HITMAN – Saison 1

Je vous vois venir : « Ante, tu n’as pas déjà testé HITMAN pour Pixels ? » Certes, mais j’en avais parlé en avril 2016, soit un mois après son lancement seulement, alors que seules trois maps étaient disponibles et que le jeu n’avait pas un dixième de son contenu final. De plus, j’ai pu me familiariser avec les mécaniques, les cartes, l’IA et tout ce qui rend le soft génialissime. Retour, donc, sur la première saison d’HITMAN.

Développeur : IO Intervactive
Date de sortie : 11 Mars 2016
Consoles : PC, PS4, XBOX ONE
Genre : Action/Infiltration

Réalisation imposante, mais trop gourmande

Malgré une série incalculable de patchs tout au long de son développement, HITMAN souffre toujours de problèmes d’optimisation sur PC. Bien sûr, en contrepartie, le soft est tout bonnement sublime. Il y a notamment une attention toute particulière portée à la lumière et son filtrage au travers des fenêtres, des arbres et des tissus. Pour le reste, les textures et les animations sont toutes somptueuses. Les environnements sont gigantesques et minutieusement décorés, ça transpire le souci du détail. Un jeu superbe, mais très mal optimisé.

La lumière, les textures, les animations et l’attention aux détails sont impressionnants

Quand le jeu vidéo se prend pour une série

On commence à être habitué au format épisodique à la façon d’une série télévisée dans les jeux vidéo, notamment avec des softs narratifs comme ceux de TellTale Games, qui exploitent ce format adéquatement. Cependant, vendre un jeu en épisodes ne marche pas tout le temps : Resident Evil Revelations 2 avait tenté le coup, et chaque fois qu’on terminait un chapitre, on restait sur notre faim. Mais qu’en est-il d’HITMAN ?

Car il est vrai que la saga autour de l’agent 47 n’est pas connue pour sa scénarisation : et quand elle s’y est essayée avec Hitman: AbsolutionIO Interactive s’en est mordu les doigts. Ici, on reprend un scénario digne des premiers opus : l’agent 47 rejoint l’Agence et est envoyé dans plusieurs lieux pour assassiner de puissantes personnes que d’autres veulent voir disparaître. Il va petit à petit suivre la piste d’une société secrète complotant dans l’ombre pour défaire l’Agence. Ces moments dans lesquels l’intrigue se dévoile ont lieu à la fin de chaque mission au-travers d’une courte cinématique qui raconte une bribe d’histoire peu claire et mystérieuse. Côté scénario, donc, c’est plutôt léger et on peut sérieusement douter de la forme épisodique qu’IO Interactive a donné au soft.

La réalisation des cinématique est elle aussi fantastique.

Le format épisodique et le gameplay

Mais cette méthode prend tout son sens non pas dans le scénario, mais dans le gameplay ! Le jeu fait un retour aux sources du côté de ses mécaniques, en se rapprochant énormément de l’opus Hitman: Blood Money. On joue donc l’Agent 47, à la troisième personne, et on se balade dans des maps gigantesques pour tuer nos cibles.

Les cartes sont gargantuesques, s’étalant sur plusieurs étages et, dans la plupart des cas, sur plusieurs bâtiments, voir sur toute une ville dans le deuxième épisode se déroulant à Sapienza. Chaque épisode propose un pays différent, on exécute donc des contrats aux quatre coins du monde : en France, en Italie, au Maroc, en Thaïlande, aux USA et au Japon. Chaque pays est représenté au-travers d’une map merveilleusement détaillée dans laquelle un événement particulier a lieu : à Paris, par exemple, un manoir est loué par un designer de mode pour faire la présentation de sa nouvelle gamme. À Marrakech, des protestations ont lieu contre un banquier suédois ayant ruiné le pays en spéculant avec l’argent marocain. Des scénarios mineurs prennent aussi place dans chaque épisode : à Paris, un riche cheikh rejoint le festival de mode afin de participer à une réunion secrète se passant dans l’ombre du défilé. Ces grandes et petites histoires aident à donner de la vie au jeu et permettent à 47 de s’infiltrer autrement que si tout était tranquille. Certains de ces chemins sont indiqués au joueur au-travers de discussion entre deux PNJ, ce qui déclenche une « opportunité » qui amènera le joueur à avoir une rencontre en privé avec une de ses cibles, ou l’aidera à prévoir un piège mortel permettant de masquer son crime en le faisant passer pour un accident. Le jeu encourage d’ailleurs le joueur à éliminer ses cibles de toutes les façons possibles et imaginables : leur coller une balle entre les deux yeux, les pousser dans le vide, les étrangler avec une corde de piano, les noyer dans les toilettes, les empoisonner, leur faire tomber un chandelier sur la figure et j’en passe ; tous les moyens sont bons pour éliminer sa cible et faire un maximum de points. En parlant de points, il y a un système de score qui est calculé au-travers de plusieurs facteurs : le fait d’assassiner ses cibles, le fait de ne pas se faire repérer, le temps qu’on a pris pour finir notre mission, le fait de ne pas tuer de civil, etc. Il faudra donc s’infiltrer et tout faire le plus proprement possible, préférer assommer les gardes plutôt que les tuer, user de déguisements et favoriser les pièges et les armes de jets afin d’éviter de se faire repérer. On notera aussi que certains des objectifs donnés au joueur sont non-humains, comme dans la mission 2 à Sapienza dans laquelle 47 doit aussi détruire un virus.

