Nous voilà partis pour un périple au-delà du Röstigraben, nous menant sur les bords de la Limmat en quête de jeux vidéo et de conférences plus riches les unes que les autres. Pour sa cinquième édition, le festival Ludicious a tenu ses promesses, offrant des conférences destinées aux professionnels du jeu vidéo variées et pédagogiques. Problèmes de genre, intelligence artificielle, représentation historique font partie des nombreux sujets abordés pendant ce weekend. Voici donc quelques un de mes highlights.
Le stream interactif (punitif?)
Jeudi, après un passage au resto vietnamien du coin, nous voilà revigorés et prêts à écouter Christopher Cataldi. Il officiait chez Shinra Technologies, entreprise qui appartenait à Square Enix, sous le regard de Yoichi Wada, ancien directeur de la firme mère. Après avoir quitté Shinra, il crée Genvid, start-up qui propose des expériences interactives pour diversifier les livestreams. C’est une manière de donner au spectateur la possibilité de participer à l’action ou, dans une moindre mesure, de choisir sa façon de regarder un stream. Il y a, selon Cataldi, trois types de streams interactifs :
- Le spectateur est maître de son hub : grâce à cette fonctionnalité, chaque viewer peut choisir de personnaliser l’interface de son stream. Il peut, lors d’un stream de jeu de combat par exemple, faire apparaître la hitbox des personnages ou encore les combos effectués par les joueurs afin d’aborder le jeu d’une manière plus pédagogique. Ainsi, un spectateur peut se contenter de regarder le combat sans information supplémentaire alors qu’un autre peut étudier scrupuleusement chaque mouvement effectué sans que cela ne perturbe l’expérience visuelle de quiconque.
- La multiplication des angles de vue : avec cet outil, le viewer contrôle la caméra, peut choisir quel personnage il souhaite suivre ou s’il souhaite opter pour une vue qui surplombe la map. Avec la popularité actuelle des modes Battle Royale, il ne fait aucun doute que cette option trouve une légitimité. Le spectateur devient donc omniscient, peut savoir où chaque joueur se trouve et ce qu’il fait ou bien préférer observer son streamer préférer tenter à tout prix de faire un top 1.
- L’action impactant le stream : le déroulement du stream est impacté et perturbé par les spectateurs. Ils peuvent décider de tuer instantanément un joueur ou encore de lui afficher son soutien, le hub affichant ainsi au cours de la partie le joueur favori des spectateurs.
Si le stream interactif est tentant pour le côté pédagogique ou social qu’il peut apporter, des dérives sont malheureusement à prévoir. Il est tout-à-fait pensable que le joueur cumulant le plus de supporters se voit attribuer un bonus affectant la partie, ce qui risquerait de devenir assez injuste pour les différents streamers. Imaginez la tournure que peut prendre une partie de Fortnite avec son représentant le plus populaire sur Twitch, Ninja, et qu’il obtienne des bonus pour avoir cumulé le plus de soutien des spectateurs…
Cependant, les temps changent et actuellement, information répétée maintes fois lors du salon, les gens passent plus de temps à regarder streams ou autres vidéos de jeux vidéo qu’ils n’en passent à jouer. Le marché est donc vaste, le public cible également, le stream interactif permet donc de proposer une approche plus individuelle et ainsi rendre l’expérience unique pour chaque joueur/spectateur.
Hopp Schweiz!
Maintenant, parlons des jeux mis à la disposition du public. La convention proposait une trentaine de stands où des développeurs indépendants présentaient le fruit de leur labeur qui, pour la plupart, étaient nommés pour des prix remis lors du festival. De nombreux jeux concouraient pour le prix du meilleur jeu suisse dont FAR : Lone Sails, sorti victorieux et raflant également le prix du public. J’avais découvert cette aventure du studio zurichois Okomotive au design dark tout en poésie lors de la Gamescom 2018. On incarne une petite fille qui doit déplacer un véhicule très steampunk et trouver, en résolvant des puzzles, du carburant pour avancer dans un monde post-apocalyptique. Le thème gravite autour de la solitude et du réconfort que l’on peut trouver en toute chose car les deux seuls protagonistes sont bel et bien la fille et la machine. Disponible sur PC, PS4 et Xbox One, faites-vous plaisir !
Enfin, un OVNI zurichois également, rigolo et assez jouissif, Kids, expérience artistique où l’on doit simplement cliquer sur de petits bonhommes blancs pour faire avancer l’histoire. Avec ses petits dialogues marrants , Kids dégage un côté hyper satisfaisant faisant ressortir le control freak psychopathe qui sommeille en chacun de nous car il s’agit là de diriger les personnages dans des situations parfois cocasses. Disons juste qu’ils ne sont jamais loin d’un précipice dans lequel vous pourriez décider de les pousser…
Bilan de ce festival ? Une très bonne et enrichissante expérience qui montre l’engouement de la Suisse pour l’industrie du jeu vidéo en faisant se rencontrer aspirants développeurs, indépendants ou grandes figures des studios notamment, le tout dans une ambiance chaleureuse des plus accueillantes. Bref, je vous recommande l’expérience à 100% !