Hitman 2

Après un opus épisodique sensationnel proposant des missions se passant dans des environnements dantesques, l’Agent 47 revient en 2018 pour la suite de ses aventures, dans un jeu sobrement intitulé Hitman 2. Suite aux ventes quelque peu décevantes de son prédécesseur, ce deuxième épisode, abandonné par Square Enix, a bien failli ne jamais voir le jour. Retour, donc, sur Hitman 2, publié par Warner Bros. Games.

Développeurs : IO Interactive
Distributeur : Warner Bros. Games
Date de sortie : 13 novembre 2018
Plateformes : PC, PS4, XBOX One
Genre : Infiltration, Action, TPS

Laissé pour mort

Malgré l’accueil critique plus que correct du premier opus, certaines choses avaient froissé les fans dans le reboot de la saga, Hitman. Les plaintes étaient notamment dues au format épisodique de ce dernier, qu’une majorité de joueurs ne comprenaient pas et considéraient comme une preuve d’incompétence et de rush pour sortir le jeu. Tout ceci est compréhensible, mais, comme j’argumentais dans ma review de la première saison, cela ne m’a pas frappé comme étant un non-sens, puisqu’au contraire, les joueurs étaient encouragés à rejouer encore et encore les missions en attendant du nouveau contenu, leur permettant ainsi de profiter pleinement de la richesse du soft.

Une autre plainte relativement commune concernait l’usage de DRM, ou Digital Rights Manager, un système de vérification de la clé de produit rattachée à un jeu acheté en ligne. Ce dernier avait plusieurs effets passablement négatifs, notamment l’impossibilité de jouer sans une connexion internet, ainsi que des supposées baisses de performance causées par ce processus en arrière-plan.

Les petites frustrations du premier Hitman

Enfin, on reprochait à l’histoire que racontait ce premier épisode d’être peu inspirée, voir carrément bateau, et certainement pas très intéressante. Raconté de manière sporadique et relativement peu claire, le scénario du premier Hitman ne mettait pas toutes les chances de son côté, malgré une ambition visible derrières les bribes d’histoires qui nous parvenaient entre les missions.

Tout cela, ainsi qu’une campagne marketing faiblarde, mena à un succès largement en-dessous des attentes de Square Enix, qui lâcha le projet peu après la sortie du dernier épisode de la première saison. Abandonnée à son sort, l’équipe d’IO Interactive a trouvé refuge chez Warner Bros. Games, qui publie dès à présent la série.

Le changement, c’est… bientôt ?

On pourrait s’attendre à ce que le transfert d’un distributeur à un autre engendre des changements drastiques pour Hitman 2, mais pas vraiment. Une des seules réelles différences est la sortie du jeu en un seul bloc, le 13 novembre 2018. Mis à part cela et quelques changements dans l’interface, çà et là, le soft est une suite directe de son prédécesseur, et une copie quasi-conforme de ce dernier pour tout ce qui touche au gameplay, à l’histoire, aux graphismes et aux défauts décrits plus haut. Dès lors, le jeu en vaut-il la peine ?

Petit jeu : quelle image appartient à Himan 2 ? (Réponse : celle de gauche)

Des agents de l’Agence, sans l’Agence

Pour celles et ceux qui ne seraient pas familiers avec l’univers de la saga, sachez qu’il s’agit du nôtre, dans lequel une agence internationale et extra-gouvernementale se charge de remplir des contrats d’assassinats au nom de privés, contre des personnes de pouvoir.

Après un premier opus énigmatique où l’Agent 47, que l’on incarne, traquait un groupe fantôme supposé diriger le monde depuis les montagnes de Suède, le tueur à gage change d’objectif, cette fois pour partir à la recherche du client des contrats qu’il a réalisés plus tôt. C’est cette figure énigmatique du client inconnu qui deviendra le MacGuffin de l’histoire, jusqu’à ce qu’on le trouve au bout de quatre missions. Il est alors révélé que ce dernier est un des enfants de l’orphelinat dans lequel 47 a grandi et a reçu son entraînement, mais qui, contrairement à notre protagoniste, a gardé ses souvenirs et veut se venger. Les deux dernières missions se concentrent dès lors sur la recherche des membres du groupe ayant commandité ces expériences sur des enfants.

Les complots et les sectes internationales sont légions.

Si l’histoire semble aller dans tous les sens, c’est normal : elle veut traiter énormément de sujet différents, mais va à mille à l’heure, ne se développant réellement que lors de courtes cinématiques entre les missions. C’en est à un tel point que, durant les trois premières missions, je ne parvenais même pas à suivre ce qui se passait. Un peu ennuyeux, donc, quand on essaie de rendre l’histoire de l’Agent 47 intrigante et palpitante.

