Dites-le avec un jeu #1 – La terreur

Tout au long de notre expérience de joueur, nous tombons face à des jeux qui nous marquent d’une façon ou d’une autre. Que ce soit au niveau du gameplay, de l’ambiance sonore ou des graphismes, chaque jeu d’horreur apporte son lot d’épouvante et de malaise. Mais qu’en est-il du jeu qui nous a un jour pris aux tripes et terrorisé au point d’en faire des cauchemars ?


Amnesia : The Dark Descent

Ma première expérience avec des jeux d’horreur, qui reste de loin la plus terrifiante à mes yeux, fut celle d’Amnesia. Dans ce jeu au scénario mystérieux, on se réveille, amnésique, dans l’obscurité. On devra alors s’enfoncer dans des couloirs oppressants à en devenir claustrophobes afin de retrouver la mémoire, qui semble s’être perdue dans la plus profond salle du château… On résout des puzzles et on évite des monstres pour descendre encore et encore plus bas. La particularité terrifiante d’Amnesia est que notre personnage a une jauge de santé mentale qui diminuera si on reste dans l’obscurité, distordant la réalité avec des hallucinations. Les mystères que le jeu soulève, l’atmosphère oppressante, le sound design grinçant, les hallucinations, la lenteur à laquelle on avance et l’impossibilité de riposter face aux attaques des monstres happent dans un tourbillon cauchemardesque le joueur imprudent qui hésitera entre partir et rester, paralysé par la peur et intrigué par l’histoire.

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Ante

Forbidden Siren 2

L’œuvre dont je vais vous parler ne fait pas partie d’une série à grand succès ; ce n’est ni mon jeu préféré, ni un soft sur lequel je m’attendais à passer de longues heures de terreur… Et pourtant, à chaque fois que je pense à une expérience de peur, il apparaît immédiatement à mon esprit : il s’agit de Forbidden Siren 2, sorti sur PlayStation 2 en 2006. Et pour vous expliquer la raison de mon choix, il me suffit de vous décrire l’introduction de l’histoire. Vous y incarnez une personne malvoyante qui se réveille pendant une nuit, accompagnée de son chien d’aveugle. Étant donné son handicap, le personnage apparaît sur un écran totalement flouté ne nous permettant de distinguer que de vagues silhouettes. Heureusement, vous possédez la capacité de voir à travers les yeux de votre bête que vous ne pouvez, bien entendu, pas contrôler, car ce n’est pas vous ! Et qu’arrive-t-il lorsqu’une créature malveillante débarque ? Eh bien, votre fidèle compagnon panique et fuit, vous laissant seul, en proie à des êtres surnaturels, et tentant de rappeler votre animal pour posséder un semblant de champ de vision sur la scène qui se déroule. Le reste du jeu s’amuse constamment avec cette dissociation de la vue et du contrôle selon différents types de personnages, afin de vous faire paniquer à chaque seconde. Imaginez tenter de localiser un monstre dans une pièce en cherchant sa vision à lui, et vous rendre finalement compte que vos « nouveaux yeux » sont en train d’observer votre protagoniste de dos…

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Thomario

Eternal Darkness : Sanity’s Requiem

Eternal Darkness est un monde à l’atmosphère hors du commun et particulièrement dérangeante. Sans transparaître directement à travers les images, l’horreur s’immisce dans le jeu à partir de la barre de santé mentale de notre personnage qui, se vidant petit à petit, nous fait plonger dans les abysses de la démence et de la folie. Ainsi, la réalité se distord devant nos yeux incrédules : les angles de caméra se mettent à pencher dangereusement, des cris de douleur se font entendre, des pleurs d’enfants, des bruits de pas, des battements de cœur, du sang dégouline le long des murs et les tableaux si colorés qui y étaient accrochés, se transforment en représentations infernales. Et si tout cela ne suffit pas à nous effrayer, c’est à nous, derrière notre écran, que le jeu s’en prend directement. L’on voit nos sauvegardes être effacées sans que l’on puisse réagir, la télévision semble s’éteindre brusquement, des messages d’erreurs apparaissent sans crier gare et parfois même… le jeu laisse place à un écran bleu. Mais au fond, tout ça n’est pas réel… hein maman ?

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Erther

Resident Evil 4

J’avais peut-être 11 ou 12 ans à la sortie de ce jeu sur la Nintendo GameCube, le premier jeu d’horreur qui m’est tombé entre les mains. Le début du scénario m’explique que je dois aller sauver la fille du président des Etats-Unis quelque part dans la campagne espagnole. A cette époque, je partais souvent en vacances en Espagne avec ma famille, c’était un endroit que j’affectionnais tout particulièrement. Content donc de me lancer dans une aventure qui se déroulait dans ce pays, je dévorais les premières heures de ce jeu dans ma petite chambre au beau milieu de la nuit. Les sensations me plaisaient beaucoup, j’avais peur mais j’étais confiant. C’est en allant me coucher aux alentours de deux heures du matin que les images ont commencé à me hanter. Des contaminés, ils avançaient vers moi en me parlant en espagnol, en m’expliquant dans une langue que je ne comprenais pas qu’ils allaient probablement m’éviscérer et me démembrer avant de se servir de moi comme de bûches pour la cheminée. Ce furent au moins deux semaines de cauchemars et de mauvaises nuits… je n’ai jamais fini ce jeu.

