Ce mois, l’équipe média de Pixels a choisi de parler du studio id Software. C’est un bon sujet, certes, mais pas pour moi. En effet, je n’ai jamais eu l’occasion de découvrir leur univers. Mais alors comment rédiger un article critique sans avoir joué à un seul jeu du studio ? Attendez je sais ! Moi, je n’y ai pas joué, mais mon père, lui si !
C’est donc parti pour un petit portrait du paternel qui va vous parler de son expérience sur Doom.
Avant tout, un peu de contexte
L’histoire commence au début des années 90, en 1993 plus précisément. A cette époque, mon père est engagé dans la Marine nationale française en tant qu’infirmier. Il opère dans une base militaire en Polynésie Française. Vous pouvez vous en douter, sur une île, les passes temps sont vite limités (bien que je ne doute pas du pouvoir imaginatif des militaires pour trouver des occupations). Sur un ordinateur destiné de prime abord au travail, Doom y est installé par un collègue. Si tout comme moi vous avez connu les jeux sous forme de disques particulièrement long à installer (je pense pour ma part aux Sims 2 et ses 4 disques de 50 min de téléchargement chacun), dans le cas de Doom, il n’en est rien. A mon grand étonnement, le jeu était un « shareware » que l’on téléchargeait directement sur l’ordinateur sans passer par un support externe. Id Software serait-il le précurseur de Steam ou de l’Epic Game store ?
Le jeu enfin installé sur l’ordinateur, les parties s’enchainaient facilement pendant les soirées ou les pauses. Le mode solo imposait bien sûr que la chaise n’était jamais bien longtemps vide et que les troupes s’agglutinaient derrière le dossier pour tenter d’entrevoir un monstre ou deux.
Si l’on rentre plus dans le vif du sujet, Doom ressortait comme étant le « premier jeu vraiment intéressant auquel il nous était donné l’occasion de jouer » puisque l’évolution du personnage à la première personne dans un monde en 3 dimensions était encore très peu connu des joueurs occasionnels (comme c’était le cas de mon père et de ses collègues). C’est certain qu’entre le ping-pong virtuel et l’extermination de monstres avec des armes qui déchirent, le choix est vite fait ! Mon père ajoutera d’ailleurs que le jeu se voulait « pas mal absorbant, un peu comme l’arrivée de la télé ».
La fureur dans l’âme
En parlant de visuel, lorsque je demande à mon père de me décrire l’ambiance du jeu, il me parle sans surprise de son caractère glauque et « avec plein de bestioles partout ». Mais ce qui l’a encore plus marqué, c’est que le joueur avait la possibilité d’utiliser tout un panel d’armes différentes (tronçonneuse, mitraillette et j’en passe), ce qui a fortement contribué à enrichir et valorisé le gameplay de Doom. On ajoutera comme point fort la mise en place d’armes proches de la réalité et pas des « lasers comme on voit maintenant ». « Plus on avançait dans le jeu, plus les armes et les équipements récoltés devenaient sérieux ». En effet c’est ce que j’ai remarqué en regardant des extraits du jeu. Or, papa a la mémoire qui flanche puisque les dernières armes du jeu, de plus en plus puissantes, ne ressemblent pas vraiment à des armes ordinaires. Sur la photo ci-dessous, on peut voir une arme bionique que l’on pouvait acquérir vers la fin du jeu. Peut-être donc que le jeu n’a jamais trouvé sa fin auprès de mon père et ses collègues ?
Si on se penche sur le niveau de difficulté, ce dernier pouvait varier, laissant parfois la place à des moments de rage incontrôlable. Le jeu est alors décrit comme étant « un passe-temps comme un autre » et non comme un réel challenge. J’ai été surprise par cette réponse, moi qui avais une vision des « jeux vintages » comme particulièrement ardue voire impossibles à finir. Bon, il n’empêche que Doom rencontrait pas mal de latence et ramait quand même, mais on ne peut que comprendre en regardant la tête des ordinateurs sur lequel il était joué.
