Loop Hero, un nouveau rogue-lite novateur

Premier né du studio russe Four QuartersLoop Hero est un rogue-lite misant sur la répétition de combats dans un monde perdu. Une liche maléfique y a en effet annihilé toute réalité existante. Le temps, l’espace, la vie, plus rien n’existe. Aux confins de cet univers disparu, une résistance se prépare. En ferez-vous partie ?

Développeur : Four Quarters
Distributeur : Devolver Digital
Date de sortie : 4 mars 2021
Platreformes : PC, Mac OS, Linux
Genres : Rogue-lite, RPG, Deck-building

L’histoire sans fin

Le néant a englouti le monde de Loop Hero. Commandée par une liche aux intentions alors inconnues, cette disparition de la réalité n’est pas infaillible. Çà et là, des soubresauts de vie s’éveillent à nouveau, avant de se rendormir aussitôt. Un jour, ou peut-être une nuit, c’est à notre tour de se réveiller.

Un feu de camp à côté de nous éclaire non loin un chemin visiblement abandonné. Sortant de la lumière et entrant dans l’obscurité du vide, notre aventure commence. Des ennemis se dressent sur notre chemin, et nous laissent du matériel une fois vaincus. C’est curieux, nous avons à présent le pouvoir de redonner en partie sa vie à cette terre perdue dans les méandres de l’espace-temps. Mais toutes ces formes de vie nous sont hostiles, et ont finalement raison de nous…

Même s’il n’y a aucune chance de tout ramener à la vie, on se doit d’essayer.

… sauf qu’en fait, pas vraiment. On se réveille avec surprise aux milieux d’autres survivant.e.s. Le pouvoir de revenir en ces lieux nous est apparemment unique, et on se donne pour mission de ramener du matériel pour aider nos semblables. Peu à peu, une issue semble possible ; imaginez ! Le retour d’un monde dans lequel on peut vivre. À nous de saisir cette chance pour tenter de s’en sortir. Le futur (du) monde est entre nos mains.

Portée par des dialogues bien écrits et souvent amusants, l’histoire de Loop Hero est à quelques écarts près très classique pour de la fantasy médiévale. Squelettes, liches, vampires, tout est là pour ne pas nous dépayser le moins du monde, d’autant que la nature répétitive du jeu n’est pas particulièrement mise en avant dans le récit. Elle reste tout de même intéressante à suivre et encadre correctement la progression, malheureusement sans briller malgré son univers sombre et riche.

La liche ne se laissera évidemment pas faire.

Dure vie dans le néant

Le jeu est un rogue-lite qui voit les joueur.euse.s progresser dans un monde généré aléatoirement. Chaque niveau prend la forme d’un chemin qui forme une boucle dont la forme varie à chaque partie. Au départ, dépourvu de quoi que ce soit d’autre, on pourra, à l’aide d’un système de deck-building, ajouter des cases sur et autour de notre parcours. Chaque « jour », une unité de temps qui nous est indiquée dans l’interface, des monstres apparaissent, et les vaincre permet d’obtenir des cartes et de l’équipement.

En début de run, il n’y a rien, à part un chemin qui se dresse devant nous.

Les cartes offrent la possibilité soit de créer un terrain qui nous donne de la vie, soit d’ajouter des obstacles sur notre chemin. La deuxième option amène des créatures plus difficiles à combattre, mais qui laissent un meilleur équipement en mourant. À nous donc de doser la difficulté de nos runs, même s’il est nécessaire d’avoir un bon loot, puisque les monstres deviennent de plus en plus agressifs et durs à battre.

À mesure que l’on joue des cartes pour redonner un peu de vie à notre terrain de jeu, une jauge se remplit. Quand elle est pleine, un boss apparaît sur le feu de camp qui marque notre point de départ. Si on le vainc, on passe au niveau suivant et l’histoire progresse. Sinon, on garde 30% des matériaux que l’on a récupéré et on recommence. Répétez cela une bonne cinquantaine de fois, et vous avez l’expérience que propose Loop Hero. Il y a à côté un système de classes et quelques subtilités en plus, mais le gros du jeu est là.

Plus on avance, plus le terrain se modifie.