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Andreios

Dead Space 2

Bien que ce jeu soit légèrement moins stressant que le premier opus de la série, je l’ai choisi pour de multiples raisons. Les principales étant son ambiance viscérale et ses jump scares parfois attendus mais néanmoins efficaces. Et j’aimerais parler plus précisément d’un moment qui m’a complètement fait tomber de ma chaise. Lorsque l’on parcourt la garderie de « la méduse », un endroit charmant où des bébés nécromorphes font la queue pour vous éviscérer, on se retrouve lors d’un moment de grande tension « attaqué » par un ennemi singulier ; un soleil en carton. Cela peut paraître idiot, mais c’est sans doute un des plus grand jump scare de l’histoire du jeu vidéo, et il ne m’a pas épargné. Entre rire et fébrilité, j’ai posé ma manette pour entreprendre une bonne « pause clope » après ça.

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Syskel

The Adventures of Alundra

Décidément, la fin des années 1990, malgré des graphismes ayant mal vieilli, aura su inspirer un malaise au joueur. J’aurais pu parler des yeux de Sephiroth fixant Cloud au milieu des flammes… mais non (si vous n’avez pas compris la référence, allez découvrir Final Fantasy VII).
Avec une histoire à la fois glauque et néanmoins intéressante, et des énigmes franchement difficiles par moment, et malgré des combats plutôt faciles, ce sont les aventures d’Alundra qui m’ont fait connaître la terreur. Ce jeu est dur, et macabre : bien avant Game of Thrones, la technique que l’on peut nommer «aimez ce personnage, vous pourrez le pleurer plus tard» était déjà bien rôdée.
Eh bien justement ! Alundra, le héros que vous incarnez, possède la capacité de voyager dans les rêves, ce qui vous permettra en particulier d’entrer dans les cauchemars de vos proches. Une telle idée de base est donc particulièrement propice à vous faire affronter des créatures chimériques malsaines dans des décors brumeux, sur une musique excellente, quoiqu’entrecoupée de cris d’horreurs. Cet action-RPG en 2D vu du dessus avait ainsi déjà tout pour vous mettre dans l’ambiance… et laquelle !
Après quelques heures de jeu permettant encore un peu de naïveté, vous venez enterrer des villageois pris dans l’effondrement d’une mine, et tandis que vous quittez le cimetière, une voix d’outre-tombe vous appelle. Vous entrez alors dans une crypte, qui se referme sur vous. Et c’est à ce moment que vous rencontrez la première série d’énigmes tordues du jeu. Prisonnier à l’entrée de la crypte, sans accès à un point de sauvegarde, vous pouvez tester toutes les possibilités – une fois seulement après avoir compris que c’est à une énigme que vous avez affaire – ou perdre espoir et donner raison à cet épitaphe qui dit «ci gît Alundra»… Dégoûté d’avoir dû abandonner Alundra à son sort, il m’a fallu plusieurs mois avant de m’y remettre.

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Dr. D.

Batman Arkham Asylum

En 2009, Rocksteady offre aux joueurs un jeu d’action/infiltration qui rend ses lettres de noblesse au justicier masqué. L’ambiance de l’asile d’Arkham est parfaitement réussie, alliant le glauque et la violence visuelle liés à un tel lieu. J’y ai, moi joueur au courage sans pareille mesure, vécu l’une des pires sueurs froides de ma vie lors d’une scène particulière. Reconstitution : j’ai neutralisé tous les hommes de main du Joker. Il semble que je doive maintenant passer dans un couloir tout sauf menaçant. Je m’avance, Batman toussote mais je n’y prête guère attention. Soudain, l’image se fige, l’écran glitch et le son foire. Mon cœur se fige et je me précipite sur ma 360 pour l’éteindre. Je me suis naturellement dit qu’elle avait passé l’âme et que rien d’autre ne m’attend que le Red Ring of Death. Que vais-je faire sans elle ? Je ne pourrai jamais finir cet incroyable jeu ! Mais ce bug est prévu : l’Épouvantail s’amuse avec vous en brisant le 4ème mur ! Je connaissais déjà les zombies et les petites filles aux cheveux d’encre, mais rien ne peut plus effrayer un joueur que la mise en danger de son matériel, sans lequel son existence est dépourvue de toute sa substance. C’est cela, la vraie terreur.

