Interview avec Monsieur Plouf #1 – L’étudiant et le journaliste

Mathieu Lanz, plus connu sous le nom de Monsieur Plouf, est un vidéaste et critique de jeux vidéo sur YouTube. Il sort une vidéo toutes les deux semaines et traite des dernières sorties. Particularité croustillante s’il en est, Mathieu a étudié à l’Université de Lausanne ! 

Tu es un YouTuber qui a étudié à l’Université de Lausanne. Qu’est-ce que tu as étudié ici ?

Pour entrer à l’UNIL, j’ai pas fait la matu, j’avais fait le Diplôme, et donc je suis passé par un examen préparatoire. Je suis entré à l’UNIL — c’était en 2002 — et j’avais fait d’abord une année en Lettres qui m’avait pas particulièrement plu et que j’avais plus ou moins arrêté au milieu de l’année. J’avais arrêté en cours d’année et j’ai repassé l’examen préparatoire pour aller en SSP, en Sciences Sociales, et puis j’ai fait une licence de Sciences Sociales en cinq ans, je crois. Je suis resté six ans en tout à l’Université de Lausanne.

Tu dis avoir quitté les Lettres, mais qu’est-ce qui t’a déplu ? Étant un étudiant en Lettres ça m’intrigue…

Bah en fait j’avais pris Sciences Sociales en troisième branche, et j’avais pris Histoire et Anglais. Et, je me souviens, le truc qui m’avait décidé à changer, où je m’étais dit : « définitivement, il faut que je change, il faut que je me casse », c’était qu’en Histoire, tu dois faire du latin… Et je me souviens lors des cours de latin, ils avaient fait un examen intermédiaire pour évaluer notre niveau, tu vois ? Et j’avais eu, genre, 15 points sur 60 ; enfin, vraiment un score absolument misérable. J’étais là, je me disais : « il va falloir que j’apprenne vraiment le latin si je veux passer cette première année », et puis… non, quoi, je voulais pas.

Du coup tu es parti faire une licence en Sciences Sociales. C’était comment ?

T’avais une année, la première année, qui était éliminatoire, où tu avais du genre 55% des gens qui devaient gicler en première année. Les années suivantes tu avais tout un corpus de cours et de séminaires qui te rapportait tant de crédits pour tel cours et tel séminaire, et il fallait prendre un certain nombre de cours pour avoir assez de crédits pour avoir sa licence ; ainsi que faire un travail de licence, qui est l’équivalent d’un travail de master aujourd’hui. Tu sais, où tu dois travailler un peu, lire des bouquins, écrire, ce genre de trucs, donc ça allait.

Et pendant ton séjour à l’UNIL, tu t’étais investi dans une association universitaire ?

Sur la fin, oui. Mon université est très clairement séparée en deux parties, on va dire. T’as les trois premières années qui étaient plus « vie d’étudiant » où on allait beaucoup au Zelig et on se marrait bien, donc j’étais pas très sérieux. Mais les trois dernières années, il faut bien que tu termines tes études, quoi, et puis c’est là où tu dois travailler, bosser à côté, ce genre de trucs. Et donc, la dernière année (ou les deux dernières années, je sais plus), j’étais pas dans une association universitaire, mais j’étais dans une association qui s’appelait Swiss Gamers Network qui, je crois, existe toujours, mais dont la plupart des membres font maintenant partie de la Gaming Federation. Principalement, c’était une association qui organisait des tournois, qui faisait de la prévention, enfin, qui organisait des events, exactement le genre de trucs qu’on a pu voir sur leur stand à la Japan Impact, en fait.

Donc tu as fait ta licence en Sciences Sociales, et ensuite ? Tu as directement commencé YouTube ?

Alors j’ai terminé mes études en 2008 et j’ai enchaîné sur un master de Communication et de Relations Publiques à l’université de Vienne, en Autriche. Et j’y suis resté, c’est toujours là que j’habite. Du coup, pendant le master, j’ai commencé à faire du journalisme pour un magazine genevois qui, je crois, n’existe plus maintenant et qui s’appelait Start2Play. C’était un petit mag’. Et ce qui était chouette, c’était que vu que c’était l’un des seuls, voire même le seul magazine suisse-romand, on était toujours invités partout, en fait. Les éditeurs nous invitaient tout le temps, tu vois : il faut inviter la Romandie et vu qu’on était leur contact en Romandie, bah on nous invitait partout. Et ça fait que j’ai pu faire énormément de voyage de presse et bien voir comment fonctionne le milieu et comment il s’organisait ; à quoi ça ressemblait de l’intérieur. Et j’ai fait ça pendant trois ans, en fait : des news, des tests de jeux, des comptes-rendus de voyage de presse, des previews, etc. On était allé à l’E3, on était allé à la GamesCom, plusieurs fois.