Une deuxième phase de jeu, dans le camp de survivant.e.s, consiste en de la gestion sommaire de bâtiment. Chaque expédition nous ramène des matériaux qui sont utilisés ici pour construire des bâtiments. Ces derniers nous offrent quelques bonus lors de nos parties.

Again and again and again and again

Le gameplay tourne autour du principe de répétition propre au rogue-lite, et pousse le concept plus loin. Ici, en plus de répéter les expéditions, ce qui permet de progresser peu à peu, les parties sont elles-mêmes répétitives. En effet, on se déplace le long de ces routes qui forment une boucle, faisant cinq, dix fois le tour avant d’affronter le boss du niveau.

En soi, l’idée a de quoi plaire, mais elle est selon moi plombée par le fait que le jeu se joue tout seul. C’est le cas pour les déplacements le long des chemins qui composent un niveau, mais aussi pour les combats. La seule influence que l’on peut avoir réside dans la gestion de l’équipement et des cartes que l’on obtient à mesure que l’on joue. Cela a pour effet de rendre le jeu passablement ennuyeux, puisqu’on ne joue pas vraiment. Du moins, pas entièrement.

Les combats sont gérés automatiquement, et sont seulement interrompus quand on lit des informations.

C’est amusant, parce que j’avais à l’époque codé un jeu au concept similaire de combats gérés automatiquement dans le cadre d’un cours d’informatique à l’Université de Lausanne. Rajoutez-y des graphismes et des déplacements, et vous avez Loop Hero.

Pixel art sombre

En parlant de graphismes, il est indéniable que la direction artistique de chez Four Quarters s’est saigné aux quatre veines pour proposer un jeu au rendu magnifique. Détaillé, dynamique, le pixel art qui compose la patte graphique du studio est impressionnant. Il renvoie d’ailleurs aux premiers jeux de rôles dans des univers fantasy, un clin d’œil léché au possible qui fait plaisir. Mention spéciale également pour les dialogues, agrémentés des visages des personnages, qui sont très expressifs et tout bonnement superbes.

Il suffit de voir le logo du jeu pour se rendre compte de sa beauté.

Aleksandr Goreslavets et boucles musicales

La musique est aussi un point fort du jeu. Elle propose des thèmes qui se jouent en boucle à l’atmosphère sombre et grave. En chiptune, ces morceaux sont riches en détails et « instruments » qui jouent à plusieurs voix. Les sons donnent parfois l’impression de saturer, ce qui donne une texture de salissure à l’ensemble de la bande-son, qui lie l’univers narratif et visuel au musical : on est véritablement face à une bande-son d’un monde disparu.

Quand il le faut, Aleksandr sait donner de l’énergie à ses compositions, et il varie le rythme, les voix présentes et les mélodies pour donner des musiques riches en sonorités et progressions. Il pense également à créer un ensemble cohésif, avec des sons similaires pour chaque « instrument », mais également en restant dans les mêmes accords et tonalités, de sorte à ce que chaque piste se complète, se réponde et fasse partie d’un tout. Une performance à saluer.


Les différents moments que propose Cosmic Temperance laissent sans voix pour une musique 8-bit.

Des rogue-lites, toujours des rogue-lites

Bien qu’Hades, un rogue-lite, ait été mon jeu de l’année 2020Loop Hero ne m’a pas autant passionné. Bien qu’il profite d’une direction artistique des plus honorables, il lui manque à mon avis le côté addictif qui vient avec le sentiment progression qu’on a dans les autres jeux du genre. Ici, puisqu’on ne peut interagir lors des combats, le tout est laissé à la RNG, qui peut s’avérer frustrante. Dès lors, on n’a pas l’impression de devenir meilleur et de se perfectionner qui fait le sel d’un Rogue Legacy ou d’Hades.

Tout n’est évidemment pas à jeter, et je le recommande à quiconque cherche une expérience novatrice dans un genre en saturation. De plus, ses graphismes sublimes et sa bande-son riche et dynamique en font une petite œuvre d’art qu’on prend plaisir à regarder et écouter. Enfin, avec son succès auprès des joueur.euse.s, on ne peut qu’attendre ce que le studio prépare pour la suite.

Pour Contre
+ Un univers intriguant Le jeu se joue à notre place
+ Un pixel art de dingue Dépendre de la RNG est frustrant
+ Une bande-son virtuose Histoire sans grand intérêt
+ Des idées originales

Ante

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