Les opportunités permettent par exemple de donner un cours de yoga à l’une de nos cibles au Japon

Parce qu’il n’y avait apparemment pas encore assez de contenu, IO Interactive propose au joueur quelques missions bonus dans lesquelles les maps que l’on connaît sont remaniées pour permettre un autre scénario, comme le tournage d’un film d’action en plein milieu de la ville de Sapienza, avec un immense robot. Mais ce n’est pas tout ! Sans changer le layout de la carte ni les évènements y prenant place, le soft propose aussi des missions secondaires nommées « Escalation ». Dans ces contrats en cinq étapes, la difficulté est progressivement augmentée. Au premier niveau, on doit simplement tuer un majordome avec un couteau. Dans le deuxième, on doit le faire en cachant le corps dans la minute qui suit son assassinat. Au niveau trois, on nous donne une deuxième cible, etc. Il y a plusieurs missions « Escalation » par épisode, laissant donc au joueur toutes sortes de façons de visiter et re-visiter les maps proposées, tout en étant face à un challenge de plus en plus grand. Ces missions posent cependant problème, car elles demandent d’être en ligne pour y jouer. En effet, le jeu récolte les données liées à la façon qu’ont les différents utilisateurs de mener à bien leurs missions afin de proposer des« Escalation » au gameplay aux antipodes de la façon de jouer de la majorité des joueurs. Le souci, c’est que les serveurs, du temps de la sortie épisodique, ne fonctionnaient qu’à moitié. Et si on se faisait déconnecter, on perdait toute notre progression de la mission en cours : retour au menu et basta, aucun moyen de se reconnecter en partie. Pour un jeu solo, c’était quand même un peu le comble… Si vous êtes un puriste absolu, HITMAN a encore un atout en poche : les « Elusive Targets » (trad. Cibles Insaisissables), des contrats disponibles pendant un certain temps que l’on ne peut essayer qu’une fois. Si on réussit, on ne peut pas réessayer pour parfaire son approche, et si on échoue, impossible de recommencer. Des contrats hardcore pour lesquels une exécution méticuleuse est de mise.

Qu’en est-il du format épisodique dans tout ça ? Et bien en fait, entre chaque épisode principal, les développeurs offraient aux joueurs des missions « Escalation », des missions bonus remaniant les maps, ainsi que des « Elusive Targets » presque un week-end sur deux. Les épisodes sortant tous les un-deux mois, le travail énorme fourni pour chaque carte et chaque mission permettaient au joueur de s’exercer de toutes les façons imaginables sur une map avant de passer à la suivante. Et si on n’est pas du genre à vouloir tout compléter, le format épisodique donnait au joueur une raison de revenir régulièrement sur le jeu, sans avoir à payer le moindre centime, contrairement à un DLC. L’approche épisodique est donc, selon moi, très pertinente pour le jeu et son gameplay. Bien sûr, à l’heure d’écrire cet article, on peut jouer à tous les niveaux sans attendre, vu que la saison 1 est officiellement sortie. Alors si vous avez une soif de contenu qu’une distribution en parties n’aurait pas pu rassasier, vous n’avez plus à hésiter pour jouer à HITMAN !

Circulez, il n’y a rien à voir !