Oh, tu es allé à l’E3 ? C’était quand ? Et c’était bien ?

C’était en 2012, juste avant que j’arrête d’écrire pour Start2Play, en fait. J’avais eu cette opportunité et, même si je voulais déjà arrêter parce que j’avais l’impression que ça ne me menait nulle part, je me suis dit que c’était l’occasion d’y aller. Et si tu t’intéresses au jeu vidéo et à la presse sur le jeu vidéo, c’est un trucs à avoir fait au moins une fois. Les gens s’en rendent peut-être pas compte, mais l’E3 c’est en fait très petit par rapport à, par exemple, la GamesCom qui est absolument gigantesque, mais à un point où c’est difficile de se l’imaginer. C’est vraiment monstrueux. Et l’E3, à l’époque, c’était seulement ouvert aux professionnels, disons, aux journalistes, c’était en réalité assez petit. Il y avait deux salles et tu naviguais entre les deux. Par contre ce qui était chouette, c’est qu’à l’E3 c’était très facile d’avoir accès aux jeux, et tous les jeux qui sont là ce sont des jeux qui ne sont pas encore sortis. Donc tu peux vraiment avoir accès à énormément de jeux et de démos de jeux qui ne sont pas encore sortis, en comparaison avec d’autres salons où c’est plutôt les jeux qui sont déjà sortis qui sont présentés. Tout était jouable, tout était très facile d’accès, c’était très agréable.

Pour en revenir à Start2Play, tu disais que ça ne te menait à rien, et du coup c’est à ce moment-là que tu t’es lancé sur YouTube ?

Après avoir travaillé pour ce petit magazine, je voulais essayer encore un truc, essayer encore une fois de faire autre chose qui a un rapport avec le jeu vidéo, mais surtout que je le fasse moi-même. À la base je voulais ouvrir un blog, et en fait je me suis inspiré d’une série anglophone, Zero Punctuation, que tu connais peut-être. C’est un peu animé, en stop-motion, avec une voix qui parle vite et c’est assez satirique… Bah j’ai eu cette idée d’essayer de faire ça pendant la GamesCom 2012, qui était d’ailleurs le dernier truc que j’allais couvrir pour le magazine Start2Play. Et donc en rentrant je me suis dit : « il faut que j’essaie de faire ça, y a ce truc qui s’appelle YouTube où apparemment les gens ont du succès et, du coup, peut-être que je pourrais essayer de me faire une petite place, quoi ». Et c’est comme ça que c’est parti. Pendant le mois de septembre, j’ai fait des essais et le pilote, que j’avais d’ailleurs mis en ligne et qui était d’une qualité catastrophique ; je l’avais envoyé à tout le monde que je connaissais pour avoir des retours. Puis, je me suis lancé en octobre 2012.


Le pilote des chroniques

Tu t’es inspiré de Zero Punctuation, mais qu’est-ce qui vous différencie ? Qu’est-ce que tu fais différemment de lui ?

Il m’a appris ma façon de traiter le jeu vidéo : il en parle de façon totalement subjective et personnelle. C’est le reflet de ce qu’il pense lui, personnellement, par rapport à son expérience de jeu. C’est par lui en fait que j’ai appris ce qu’était vraiment une critique de jeu vidéo. Ce qui me différencie alors principalement de lui, c’est que je ne suis pas lui. Mes avis sur les jeux vidéo vont être basés sur des choses complètement différentes, sur des ressentis différents, etc. Pour moi, il y a d’autres choses qui sont importantes que pour lui. Donc pour moi c’est ça, les différences entre lui et moi, outre le fond bleu et la gueule des personnages. Un autre élément, aussi, c’est que lui fait une vidéo toutes les semaines et moi j’en fais une toutes les deux semaines et ça me permet de bosser un petit peu plus le design des petits personnages que j’utilise pour illustrer mes propos. Du coup j’ai un style qui est un petit peu plus coloré, un peu plus détaillé. Lui, il reste vraiment dans le noir/blanc sur un fond jaune.


La série qui a inspiré les chroniques

Dans la deuxième partie de l’interview, Mathieu nous parlera du métier de youtuber, de son planning, de son écriture, de tout ce qu’il faut savoir sur sa carrière sur YouTube ! Alors ne la manquez pas !

Ante

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