vous, une baie vitrée donnant sur la place du village. Il pleut. En jetant un coup d’œil plus attentif, vous voyez une colonne de véhicules arrêté, des camions. Leurs conducteurs, moroses et visiblement fatigués, attendent au milieu de la boue. À leur droite, une étendue d’eau – une mer ? – et de vieux cannons le long de la jetée. L’un des camionneur s’avance le long de la file un panneau en carton à la main. L’effort de concentration pour lire ce qui est écrit semble vous broyer les neurones, mais vous parvenez à déterminer qu’il proteste contre le groupe qui gère les docks. De l’autre côté de la place, un bâtiment abandonné et à moitié en ruine, ainsi que des boutiques blafardes, grisonnantes, vraisemblablement vide. De l’escalier vous entendez un homme crier « Détective, est-ce que vous allez bien ? » Voilà probablement la raison de votre présence ici, vous sentiez que quelque chose d’important vous attendait. Vous vous dirigez vers la voix.
1. Descendre et découvrir qui vous appelle.
Je sors de cette triste chambre
L’hôtel est morose, mais il fait meilleur à l’extérieur de votre chambre à la fenêtre cassée. Les murs sont décrépits, la lumière gris-pâle d’un jour pluvieux donne l’impression que la vie s’est arrêtée. Face à vous, un femme finit sa cigarette. Une voix s’élance à l’arrière de vos pensées : « Une cigarette. Cela fait longtemps que tu n’en as pas fumé une. Mmmh. Imagine l’âpre parfum du tabac dans tes poumons… » C’est votre système endocrinien qui vous parle. Vos hormones en manque de stimulations. L’idée d’une cigarette vous allèche, quand une voix plus profonde gronde par-dessus l’autre. Vous n’avez quand même pas envie de recommencer ? Vous ne sauriez vous rappeler quand, mais vous vous étiez juré d’arrêter cette saloperie. Votre raison essaie de vous ramener à elle.
1. J’écoute mon désir : je veux une clope.
2. Ma raison a… raison. Mieux vaut ne pas importuner cette femme.
Je sors de la chambre en remerciant la porte
Vous quittez votre chambre, sans oublier de remercier la porte qui s’est ouverte sans peine. Dans votre état, cela vous apporte un peu de répit bienvenu. La porte hoche la tête alors que vous la franchissez. « Vous parlez aux portes, maintenant ? » Votre sang ne fait qu’un tour. Face à vous, une jeune femme – enfin, vous la pensez jeune – frêle qui écrase sa cigarette dans un cendrier.
1. Je la salue poliment (impossible à cause de l’alcool)
2. Je prétexte qu’il s’agit d’un petit rituel personnel (éloquence : impossible 20)
3. Je grogne et la drague au passage.
4. Je m’excuse sans chercher de justification (impossible à cause de l’alcool)
J’écoute mon désir
Vous vous approchez de la femme, obnubilé par l’odeur du tabac brûlé. Quand vous lui faites face, vous sentez votre salive envahir votre bouche. Vous lui demandez maladroitement une cigarette. La femme pose son regard sur vous un instant, semblant vous sonder. « Elle te juge. Elle voit à quel point tu est pathétique. » Votre instinct vous la présente comme hostile, mais son regard s’adoucit à mesure qu’elle vous jauge. Elle esquisse une sourire gêné et vous répond avec empathie que c’est sa dernière. Elle écrase ce qui reste de son mégot et s’excuse, avant de regagner sa chambre. Le mégot est encore fumant. « Il doit encore y avoir une bouffée. Prends-la. Tu la mérites après cette nuit. » Au même moment, une voix appelle depuis les escaliers, et demande à voir un détective. Peut-être est-ce vous ? Votre esprit de corps se réveille soudain : vous êtes détective. Ou du moins de la police. C’est probablement vous qu’on appelle. Mais ce mégot de cigarette…
1. Mon système endocrinien a raison. Je l’ai méritée.
2. Ignorer mon addiction et descendre.
J’écoute ma raison et n’importune pas cette femme
Vous balbutiez une salutation en passant à côté d’elle. Votre for intérieur vous crie que vous avez besoin d’une bouffée de tabac. Mais vous résistez, malgré la douleur que ça vous cause. Vous perdez un point de santé mentale.
1. Descendre les escaliers, puisqu’on m’appelle.
J’ai mérité une bouffée de ce mégot
Vous ignorez pour l’instant la voix qui vous appelle. Votre système endocrinien a raison : vous avez eu une matinée pourrie, autant se faire plaisir. Vous vous saisissez du mégot quand personne ne vous regarde, et le mettez à votre bouche. En inspirant un grand coup, une note de nicotine vous heurte, envahissant votre esprit. Vous souriez, avant d’être pris d’un quinte de toux. Vos poumons s’écorchent, et vous avez besoin de vous pencher sur le mur pour ne pas tomber. Vous perdez un point de vie. « Est-ce que vous allez bien ? » Une homme portant une veste orange criarde et de grosses lunettes rondes se tient face à vous. « Vous êtes bien le détective que je cherche ? » Vous levez les yeux pour croiser les siens, puis faites signifier que vous êtes de la police par un hochement lent.