Intelligence artificielle intelligente

Ce qui m’a probablement plu le plus, c’est l’intelligence artificielle qui, même si elle reste perfectible, est d’excellente facture. On se surprend à jouer avec elle, avec ses limites, mais surtout, on est étonné par sa force. Les PNJ et les gardes ont des réactions très réalistes, allant parfois jusqu’au sans faute : dès qu’un corps en caleçon est découvert, les civils vont d’abord s’étonner et essayer d’appeler la personne inconsciente, se rapprochant d’elle pour voir si elle est vivante ou consciente et, une fois qu’ils se sont rendu compte que l’homme dénudé en face d’eux ne répond pas, ils iront chercher du personnel pour qu’il s’en occupe. Les gardes une fois alertés arrivent, souvent au moins en duo, et commencent à inspecter les lieux, à vérifier les moindres recoins, et demandent des détails au civil ayant trouvé le corps. Si le civil a vu l’Agent 47, mais qu’il a changé de déguisement, il dira aux gardes que la personne qu’ils cherchent est un homme grand et musclé, chauve et possédant un code-barres à l’arrière du crâne. Le personnel averti, il lancera l’alerte dans une zone plus grande, et les gardes que l’on croisera par la suite seront de plus en plus méfiants. Et même quand ils vous démasquent, ils ne vont pas commencer tout de suite à tirer : d’abord, ils se méfieront, vous demanderons qui vous êtes, puis, si leurs doutes sont confirmés, ils vous demanderont de vous rendre, pointant leur pistolet contre 47, avant de faire feu si vous refusez de coopérer.

Vous l’aurez compris, l’IA est plutôt bien rodée et saura vous surprendre. Et malgré ses quelques défauts comme des masques intégraux qui ne cachent vraisemblablement pas qu’on est chauve, on se retrouve plongé dans un écosystème vivant et réaliste qui ne demande qu’à être testé pour ses limites et ses capacités.

Le scénario que j’ai pris le temps de développer se produira pour ce pauvre garde aussi…

Musiques à la Inception

La comparaison peut paraître étrange, mais il est vrai que plusieurs des pistes musicales du jeu sont assourdissantes, à la façon du thème d’Inception, avec ses sons très forts. Pour le reste, elles sont minimalistes : des petits airs de violons très discrets, quelques cuivres, quelques cordes et des tambours distants. Certaines des musiques opteront pour un côté plus électro, mais la majorité sont composées par un orchestre. Les morceaux qui resteront en tête seront ceux qui agressent les oreilles du joueur, mais pour le reste, l’OST est de bonne facture. Cependant, elle ne restera pas dans les mémoires.


On regrette la superbe musique des trailers du jeu et de ses niveaux.

Dialogues assassins

Pour éviter toute controverse comme avec l’épisode AbsolutionIO Interactive a engagé David Bateson, le doubleur iconique de l’Agent 47, pour doubler l’assassin de l’Agence. On se retrouve donc avec un 47 au top de sa forme, un peu sarcastique sur les bords et toujours posé dans ses répliques ainsi qu’un doublage général de bonne facture, même si on peut remettre en question le fait que tous les PNJ parlent en anglais, que ce soit en France, en Italie ou au Maroc…

Les dialogues dans les cutscenes, même si peu nombreux, sont diablement efficaces. (trad. Les gens meurent, Mr. Fanin. Cela arrive tout le temps, même à nous.)

Un blockbuster sorti au compte-goutte

Malgré le format épisodique qui a fâché de nombreux joueurs, HITMAN a su se hisser au sommet de la saga. Avec sa rejouabilité impressionnante, des maps ouvertes gigantesques, un gameplay mélangeant l’ancien et le neuf et des missions bonus évolutives, ce nouveau Hitman scotchera le joueur à son siège pour un grand nombre d’heures. En fin de compte, si vous parvenez à faire l’impasse sur l’optimisation du jeu et de ses serveurs, Hitman est très divertissant et son contenu débordant saura vous rassasier pour un moment.

Pours et contres

+ Des graphismes somptueux  Une optimisation à la ramasse
+ Un gameplay aux multiples facettes  La nécessité d’être connecté à internet pour un jeu solo
+ Un nombre impressionnant de possibilités pour faire la même mission, offrant une rejouabilité importante  Une bande originale trop discrète
+ Des missions supplémentaires qui tiennent compte de la façon de jouer des gens afin de les surprendre   Un scénario pas si intéressant que ça
+ L’IA très poussée
+ Des doublages de qualité qui peuvent amener des avantages tactiques comme les « opportunités »

Ante

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