Concernant la musique, mon père n’exprimera pas de souvenir particulier à cet égard. Ce qui est dommage car étant une insatiable curieuse, je me suis empressée d’aller écouter la bande son du jeu. J’ai tout de suite apprécié l’ambiance apportée par ce mélange de métal et de sonorité propre au jeu vidéo, presque « pixelisée » et très répétitive. Parfois, la musique se veut nerveuse et très rythmée, ce qui contribue à instaurer une certaine tension obligeant le joueur à avancer vite et à tirer partout sans retenue. Au contraire, la musique peut s’avérer lente et oppressante, ce qui colle parfaitement avec la dangerosité et cette impression de vivre un enfer lorsque les montres débarquent de partout.
Soundtrack de Doom pour les plus curieux (sur la chaine VGameOSTs)
C’est en outre la capacité à ne pas se laisser surprendre lorsque l’on avance de pièce en pièce que mon père retiendra comme caractéristique principale du gameplay. Doom ne faisait alors pas nécessairement appel à une « stratégie particulière », le seul but étant la survie, et « tirer sur tout ce qui bouge ».
Finalement, on s’arrêtera sur cette description amusante du paternel qui se rappelle de Doom comme étant « un bon jeu pour militaire dans lequel ça canardait bien ».
Une passion naissante ?
Enfin, je me suis posée la question de savoir si cette expérience de Doom avait provoqué chez mon père la naissance d’une passion pour le jeu vidéo et la volonté d’en découvrir de nouveaux. Et bien figurez-vous que l’expérience ne s’est pas prolongée beaucoup plus loin. Nous avons tout d’abord discuté d’Age of Empire II, sur lequel il passait beaucoup de temps entre 2000 et 2010 environ (en témoignent d’ailleurs les appels au repas de ma mère ne trouvant réponse que deux heures plus tard, le repas étant devenu entre-temps froid).
Ensuite, plus récemment, il a pu découvrir (grâce à notre heureuse acquisition de la Nintendo Switch dans la famille) Mario kart 8 sur lequel ma sœur et moi avons pris un malin plaisir à enchainer les victoires face à un concurrent un peu désemparé par la technique qu’impose le jeu. Néanmoins, nous avons été surprise de le voir décrocher la victoire de temps en temps, et désormais, presque plus souvent que moi. Allez comprendre !
Ci-dessus, Age of Empire II et Mario Kart 8 Deluxe.
J’ai aussi demandé à mon père s’il serait prêt à rejouer à Doom ou à d’autres jeux de tir style Call of Duty. Il me répondra que « les jeux de guerre ce n’est pas trop mon truc » et que le « contexte faisait beaucoup ». On a notamment discuté du fait que les jeux d’aujourd’hui proposent généralement des graphismes plus réalistes. Dans les années 90 donc, on jouait à ce qui se présentait et Doom était une nouveauté par rapport « à tous ces jeux Nintendo » (ce n’est pas moi qui l’ai dit). A choisir, il préférerait découvrir des jeux contemporains avec des visuels très proches de la réalité que de se confronter de nouveau aux univers très pixelisés d’entant.
Le débat est ouvert !
Conclusion
J’espère que vous avez pu vous replonger dans les années 90 mais surtout que vous avez compris qu’id Software a participé à démocratiser et améliorer la vision des jeux vidéo sur PC et à en faire un passe-temps « à domicile » (pour ceux qui avaient la chance de posséder un ordinateur personnel). Le travail sur la 3 dimensions, la possibilité de choisir différentes armes, ou encore de se placer à la première personne, ont façonné les jeux vidéos comme on les voit aujourd’hui. Le jeu vidéo s’est alors doté d’une de ses caractéristiques que je préfère, c’est-à-dire immerger le joueur dans un univers grâce à un visuel, une ambiance sonore et une expérience de jeu aussi immersive que le cinéma, la musique, ou un bon livre.
Doom a fortement contribué à prouver, que oui, le jeu vidéo, c’est une vraie forme d’art. L’histoire de Doom reste d’ailleurs gravée dans pas mal de mémoires (comme celle de mon père) et le restera probablement dans la mienne aussi.
Dans tous les cas, je vais de ce pas réserver une date dans mon agenda pour découvrir le jeu et si possible motiver mon père à le redécouvrir avec moi !