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Pokémon – version bleue

Permettez-moi de vous dire, chers corédacteurs, que vous n’y êtes pas du tout. Les expériences que vous décrivez, toutes autant qu’elles sont, ne sont RIEN à côté de la véritable quintessence de l’horreur qu’est cet épisode de mon enfance…
C’est une nuit froide d’hiver. Emmitouflé dans mon duvet, à la lumière de ma petite lampe de chevet, je joue à Pokémon bleu sur ma vieille Gameboy depuis déjà une bonne heure. Je parviens enfin à sortir de l’infâme grotte de la route victoire et approche pour la première fois du conseil des 4. Je suis surexcité! J’ai les main moites. C’est alors que quelqu’un entrouvre la porte de ma chambre… Je sursaute ! C’est ma mère qui, d’un ton agacé, me lance un « Fenisk, il faut dormir, tu as l’école demain !», auquel je rétorque un niaiseux « oui maman, je sauvegarde et j’éteins tout de suite, promis !»  C’était, comme vous vous en doutez, un vil mensonge… Si près du but, je ne pouvais me résigner à éteindre la console, il FALLAIT que j’affronte le conseil des 4. J’applique donc ce que j’appellerai plus tard « la technique de l’igloo » : j’éteins la lumière pour lui faire croire que je dors, je me saisis d’une lampe de poche et me recouvre de mon duvet de manière à ne laisser aucune lumière s’en échapper. Les minutes passent… Les combats sont rudes… Il fait chaud et j’ai du mal à respirer… quand soudain, des bruits de pas. Ni une ni deux, j’éteins la lampe de poche et abandonne le mode « igloo » juste avant que la porte ne s’entre-ouvre. Elle reste là quelques secondes qui me semblent durer une éternité. Elle ne fait aucun bruit mais elle observe, je le sais. Je jette un œil à ma Gameboy, toujours cachée sous mon duvet, et là… HORREUR ! La petite loupiotte rouge qui indique l’état des piles est au plus faible, sa lueur est à peine perceptible ! Dans l’intensité du moment je n’y avais pas prêté attention, et ça fait des heures que je n’ai pas sauvegardé ! J’ai des sueurs froides… Il faut que je termine le combat en cours au plus vite… Mais elle est probablement toujours là… Que faire… N’y tenant plus, je rallume ma lampe de poche… et là… LA PORTE S’OUVRE À LA VOLEE ET LA LUMIERE DE LA CHAMBRE S’ALLUME !
Eh oui les enfants [allume une cigarette en contemplant l’infini], c’est ça la véritable terreur… Si le prochain thème est sur la rage j’ai déjà une petite histoire en tête qui implique World of Warcraft, des parents et un modem.

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Fenisk

One thought on “Dites-le avec un jeu #1 – La terreur

  1. Que d’histoires et de mésaventures!

    Il ne serait que trop impoli de ma part de ne point partager avec vous l’expérience traumatisante de ma simple existence de joueur. Pour cela, il faut remonter en 2001…

    Haut de mes 12 ans, ne maîtrisant l’anglais que par quelques mots éparses, je fus frappé par la lumière divine en achetant un jeu qui me semblant hallucinant. Un écureuil rouge cherchant le chemin de sa maison. Pas de quoi casser trois pattes à un canard pourrait-on dire.

    Pourtant, c’est à l’intérieur de cet univers, que j’ai pu m’affilier avec un sentiment que je n’apprécie pas forcément dans le domaine du jeu en général. Je ne parle pas de cette terreur surprenante, celle qui fait que le plafond se rapproche dangereusement de votre chevelure, non… Je vous parle de celle qui vous dit : « Coucou, je suis là, tu m’entends, mais tu ne me vois pas encore ».

    Bien que ce jeu soit composé de plusieurs épisodes plus ou moins loufoques. Il y a 3 moments qui ont décidé de mettre à rude épreuve mes slips (Nous ne sommes pas tous passés au caleçon directement après le bug de l’An 2000, désolé de ne pas être désolé). Mais ne voulant pas empêcher d’autres joueurs de profiter de ces instants, je ne mentionnerais que le dernier.

    Hors du mode histoire, ce jeu de N64 avait un avantage non négligeable de proposer différents modes multijoueurs. Dont un qui mettait en scène de vils petits hommes des cavernes (dépourvus de caverne, trop mainstream) à la recherche d’un repas agréable pour les papilles qu’ils pourraient offrir à la grande Casserole. Donc quoi de mieux que des œufs de dinosaures?

    Il fallait donc voler des œufs aux dinos pendant que ces derniers tentaient de leur coté de vous mâchouiller un coup pour nourrir leur propre enfants. Manger ou être mangé, un super concept non?
    Mais, dans mon masochisme prépubertaire, ma jeune sœur et moi avons décidé de détourner le but principal de ce mode pour nous lancer dans un survival de qualité. Nous nous mettions dans le groupe des petits hommes, supprimions les PNJ et mettions deux dinosaures avec une IA « Einstein ». Puis… La course à la survie commençait.

    Rien que d’y repenser, j’en ai des frissons. Entendre les dinosaures arriver avec leurs grosses respirations… Mais ne pas savoir exactement par quel couloir ils arrivaient… Puis se faire becqueter sans avoir le temps de dire « un mot long et compliqué que vous aimez ». C’est de la terreur. Contrôlée. Mais de la terreur tout de même.

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