Un petit lifting

Si les changements ne se ressentent pas dans le scénario, peut-être que les graphismes et la direction artistique proposent une évolution notoire. Eh bien… pas vraiment, en fait.

Qu’on se le dise, le jeu est somptueux et profite du Glacier Engine à son maximum, proposant des cartes toujours plus grandes, toujours plus imposantes, toujours difficiles à appréhender, ainsi que des graphismes d’une excellente facture, optant pour un style réaliste légèrement stylisé, avec des couleurs vives, presque cartoons. Le tout est combiné à merveille dans des maps d’une cohérence inégalée, profitant de leur taille pour déployer une immense fourmilière d’un réalisme impressionnant dans laquelle on ne peut qu’avoir envie de mettre un grand coup de pied.

Coloré, lumineux et détaillé, et ce même avec une configuration graphique modérée.

Cependant, si vous avez joué au premier Hitman, il n’y a pratiquement aucune différence visuelle entre les deux opus, Hitman 2 allant jusqu’à proposer, si l’on possède le premier jeu, de l’intégrer au soft. D’un côté, c’est très plaisant puisque ça regroupe et centralise tous les épisodes sur une timeline fort pratique, mais de l’autre, cela souligne le peu de différence entre les deux jeux, notamment au niveau graphique… Mais pas seulement.

Bons baisers de l’Agence

Si visuellement Hitman 2 ne se distingue pas de son aîné, que dire de son gameplay, si ce n’est qu’il est, lui aussi, quasi-identique.

On retrouve la vue à la troisième personne et les missions d’assassinat dans des environnements immenses, avec une possibilité d’action impressionnante. Que l’on veuille faire les missions sans se faire repérer, sans tuer qui que ce soit à part notre cible, en empoisonnant les ennemis, en les étranglant, leur tirant une balle dans la tête, les noyant, les poussant dans un précipice, autant dire qu’il y a de quoi faire. Bien sûr, le système de déguisement est à nouveau là, avec des costumes toujours plus ridicules et extravagants. Enfin, comme dans le premier opus, les missions profitent d’objectifs secondaires encourageant le joueur à refaire chaque niveau, ainsi que des missions alternatives dans lesquelles on progresse sur cinq niveaux de difficulté, de même que des cibles temporaires que l’on peut essayer d’éliminer une fois seulement.

On retrouve le système de scoring, présent lui aussi dans le premier opus.

Si la formule fonctionne une fois encore, la quasi-absence de nouveauté peut rendre dubitatif. Honnêtement, je ne pense pas que la formule avait besoin de changer, et je trouve au contraire que rester sur des bases en béton en ne faisant que des petites modifications, souvent d’optimisation, est parfaitement justifié et adapté, surtout quand le jeu propose de combiner les deux opus sur une seule plateforme.

Un nouveau jeu ?

Je ne m’étendrai pas sur la musique, qui est passablement oubliable à l’exception de quelques titres, tout en restant d’excellente facture… Un peu comme pour le premier Hitman.

Bon, vous l’aurez compris, ce Hitman 2 est un pari risqué : ne pas quitter ses acquis peut aider à renforcer sa base de fans, mais peut repousser les joueurs plus casuals, ou ceux à qui le premier opus n’avait pas plu. Ajoutez à cela une campagne marketing presque inexistante, et on est en droit de se demander ce que IO Interactive et Warner Bros. Games veulent faire avec ce jeu. Si relancer la série est l’objectif, la démarche semble discutable. Pourtant, en vue des résultats qu’a fourni le premier jeu, suffisamment décevants pour que Square Enix laisse tomber la série et le studio, une relance aurait pu être pertinente, d’autant que la base apparente de joueurs ne doit pas être suffisante pour alimenter un nouvel intérêt chez les non-initiés.

Quoi qu’il en soit, je suis très satisfait de ce Hitman 2. En tant que fan du premier, je ne pouvais rien demander de mieux que d’avoir plus de ce qui me plaisait. Cependant, je reste surpris par la direction que semblent prendre IO et la Warner. Je ne peux leur souhaiter que du succès, et attendrai avec impatience la suite, s’il devait y en avoir une… !

Pours et contres

Pour Contre
+ Des graphismes somptueux Une bande-son dynamique, mais oubliable
+ Le gameplay riche et complexe L’histoire brouillonne et peu intéressante
+ Les missions rejouables ad infinitum
+ Les objectifs secondaires intéressants
+ L’intégration des contenus du premier opus

Ante

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