Je descends les escaliers
Vous empruntez l’escalier en bois qui craque sous vos pas. En bas, dans une cafétéria poussiéreuse, un homme se dresse face à vous. Il porte une veste orange et a des traits asiatiques, qu’il dissimule sous des lunettes grossières. Il semble vous dévisager. « Détective. Enfin. Je me demandais où vous étiez passé » Vous le regardez, abasourdi. Détective ? Vous ? Soudain, une voix au fond de vous se réveille. Votre esprit de corps. Oui, vous êtes de la police. Votre interlocuteur a probablement raison !
1. Je le rejoins et me lance dans une enquête qui n’attend (probablement) que moi.
Je prétexte qu’il s’agit d’un petit rituel personnel
Vous n’êtes pas assez éloquent pour espérer paraître crédible avec votre excuse bien évidemment bidon. Vous prétextez que vous avez l’habitude de remercier toute personne ou chose vous aidant dans votre journée. Enfin, vous espérez avoir dit ça. À la place, vous balbutiez, vous marmonnez une phrase incompréhensible, entrecoupée de vulgarités. La femme vous dévisage. Elle sourit – vous êtes sûr qu’elle rit jaune – écrase son mégot et vous souhaite bien du courage pour la journée. Le mégot vous rappelle votre addiction au tabac. Vous êtes tenté de le prendre. Au même moment, un voix se dégage des escaliers, et demande un détective.
1. J’ai bien mérité une bouffée.
2. Ignorer mon addiction et descendre.
Je grogne et la drague au passage
Vous n’êtes vous-même pas convaincu par l’idée, mais l’alcool vous dicte la nécessité vitale que vous la draguiez. Vous lui passez à côté, faisant mine de l’ignorer, avant de vous retourner, prêt – ou pas vraiment – à sortir une phrase accrocheuse et flatteuse. Au même moment, une voix appelle des escaliers derrière vous. Elle demande à voir un détective. Vous avez l’impression qu’elle s’adresse à vous… Cela vous déstabilise – en plus de votre taux d’alcoolémie – et seule un timide « Bonjour » sort de votre bouche. La femme se retourne, vous dévisage, puis écrase son mégot et pars pour sa chambre en vous saluant en retour. Cet échec blesse votre amour-propre et vous perdez un point de santé mentale. Vous titubez et manquez de tomber dans les escaliers derrière vous.
1. Je descends, sans tomber si possible.
L’enquête peut commencer
J’espère vous avoir donné un aperçu convaincant de ce qui vous attendra si vous décidez de vous lancer dans l’aventure. Les possibilités sont infinies dans Disco Elysium. Réussissez vos lancers de dés à la manière d’un jeu de rôle papier ou échouez lamentablement ; parlez aux voix qui se heurtent dans votre tête ; gagnez des points de compétences pour devenir psychique, intelligent, éloquent ou fort ; interrogez des suspects et des objets inanimés ; percez les secrets de la ville et d’un meurtre sordide. Vous en ressortirez peut-être grandi, ou fou, ou admiré, ou peut-être échouerez-vous lamentablement. C’est à vous de prendre votre destin en main.
Avec sa bande-son qui vire de l’onirique au cauchemardesque et ses graphismes en 2D isométrique à l’allure de peintures impressionnistes, le jeu vaut le détour pour sa direction artistique, mais surtout pour son gameplay riche et complexe, ainsi que son écriture d’une qualité presque inégalée. Complet, profond, drôle, terrifiant, Disco Elyisum est un chef-d’œuvre vidéoludique, narratif et politique grisant. Pour autant que beaucoup de lecture ne vous dérange pas – après tout si vous êtes parvenue.e jusqu’ici cela ne devrait pas être un problème – je ne peux que vous le recommander, un million de fois. Une véritable jeu de rôle papier transposé au format numérique pour une aventure des plus mémorables, avec une rejouabilité accrue de par la multitude de choix et de possibilités que Disco Elysium propose. Il y a même un mode hardcore pour les puristes assez fous.folles pour s’y essayer…
Pour | Contre |
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+ Les graphismes sublimes | – Bon niveau d’anglais requis |
+ La musique qui met dans l’ambiance | |
+ La progression à la façon d’un JDR papier | |
+ Un gameplay complet et complexe | |
+ Les dialogues et l’écritures |